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Victor Desarzens, les 20 ans de l'Orchestre de Chambre de Lausanne

Victor Desarzens, les 20 ans de l'Orchestre de Chambre de Lausanne

1 janvier 1962
Isabelle Desarzens, photographe copyright
Martine Desarzens

Dans la plaquette des 20 ans de l'Orchestre de Chambre de Lausanne en 1962, Victor Desarzens écrivait :

« Un très modeste, mais à mes yeux important souvenir d'enfance n'a cessé pendant ces années de lutte, de nourrir mon esprit et m'a aidé à trouver les forces pour vaincre. Le souvenir d'un livre qui fit la joie de mon enfance, la « Chronique » de Diebold Schilling, dans lequel je contemplais avec émerveillement ceci : sur un cadre vermillon peint autour de la bataille d'Arbedo, deux petits instruments de musique semblant tout prêt à chanter, que la fantaisie du peintre avait comme abandonnés là, en marge d'un indescriptible tumulte de soldats bardés de fer. Enfant j'admirais sans comprendre la grâce de ces modestes instruments perdus dans ce cadre vermillon. Devenu homme, je voulais que ces instruments résonnent malgré la guerre qui partout opposait l'homme à l'homme, et que leur chant clame la primauté du spirituel sur le temporel. Je songeais à ce que serait la vie d'une cité contrainte par la guerre de dissoudre son orchestre. Certes la musique continuerait d'être ; mais tels ces deux petits instruments évoqués plus haut, elle ne serait plus que la moitié d'un symbole en attendant l'autre pour vivre. Je songeais qu'au contraire de la peinture et de la poésie qui trouvent, en quelque sorte, en chaque être qui aborde un poème ou une toile son propre interprète-ce que traduit le « Livre des Proverbes » lorsqu'il dit que chacun boit l'eau de son puits - la musique, sauf pour un nombre relativement restreint d'initiés capable de « lire » la musique, à besoin de retentir pour être « entendu » et vivre.

Aujourd'hui, à Lausanne, en Pays de Vaud, l'autre moitié de ce symbole vit par la présence d'un orchestre et d'un public. »

Photo de mon père travaillant dans son studio de musique, prise par ma soeur Isabelle Desarzens, photographe.

Voir**:http://www.notrehistoire.ch/photo/view/33552/?msg=photoUpdateSuccess** et :http://www.notrehistoire.ch/photo/view/33554/?msg=photoUpdateSuccess

Diebold Shilling: http://fr.wikipedia.org/wiki/Chronique_illustr%C3%A9ehttp

et ://fr.wikipedia.org/wiki/Diebold_Schilling_le_Jeune

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  • Pierre-Marie Epiney

    Merveilleux témoignage: "Devenu homme, je voulais que ces instruments résonnent malgré la guerre qui partout opposait l’homme à l’homme, et que leur chant clame la primauté du spirituel sur le temporel." Que les faucons se taisent pour laisser entendre le chant des colombes! Merci à vous Martine d'avoir choisi les belles paroles de votre père qu'on devrait dire et redire dans ces temps où, en trop de lieux, l'homme est à nouveau un loup pour l'homme.

  • Martine Desarzens

    Merci pour ce commentaire qui me touche beaucoup.