Alexandre Scriabine

Alexandre Scriabine

21 juillet 2013
A.M. Martin
Anne-Marie Martin-Zürcher


Cette plaque se trouve dans le quartier d'Ouchy, au No 14 de l'Av. F.-C. de-la-Harpe.

"Alexandre Nikolaïevitch Scriabine, né le 6 janvier 1872 d'un père diplomate et d'une mère pianiste, est certainement l'une des figures les plus originales de la musique russe du xxe siècle. À ses débuts, il appartient avec Sergueï Mikhaïlovitch Liapounov, Vladimir Ivanovitch Rebikov et Serge Rachmaninov au cénacle moscovite, de tendance cosmopolite, ayant subi l'influence de Chopin, de Liszt, de Wagner et, dans une moindre mesure, de Debussy. Mais, depuis la création de Prométhée ou Le Poème du feu en 1911 à Moscou, Scriabine est considéré en Russie comme le chef de file incontestable du courant moderniste, prenant en charge en même temps que Schönberg, mais pour des raisons différentes, la réorganisation de l'univers sonore.

Dès son âge le plus tendre, Scriabine manifesta des dons exceptionnels en improvisant des fantaisies au piano ou en imaginant de petites pièces de théâtre. De 1882 à 1888, il fut un élève modèle de l'École militaire de Moscou, tout en préparant sous la direction de G. Conyous, de N. Zvérev et de S. Tanéiev son entrée au conservatoire de Moscou en 1888 où il continua ses études chez Vassili Safonov, Sergueï Tanéiev et Anton Stepanovitch Arenski, en même temps que Serge Rachmaninov. En 1892, muni d'une petite médaille de piano mais sans avoir obtenu la moindre récompense en composition, il quitta le conservatoire pour partager désormais son existence entre son activité de compositeur et sa carrière de virtuose itinérant. Ses premières tournées, pendant lesquelles il n'exécutait que sa propre musique, l'amenèrent en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique et finalement à Paris où il devint en 1896 membre de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (S.A.C.E.M.). En 1898, il fut nommé professeur de piano au conservatoire de Moscou, poste qu'il conserva jusqu'en 1902.

Les œuvres (op. 1 à 29), composées pendant cette première période de sa vie, peuvent être considérées comme un fervent hommage au génie de Chopin. Le romantisme et l'affectivité de Scriabine s'y expriment à travers une harmonie tonale, mais souvent chromatisée, et une architecture formelle simple, inspirée des modèles épuisés de la musique de salon toujours en vogue en Russie à l'aube du xxe siècle. Les compositions les plus importantes de cette phase sont sans doute les Études, op. 8, les trois premières Sonates (op. 6, 19 et 23), les Préludes, op. 11, 15 et 16, son Concerto pour piano, ses deux symphonies op. 26 et op. 29, marquées plutôt par l'influence wagnérienne, ainsi qu'une série de mazurkas, impromptus et nocturnes. Ces œuvres furent éditées par le mécène Mitrofan Bélaiev qui avait fondé sa propre maison d'édition pour faire connaître la musique russe de son temps. Vers 1900, Scriabine avait adhéré à la Société de philosophie de Moscou, dirigée par Serguei Troubetzkoi, et il se plongera désormais dans l'étude d'ouvrages philosophiques.

L'année 1903 avait été très fertile en créations. Scriabine avait écrit environ trente-cinq pièces pour le piano, dont la magnifique Quatrième Sonate, op. 40, le Poème tragique, le Poème satanique, les Études, op. 42, et surtout une grande partie de la Troisième Symphonie, le Poème divin tout imprégné de fichtéisme. Dans cette œuvre grandiose, il s'efforce d'atteindre une sorte de dimension cosmique en dépassant le plan des émotions personnelles. En 1904, Scriabine quitta la Russie pour séjourner plusieurs années à l'étranger, d'abord à Vézenaz en Suisse, puis à Paris (en 1905), à Bogliasco en Italie (1905-1906), aux États-Unis (1906). Après avoir pris part en 1907 aux Concerts russes, organisés à Paris par Diaghilev, il s'installa à Lausanne et à Beatenberg en 1907 pour y terminer le Poème de l'Extase et y écrire sa magnifique Cinquième Sonate, op. 53.

La création du Poème divin à Paris, le 20 mai 1905, au théâtre du Châtelet par les Concerts Colonne fut très mal accueillie. Malgré cela, Gabriel Pierné, alors chargé du journal L'Illustration, publia le 1er juillet 1905 le Poème languide, op. 52, que Scriabine avait spécialement écrit pour les lecteurs français. Pendant longtemps, ce devait être la dernière publication d'une œuvre de Scriabine, car après la mort de Bélaiev il s'était brouillé avec les nouveaux administrateurs de la maison d'édition et, pendant quatre ans, il ne trouva personne qui acceptât de l'éditer. De ce fait, il vécut pendant plusieurs années dans des conditions matérielles très difficiles, notamment à Bogliasco où il avait loué une petite maison pour y composer le Poème de l'Extase, intitulé d'abord Poème orgiaque."

Texte tiré de: http://www.universalis.fr/encyclopedie/alexandre-nikolaievitch-scriabine/

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