Raoul Couty (1865-1912): un destin aventureux
Raoul Couty (1865-1912): un destin aventureux
Le 8 février 1909, mon grand-père Paul Delacoste épousait à Passo Fundo (Rio Grande do Sul) au Brésil, Yvonne Couty, dont le père, Raoul, venait de Haute-Vienne et la mère, Angèle, née Driau, de Vendée. Ma mère, Germaine de Weck-Delacoste, ignorait tout de sa famille maternelle. Une longue recherche devait me révéler l'histoire aventureuse des uns et des autres.
Commençons par mon arrière-grand-père: Raoul Couty est né à Mézières-sur-Issoire (87), le 4 janvier 1865, quatrième d'une famille de neuf enfants. Son père Jacques Couty était menuisier; nous savons peu de choses de sa mère, Marie Saleix, dont la mère et la grand-mère étaient filles mères, originaires de la même région.
Raoul Couty était aussi petit-fils de menuisier. Ses ancêtres avaient vécu à Thouron (87), à 24 km de Limoges, au XVIIIe siècle, qui serrurier, qui cabaretier ou tisserand.
Très jeune, mon arrière grand-père quitte Mézières pour Paris, où il trouve du travail comme employé des Postes. Il habite rue Bonaparte 24, pas loin de Saint-Germain.
En juillet 1884, il a 19 ans, il détourne des sommes d'argent qui lui sont confiées dans l'exercice de ses fonctions. Il prend la fuite et se rend en train à Bruxelles. Arrêté par la police belge dans un lieu de plaisir de la rue Saint-Laurent, il sera renvoyé en France. Jugé à Paris, il sera condamné par la Cour d'Assises du Département de la Seine à deux ans de prison, qu'il effectuera à Fontevraud, dans les bâtiments de l'ancienne abbaye bénédictine, devenue maison d'arrêt sous Napoléon, et à Angers. Une grâce présidentielle lui rend la liberté le 13 juillet 1886.
Ayant quitté la France, on le retrouve dans le nord de l'Argentine, où il se lance dans le commerce du thé maté. Entre 1888 et 1890, il rencontre sa future compagne, Angèle Driau, fille d'un instituteur vendéen. Elle y avait rejoint son frère, Ernest, qui avait lui aussi émigré, au Paraguay, puis en Argentine. Raoul et Angèle auront quatre filles, dont ma grand-mère, toutes nées entre Corrientes et Posadas, dans le Territoire des Missions.
En 1902, Raoul Couty s'installe à Passo Fundo, au sud du Brésil. Angèle et ses filles s'en vont pour un temps en France, à Fontenay-le-Comte (Vendée), où Mme Aimée Driau (née Madeleine Guignard), la mère d'Angèle, vit ses dernières années. Les Couty d'Amérique se font les bienfaiteurs de leur vieille mère, qui meurt en 1904, dans une maison de cette ville, dont Mme Couty était propriétaire.
Mère et filles vont rentrer au Brésil. Elles s'embarqueront à Bordeaux. Un cliché des quatre soeurs, du photographe A. Gary, immortalise le moment.
Vers 1907, mon grand-père Paul Delacoste, originaire de Monthey (Valais) en Suisse, s'établit à Passo Fundo: en tant qu'ingénieur, il a trouvé du travail sur les chantiers de la nouvelle ligne Sud-Nord des Chemins de fer brésiliens. Un autre Suisse l'accompagne, un jeune ingénieur neuchâtelois, Charles Meylan. Les deux amis tombent amoureux de deux filles de Raoul Couty: Paul d'Yvonne et Charles de Marguerite, qu'ils épouseront, respectivement à Passo Fundo, en 1909 et à Rio Negro, en 1912. Avant le mariage de leur fille aînée, le couple Couty-Driau régularise sa situation: Raoul et Angèle se marient le 12 décembre 1908: les quatre filles sont ainsi légitimées, sans quoi leur statut d'enfants naturels aurait figuré sur leurs actes de mariage, ce qui n'aurait pas été du goût des Delacoste de Monthey!
C'est alors que se termine la vie de Raoul Couty: il meurt accidentellement à 47 ans à Passo Fundo au cours d'une partie de chasse, le 6 mai 1912. Mes cousins brésiliens m'ont appris qu'un de ses amis avait tiré accidentellement sur lui, s'en confessant bien plus tard sur son lit de mort.
Sa descendance vit en Suisse et au Brésil. LdW
tres bel homme tres pittoresque épopéé
http://pt.wikipedia.org/wiki/Virgilio_Calegari
Quelle prestance et quelle moustache ! il a juste oublié son second bouton....
Le 2ème bouton ouvert, c'était pour prendre la montre gousset, tout simplement
C'est vrai, Adeline: une petite touche "casual"! J'aime ce portrait, dont j'ai découvert que le photographe était fort connu au Brésil...
la l histoire est complète et tellement romanesque que nous pouvons que l 'aimer
C'est une histoire de vie, forte, de français qui s'expatriaient, sans argent, sans connaître l'espagnol, vers le far-south argentin, des poitevins, des vendéens faut dire ! peur de rien, même pas du bleu ; dans cette pampa, Raoul se rachètera, trouvera le bonheur, et 4 filles. Il était fils de menuisier, et alors, Jésus-Christ aussi. L'échelle sociale fonctionne et 2 ingénieurs convoleront avec Yvonne et Marguerite. Mais le Destin qui n'a pas été chiche avec Raoul, le rattrape, au détour d'un bosquet. Mort jeune, il entre dans la Légende.
Merci, chère Chantal, de ce commentaire fort et bienveillant.