Repérage
Radio Lausanne à la Sallaz, notre deuxième maison...

Radio Lausanne à la Sallaz, notre deuxième maison...

De Jong photographe Lausanne, DR, autorisé aimablement par Truus de Jong photographe. Av. de Tissot 17 1006 Lausanne.
Martine Desarzens

La maison de la Radio-Lausanne à la Sallaz, comme l'ancien théâtre municipal, ont été nos deuxièmes maisons. L'intérieur de Radio-Lausanne était magnifique.

Le bâtiment de la Radio érigé en 1934 par l'architecte Charles Brugger , a été inauguré en 1935.

Enfants, nous connaissions tous les recoins de ces maisons ; les studios, les loges, les couloirs et les bureaux ; nous avions le droit d'aller partout. Tous les adultes nous connaissaient et ils nous parlaient.

Lorsque nous n'avions pas l'école, mon père nous emmenait aux répétitions à la Radio. Nous nous asseyons dans le studio de répétition, devenu le Studio Victor Desarzens en 1975 et nous écoutions les répétitions.

Nous aimions beaucoup la musique et les musiciens.

Dans ce studio, l'OCL donnait également des concerts publics

Il y avait cet immense hall d'accueil avec des fauteuils confortables, immédiatement en entrant sur la droite nous aimions tellement une fresque du peintre Rodolphe Théophile Bossard qui occupait tout un mur, quelle beauté. Il y avait Monsieur Roviraz, trompette à l'OCL et régisseur, il nous emmenait dans son bureau, nous jouait de la trompette, puis il faisait un petit signe à notre père et nous emmenait au tea-room de la Sallaz pour boire un chocolat chaud. Enfants nous adorions littéralement Monsieur Rovira, avec son accent, sa voix basse et surtout sa gentillesse.

  • Monsieur Rovira, sur la photo de face qui fume, dans les coulisses du Théâtre Municipal lors d'un concert de l'OCL en 1957 .

Radio-Lausanne était une ruche; nous croisions Roger Nordmann, Jack Rollan, le célèbre musicologue Benjamin Romieux, Isabelle Villars si belle, Suzanne Perrsusset si drôle et cultivée, Michel Dénériaz, Emile Gardaz et Henri Jaton……

Il y avait Monsieur Julien-François Zbinden, musicien, compositeur avec sa pipe, les techniciens, les musiciens représentaient pour nous enfants une grande famille.

Nous nous promenions tout doucement dans les étages, près des studios d'enregistrements vitrés, nous observions silencieusement et surtout nous connaissions la consigne de « la lumière rouge allumée » au-dessus de la porte, ce qui voulait dire; Interdit d'entrer, enregistrement en cours.

Notre père nous avait expliqué que nous ne devions jamais, au grand jamais ouvrir la porte si la lumière rouge était allumée, même en cas d'urgence, que nous devions trouver une autre personne dans la maison de la radio. Les enregistrements étaient des moments de grandes joies à la maison. Souvent le soliste ou le compositeur vivait chez nous, mon père était heureux, il nous parlait de l'enregistrement, de la prise de son, de l'œuvre.

Les enregistrements avec chœur, étaient le comble du bonheur pour nous ; tous ces chanteurs avec leur chef André Charlet, Faller ou Michel Corboz et les solistes ; Eric Tappy, Basia Retchinska, Pierre Fournier, Hugues Cuenod,…

Il y avait des compositeurs comme Frank Martin, Jean Perrin, Olivier Messiaen.

A cette époque et avec certaines œuvres il n'était pas rare de croiser dans le Studio de Radio-Lausanne des amis peintres, écrivains, des étudiants, des familles avec leurs enfants qui venaient écouter les répétitions.

A la saison des morilles, à la pause, mon père allait cueillir des morilles juste derrière la maison de la radio.

La place de la Sallaz était encore campagnarde; il y avait le paysan Eaby, avec son domaine, son char et son cheval, l'hiver nous pouvions luger.

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  • Sylvie Bazzanella

    Les plans du bâtiment sont l'oeuvre de Charles Brugger, architecte à Lausanne. Réf: Radio Lausanne/Fondation romande de radiodiffusion - 1955 (Lausanne : Impr. Vaudoise)

  • Martine Desarzens

    BRAVO et MERCI Sylvie....je ne connais pas cet architecte, je vais me renseigner...

  • Sylvie Bazzanella

    Le fonds Charles Brugger est déposé à l'EPFL.

  • Martine Desarzens
  • Richard Mesot

    Merci beaucoup pour ce témoignage d'une époque révolue.

  • Martine Desarzens

    Merci, chaque fois que je monte à la Radio je suis émue par mes souvenirs dans cette grande maison qui a tant compté dans mon enfance…..

  • Martine Gloor

    Petite je venais y chercher ma maman, j'étais toujours impressionnée par ce bâtiment et ses occupants.

  • Paul-André Florey

    Témoignage fort émouvant. Merci cordial!

    • Martine Desarzens

      Bonjour, Un grand merci pour votre commentaire ! Un temps aujourd'hui disparu, j'ai adoré ma belle enfance ! Cordiales salutations. Martine Desarzens.

  • Michel Rochat

    Sur la photo, discutent au côté de Louis Rovira, Pascal Grisoni, violoniste,président de la section vaudoise de l'USDAM; celui-ci militera pour la réforme des salaires et le statut des musiciens; Marcel Deblue, violoniste, fondateur du Conservatoire de Montreux. Ces trois instrumentistes ont aidé toute leur vie les jeunes musiciens à entrer dans la carrière, ce dont j'ai bénéficié, notamment de la part de Louis Rovira. Michel Rochat

    • Martine Desarzens

      Cher Monsieur, comme votre message me fait plaisir, sachez que j'ai un très grand regret, celui de n'avoir pas pu parler avec mon père combien il était nécessaire que Pascal Grisoni violoniste milite pour la réforme des salaires... il faut dire que Grisoni avait adopté une attitude très agressive avec mon père; à midi pile, il posait son violon et entamait une pomme ou se levait pour sa pause syndicale....enfants, nous avons vu si souvent notre père pleurer de cette attitude..je n'ai plus jamais vu mon père heureux à l'OCL....moi sa fille, aujourd'hui adulte très syndicaliste...j'aimerais pourvoir évoquer ce sujet avec lui...mais c'est trop tard....oui, c'est mon seul regret face à mon père...il n'a pas compris ce passage de SES musiciens des pionniers aux simples musiciens de l'OCL, des employés salariés...lorsque cela c'est passé j'étais enfant....mais ses quatre enfant gardons des souvenirs douloureux des larmes de notre père lors des repas de midi lorsque Pascal Grisoni le provoquait si cruellement...heureusement les enfants de Pascal Grisoni et nous avons gardé notre grande amitié...j'ai toujours dit que naitre dans une famille d'artiste était un bonheur pour la vie...mais aussi des souvenirs de larmes de nos parents ...Bien amicalement. Prenez bien soin de vous. Martine Desarzens.

    • Renata Roveretto

      Bonjour chère madame Martine Desarzens, je viens de lire vos lignes racontant et répondant au commentaire très important de monsieur Michel Rochat, et j'apprend encore une fois des détails de votre vie avec ses passages douloureux, mêlés dans un bouquet de joie immense, le tout vécu en apprentissage de vie tout court avec au final une grande reconnaissance de votre part au bout... à vous entendre avec plaisir, celle que vous exprimer si bien tous les jours....avec mes sentiments les meilleurs, Renata

    • Martine Desarzens

      Chère Madame bonjour, Merci pour vos mots et votre sensibilité, cette enfance m'a laissé des traces et des souvenirs de bonheur et de tristesse.....mais surtout cette capacité à faire des choix de toute sorte, cet héritage m'a guidé car nous sommes en permanence face à des choix, choisir pour le confort, pour avoir la paix, pour recevoir...ou choisir pour faire des découvertes, des rencontres inoubliables, choisir ce qui fait peur car c'est l'inconnu, l'insécurité....mais le voyage de vie....je pense que tous mes choix de vie ont été guidés grâce à mon enfance...très amicalement. Martine

    • Renata Roveretto

      Merci très chère madame Martine Desarzens, touchée par vos mots pleines de sagesse d'une grande douceur à la fois dans la tonalité.....amicalement. Renata