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Les années très productives mais difficiles

Les années très productives mais difficiles

En 1938 Victor Desarzens, est très actif, il est encore premier violon à l'OSR, il donne des concerts avec son frère Georges "Les frères Desarzens", c'est l'année de la création du Quatuor Romand avec Georges, l'altiste Dora Benda et le violoncelliste Paul Burger.

La vie financière est très difficile pour Victor Desarzens, l'argent manque, il est très affaibli par une alimentation insuffisante. Il travaille comme un fou, il cumule les "petits jobs"; cinéma muets, thés dansants, cours de violons, récitals des "Frères Desarzens",

Mon père nous a raconté que les fracs de son frère Georges et le sien, le tissus était tellement usé qu'il brillait et tournait au gris! Les directeurs du Beau-Rivage Palace et de la Brasserie du Grand-Chêne ont décidés de ne plus éclairer les jeunes violonistes virtuoses tant l'usure des costumes apparaissaient sous les projecteurs de l'époque!

Pour ménager leurs chaussures noires de concert les frères ne les mettaient que pour le concert et ne marchaient jamais en ville avec ces chaussures aux pieds, craignant de les user, ils collaient des fausses semelles car leurs chaussures prenaient l'eau!

Voir aussi ;

http://www.notrehistoire.ch/group/signes-exterieurs-de-pauvrete/photo/37427/Mon père nous a raconté qu'un jour il a décidé d'aller "mendier" sur les hauts de Lausanne chez un riche lausannois connu comme mécène; après avoir donné un concert de violon pour la famille il a été invité à manger à la cuisine avec les domestiques, mais est reparti heureux avec dans un grand sac deux fracs, des bas noirs (c'est ce qui se portait à l'époque), des chaussures etc..... que le mécène ne portait plus !

Puis brusquement il est cloué de douleur et subit une ablation d'une partie de l'estomac. Après avoir connu de grands problèmes de santé, Victor Desarzens après une longue convalescence et encore très affaibli, il reprend ses activités de musicien.

Juste a cette époque le diagnostique du docteur Rémy Coquoz, député de St. Maurice et ami de Victor Desarzens tombe; Victor Desarzens souffre de la tuberculose, mon père va faire un long séjours à Montana à l'hôtel d'Angleterre. La famille Weiner Reinhart de Winterthur, célèbres mécène, a soutenu financièrement ma mère qui n'avait plus de revenu durant cette longue maladie et convalescence.Je me souviens que nous recevions des colis remplis de fruit séchés, d'habits de pains d'épices etc....C'est à cette époque que ma mère a reçu des Reinhart une moto l"ambrera", pour rendre visite à notre père, du coup elle a passé son permis de moto !

Voir aussi ;http://www.notrehistoire.ch/photo/view/37468/?msg=photoUpdateSuccess
Il se sent irrésistiblement attiré par la direction d'orcheste. Formé sur le tas et à la liberté par Porta.

Edouard Moser, chef des émissions musicales va trouver Marcel Besançon directeur de Radio-Lausanne pour lui proposer la création d'un "Orchestre de Chambre de Radio-Lausanne". Besançon s'inquiète; le chef ? "Nous en avons un excellent sous la main; il s'appelle Victor Desarzens."....

Voir aussi même époque ;http://www.notrehistoire.ch/group/victor-desarzens/photo/41882/

L'Europe est en guerre, on est pauvre et on se serre les coudes......

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  • Pierre-Marie Epiney

    "Les directeurs du Beau-Rivage Palace et de la Brasserie du Grand-Chêne ont décidé de ne plus éclairer les jeunes violonistes virtuoses tant l'usure des costumes apparaissait sous les projecteurs de l'époque! " A travers cette remarque, on réalise vraiment la "misère" de l'époque et la gêne qui devait en résulter, particulièrement pour des personnes sous l'éclat des projecteurs comme était votre père. Merci du partage.

  • Martine Desarzens

    Comme vous avez raison. Enfants nous ne nous rendions absolument pas compte de cette "misère"....Je crois que le fait de vivre dans une famille d'artistes entouré d'autres familles d'artistes militants, humains et cultivés nous a tellement enrichi et nourris ! Nous étions des enfants heureux. Pour les adultes cela aura été une autre histoire....chez nous la débrouillardise et la solidarité ne s'arrêtaient pas juste aux mots.

  • Renata Roveretto

    ..(...on réalise la misère de l'époque,...) oui ! Ce que je réalise surtout, c'est que des gens à la tête d'un palace ne sont pas foutus de trouver un costume pour un homme, apportent pourtant un grand plus pour leurs gains ! Mais évidemment comme c'est le cas encore à présent, il ne veulent guère prendre de risque, que leurs esclaves puissent s'échapper trop vite...triste. Ils oublient qu'il peut aussi y avoir de la reconnaissance au bout...., que cela soit envers eux ou envers d'autres semblables.