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Un chasseur roublard

© Jean-Claude Pont
Michel Savioz

UN CHASSEUR ROUBLARD

par Rémy Theytaz, d'Ayer

Je vous raconte l'histoire de Benoît du bout du village et du renard.
Un soir, après Noël, Benoît du bout du village décida d'aller se mettre nuitamment à l'affût du renard. Il prit ses affaires : de la viande comme appât, de la poudre et de la grenaille et il descendit au Courmey entre Ayer et Mission, où se trouvait une étable bien placée avec le trou déjà fait pour veiller et tirer. Il se posa convenablement et attendit.

Peu de temps après, le renard était déjà là. Benoît tira, mais trop pressé pour bien viser, manqua le coup. Il alla voir, mais le renard était parti. Le chasseur rêva un instant et, comme il n'était pas si tard dans la nuit, il se dit qu'il pourrait peut-être venir un second renard. Il se mit à recharger le fusil, introduisit la poudre, mais eut beau fouiller toutes les poches, plus de grenailles. Alors, il lui vint à l'idée qu'il y avait un grand cerisier au-dessus de l'écurie et qu'il pourrait peut-être remplacer les grenailles par des noyaux de cerises.

Il s'en alla ensuite fouiller par terre en bas des têtes de madriers, sous l'avant-toit et il parvint à ramasser une bonne poignée de noyaux pour finir de charger son fusil avant de se remettre en place. Pendant un bon bout de temps plus une bête; mais un peu après minuit, il vit s'approcher quelque chose. C'était un autre renard. Cette fois, il attendit que le renard fût bien posé ; il se laissa le temps pour viser. Quand il eut tiré, il était sûr d'avoir touché.

Pourtant, quand la fumée se fut dissipée, pas plus de renard que la première fois. Il n'était pas tout à fait désespéré, mais presque, de s'en retourner à la maison à vide. Et pour cet hiver, il laissa les renards tranquilles. L'année suivante, il recommença et il tira un bon nombre de renards. D'un de ceux-là, pourtant, il ne put vendre la peau. Elle était toute pleine de petits cerisiers, sur la nuque, sur les reins et les côtes et Benoît fut obligé de reconnaître que c'était celui qu'il avait tiré l'année précédente avec les noyaux de cerises.

Patois d'Anniviers et d'ailleurs
Avec l'aimable autorisation de © Jean-Claude Pont.

Photo: Adolphe Epiney, sans rapport avec l'histoire © Collection Michel Savioz

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