Historique des garderies et haltes-garderies lausannoise entre 1947-1981

1 octobre 1981
Lausanne
Martine Desarzens
Martine Desarzens

Histoire des Garderies et Haltes Garderies lausannoises entre 1947 et 1981

Naissance de l'Association des Centres d'Accueil de l'Enfance, ACAE

(Les citations dans le texte sont en italique)

Introduction

La politique... les politiciens et la petite enfance. Pierre Yves Troutot.[1]

"...(.)Lieu particulier (scène!) où s'affrontent individus, associations d'intérêts, formations partisanes, etc., autour du pouvoir de définition et de gestion des problèmes de société, mais aussi ligne d'action, explicite ou implicite, par rapport à laquelle s'articulent de manière plus ou moins coordonné, un certain nombre de décisions, d'opérations matérielles et de formulations normatives ou réglementaires, la politique est au coeur de la production de nos sociétés.(...) Par politique de la petite enfance, on peut comprendre l'ensemble des mesures et des dispositions prises par les pouvoirs publics et les autres acteurs de la scène politique (définie au sens large) pour aménager les conditions matérielles et institutionnelles de la prise en charge éducative (garde et socialisation) des jeunes enfants non encore scolarisés. Étranger à l'idée même de planification ou programmation, le jeu politique suisse (qu'il concerne la petite enfance ou d'autres secteurs de la vie sociale), se caractérise par le pragmatisme démocratique. Les problèmes sont abordés au jour le jour, le plus souvent sous la pression des circonstances de l'urgence. (...)

En matière de politique sociale, comme dans d'autres domaines, on avance à petits pas, prudemment, laissant souvent à l'initiative privée et aux acteurs du terrain la charge et le soin des premières avancées. ""

Avant-Propos . Peu de personnes se souviennent que la création de l'association des centres d'accueil de l'enfance, ACAE, est due à la rencontre, entre 1975 et 1980, de deux démarches parallèles; le monde politique lausannois et des citoyens de cette ville. D'un côté, parents créateurs de halte-garderie, militants, bénévoles cherchant un appui pour leurs halte-garderie auprès des autorités communales par le biais de pétitions et de lettres. D'un autre côté, des politiciens des trois partis ; parti socialiste, parti ouvrier et parti écologiste ont réuni leurs forces pour faire accepter par le Conseil Communal la motion de Christian Jordan, socialiste, conseiller communal, demandant la création d'une association privée offrant un soutien aux bénévoles qui accueillaient des enfants dans les halte-garderie.

Pour mieux comprendre la situation lausannoise j'ai largement consulté les archives de la ville de Lausanne où sont déposés tous les Bulletins du Conseil Communal de notre cité. Le premier document date de 1947 et concerne une motion de Monsieur Jeanneret, conseiller communal. Dans sa motion M. Jeanneret présente la situation des petits enfants dans les familles à revenus modestes, il invite le conseil communal à accepter que la Municipalité crée une garderie pour les enfants de 6 semaines à 5 ans.

Martine Desarzens

Garderies et halte-garderie lausannoises 1947 - 1981 Chronologie

Motion Jeanneret.

Le 29 janvier 1946, M. Maurice Jeanneret, conseiller communal et consort déposaient sur le bureau du Conseil communal lausannois, une motion demandant à la municipalité d'étudier la situation des petits enfants dans les milieux modestes de la ville de Lausanne et l'éventuelle création de pouponnières, garderies et jardins d'enfants.[2]

Le 5 mars 1946, en Conseil communal, M. Jeanneret développait sa motion. Il rappela que la Suisse avait été épargnée par la guerre, qu'elle traversait une période de haute conjoncture et que l'argent qui circulait pouvait permettre à notre pays de jouer un rôle pilote dans les réalisations sociales. Informant le conseil qu'à Lausanne la population s'accroissait de 1'500 bébés par année, il se lança dans un vibrant plaidoyer en faveur de l'ouverture des crèches.

"A Lausanne à l'exception de trois ou quatre garderies privées, organisées soit par des personnes dont les moyens sont très limités, soit par des institutions religieuses, il n'existe, ville de 100.000 habitants, qu'une pouponnière et une garderie, toutes deux privées, mais recevant des subventions de la commune . Il s'agit de la "pouponnière et l'Abri, et de la garderie du Pré du marché. Les crèches devraient être placées dans les différents quartiers de la ville, afin que les mères les trouvent à proximité de leur domicile ou de l'endroit où elles travaillent. (...) Nous avons à Lausanne, une crèche, (La crèche de Lausanne) au Chemin Vinet, dans un endroit triste, sans lumière, à côté d'un bureau d'assistance. Je suis convaincu que les dames qui s'occupent de la crèche de Lausanne le font de tout coeur et se donne beaucoup de peine pour en faire quelque chose de bien. Mais, si on songe à ce qu'elle doive être, c'est vraiment lamentable! (...) Cet immeuble vétuste n'est pas digne de la ville de Lausanne. Il faut créer, dans plusieurs quartiers de la ville, de véritables crèches, claires, ensoleillées, dans des bâtiments neufs et non pas dans de vieilles bicoques, afin que les mères aient du plaisir à placer leurs enfants".... [3]

La Direction des écoles a procédé à une étude attentive de l'objet de la motion, cette étude signale entre autres :

..(...)En 1947 il existait à Lausanne environ 9000 enfants de moins de 7 ans. Ces chiffres représentaient le 9% de la population totale. Cependant, ces 9000 enfants de moins de 7 ans ne vivaient pas tous dans les mêmes conditions. Il était impossible de savoir par statistique, quelle proportion exacte d'entre eux exigeait la sollicitude des autorités communales. Mais il est certain qu'une partie importante de ces enfants se développait sans bénéficier d'une vie de famille "équilibrée". L'instabilité matérielle qui était le fruit de conditions d'existence difficiles et précaires pour beaucoup de ménages, portait le plus grand préjudice aux tout petits.... (..)

...(...)Un ménage de deux enfants de 2 et 3 ans ; le mari, manoeuvre, ne gagne pas suffisamment. La mère a donc l'intention de faire des journées pour compléter le maigre salaire du mari. Mais elle ne sait où placer ses enfants pendant qu'elle travaille, et les conditions d'existence du ménage deviennent de plus en plus difficiles. Une ouvrière qui travaille dans une fabrique de vêtements du sud de la ville ne sait où placer ses enfants pendant la journée. Ceux-ci traînent dans les rues. C'est ainsi, souvent, que les gosses, laissés sans surveillance, prennent l'habitude de l'école buissonnière, du vagabondage, du mensonge. Une mère tombe malade. Comme elle ne trouve pas de place pour ses trois enfants à Lausanne, elle a recours à la pouponnière de ...Genève.! On voit dans quelle situation se trouvent certaines familles. En général il y a d'autres ressources, d'ailleurs momentanées, que la bonne volonté des voisins. Garderies et jardins d'enfants sont largement développés chez nos voisins des cantons alémaniques. Bâle compte vingt-huit structures, dont seize municipales, Zurich six On voit que Lausanne a, dans ce domaine, un singulier retard. Les maîtresses primaires du degré inférieur nous ont souvent cité des cas d'élèves, des fillettes surtout, demandant congé pour garder leurs petits frères et soeurs quand la maman est absente

Ainsi une fillette de 8 ans devait surveiller sept bébés à la fois !

Il arrive également que des mères demande à la maîtresse que leurs aînés gardent un bébé en classe ! On nous a aussi cité un cas où, pendant son absence, la mère enfermait son enfant dans l'appartement, non par cruauté mais parce qu'elle ne sait pas où le placer. Tous les quartiers de la ville seraient intéressés à la construction d'une garderie. C'est exact, mais il y a des degrés d'urgence.

Pour qu'une garderie réponde réellement au but qu'elle se propose, elle doit être conçue de manière à satisfaire aux exigences de l'hygiène moderne ; il faut faire du neuf. Il serait très dangereux de calculer trop petit. Votre commission a, du reste, demandé unanimement à la Municipalité de voir grand ! [4]

Réponse de la Municipalité à la motion Jeanneret ; construction d'une garderie d'enfants à Bellevaux

Lors de la séance du conseil communal du 29 juin 1948, Maurice Jeanneret s'exprima sur la réponse qu'il avait reçue de la Municipalité à sa motion demandant l'ouverture de crèches à Lausanne.

Il dit entre autres ;

"(...) En qualité de motionnaire, je tiens tout d'abord à remercier très vivement la Municipalité d'avoir commencé à faire des propositions pour la réalisation pratique de garderies d'enfants à Lausanne. Il me reste à espérer qu'on ira plus loin en créant d'autres garderies et pouponnières. Si je prends la parole, c'est surtout parce que j'éprouve une certaine tristesse en constatant que le seul écho provoqué ici par ce projet consiste en des avertissements et des soupçons à l'égard des mères qu'on soupçonnent d'être assez peu scrupuleuses pour confier leurs enfants à la garderie afin de se rendre au dancing ! Ce n'est pas dans un esprit de soupçon qu'on pourra créer une véritable oeuvre sociale. C'est ce soir du mardi 29 juin 1948 que les conclusions de la commission sont adoptées à l'unanimité." [5]

Pour la nouvelle garderie de Bellevaux, on peut lire sur le personnel ;

"La conduite de la garderie comporte la collaboration du personnel suivant :

1. La directrice, infirmière diplômée, ayant la direction générale (administration, économat, surveillance, relations avec les parents, les médecins, etc.)

2. La nurse, pour la surveillance et les soins des bébés.

3. La surveillante, pour la garde des petits (promenade, jeux, surveillance des repas,

propreté, etc.)

4. La cuisinière

5. L'aide, qui collaborera d'une façon générale au travail de ses collègues et

s'occupera des lessives.

Règlement:

La vie de la garderie, ainsi que son activité, seront réglementées définitivement après un certain temps d'expérience. Nous envisageons un maximum d'admission de 40 à 45 enfants par jour. D'autre part les enfants admis doivent êtres en bonne santé, la garderie n'est pas un hôpital."[6]

Marquées par des recherches en pédagogie et psychologie, ces quarante dernières années ont fait évoluer le regard posé sur le jeune enfant. Elles ont mis en évidence l'importance des premières années de la vie, fondamentales pour poser les bases d'une personnalité équilibrée. [7]

De 1964 à 1969, la Ville de Lausanne réactualise sa politique en matière de garderies

À l'ordre du jour de la séance du Conseil communal du mardi 22 avril 1969, il a été question du rapport préavis no 253 dans lequel on pouvait lire : [8]

"(...) Dans le développement de sa motion le 21 mai dernier, M. René Burnet relevait que les débats sur les garderies d'enfants étaient fréquents, sans pour autant qu'une vision d'ensemble suffisante s'en soit dégagée jusqu'ici qui permettrait à chacun d'avoir un avis autorisé, il posait à la Municipalité huit questions destinées à donner au Conseil communal la possibilité de se faire une opinion en véritable et complète connaissance de cause."

Pour sa part, Mlle Antoinette Stauffer, par sa motion développée le 2 juillet 1968 et prise en considération le 22 octobre, invitait la Municipalité à réexaminer et diminuer les tarifs des garderies.

Quant à la motion de M. Robert Grandjean qui demandait la création d'une garderie d'enfants municipale à l'avenue de Cour, elle fut développée le 15 décembre 1964 et prise en considération le 26 janvier 1965.

Réponse de la Municipalité à ces trois motions.

Nous reprendrons, dans l'ordre où elles sont posées, les questions formulées dans la motion de René Burnet :

Question 1: Combien y a-t-il de garderies d'enfants sur le territoire communal, qu'elles soient municipales ou privées ?"

Réponse : Notre ville compte 4 garderies municipales ainsi que 8 garderies privées

Question 2 : Quelles sont les caractéristiques et quelle est leur répartition

géographique (heures d'ouvertures, etc..) ?

Réponse : Les 4 garderies municipales offrent 244 places accueillant des enfants âgés de 6 semaines à 6 ans et sont ouvertes de 6h30 à 19 heures du lundi au vendredi, de 6h30 à 12 heures le samedi, repas servi à la garderie. Les garderies privées offrent 333 places, 577 places au total sont donc mises à la disposition de notre ville.

Question 3: Quels sont les besoins par quartier ou secteur, en établissant une comparaison avec la capacité réceptive existante ?

Réponse : La Municipalité estime que, dans une ville de l'importance de la nôtre, il est nécessaire de mettre un certain nombre de garderies à la disposition des familles qui en ont besoin à cause des difficultés économiques qu'elles éprouvent (...) Il ne faut pas oublier en effet, que d'une manière générale, rien ne vaut l'éducation donnée par la mère. La multiplication des garderie pourrait inciter des mamans à en user sans nécessité absolue, par simple convenance personnelle, d'ou préjudice possible pour les enfants. Elle imposerait d'autre part des dépenses excessives à la Commune.

Question 4: Quelles couches sociales ou économiques de la population recourent aux garderies?

a) des motifs invoqués ou établis,

b) des revenus familiaux,

c) de la nationalité ou lieu d'origine.

Réponse a) Les garderies municipales accueillent dans la règle, des enfants dont les mamans ont l'obligation matérielle de travailler hors du foyer familial, parce qu'elles sont seules (veuves, divorcées, célibataires) ou parce que le gain du mari est insuffisant à lui seul pour faire face aux charges du ménage. Ce sont donc essentiellement des motifs d'ordre financier justifient les demandes d'admission; mais des raisons de santé de la mère ou la survenance d'événements créant des difficultés particulières dans la famille peuvent aussi aboutir à l'accueil d'enfants dans les garderies...*

b) En 1964, sur 211 familles, 126 ne comptent qu'un enfant, c'est qu'il s'agit souvent de jeunes ménages qui ont parfois des dettes assez considérables pour achat de mobilier à crédit. Sur le revenu des familles on lit : Gain mensuel du père; 1200 francs avec 2 enfants.

c) Suisses : 90 familles, Étrangers : 121 familles

* Par la suite d'une sous occupation des places d'accueil depuis la fin des années 1974, qui s'explique par le chômage et le départ d'un certain nombre d'étrangers, les règles d'admission ont été quelque peu assouplies et des dérogations admises dès 1976 pour permettre l'accueil d'enfants dont la mère travaille par convenance personnelle et ceux de parents domiciliés hors du territoire communal mais travaillant à Lausanne.

Question 5: Quel est le personnel nécessaire à l'exploitation de garderies (compétences, nombre)

Réponse : La Municipalité juge indispensable de faire appel à du personnel non seulement dévoué, mais qualifié. Il se compose dans chaque garderie, d'une directrice, d'une à trois nurses, selon le nombre de poupons, de trois à cinq jardinières d'enfants, d'une cuisinière et d'une à trois employées de maison suivant l'importance de l'institution. Ces effectifs correspondent aux besoins. En effet, l'ancienne conception de surveillance pure est périmée. Il ne suffit pas seulement d'assurer la nourriture et les soins d'hygiène aux enfants qui nous sont confiés, mais tout autant de leur offrir un encadrement attentif et chaleureux, ainsi que des activités éducatives variées. La tâche confiée à nos garderies ne pourrait être accomplie avec un personnel réduit ou moins qualifié professionnellement... "[9]

1977 : Naissance d'un groupe lausannois militant petite enfance le groupe "Garderies et Haltes Garderies" GGHG

Un groupe garderies et halte-garderie de Lausanne (GGHG) s'est constitué en 1977, composé de parents créateurs de halte-garderie, groupe de parents utilisateurs de ces lieux et militants, syndicats, réunissant ainsi des forces pour devenir l'interlocuteur des autorités communales ; il a d'ailleurs organisé pendant la campagne électorale, un débat public sur les garderies avec la participation des partis politiques.

1978 : Pétition (GGHG) en faveur des halte-garderie et garderies.

Motion de Christian Jordan (socialiste).

Presque dix ans plus tard, le 24 avril 1978, le GGHG, (groupe garderies et halte-garderie de Lausanne), adressait au président du Conseil communal, une pétition, munie de 1569 signatures. Ce volumineux document était accompagné des statuts de ladite association et d'un rapport statistique résumant une enquête menée auprès des halte-garderie de Lausanne et environs.

On pouvait y lire entre autres : (extraits)

"Les halte-garderie accueillent des enfants âgés de 3 à 5 ans, pour une durée irrégulière et de manière occasionnelle. Depuis quelques années, et dans différents quartiers, des groupes de parents ont pris l'initiative de créer et de gérer ce type d'équipement qui n'est pas exclusivement réservé aux mères qui exercent une activité professionnelle. Les halte-garderies ne touchent pas de subsides des pouvoirs publics et fonctionnent donc principalement avec le bénévolat. Sur la base d'une enquête réalisée par l'un de nos sous-groupes, il s'avère que leur fonctionnement et leur développement sont compromis pour différentes raison la plupart des halte-garderie ne peuvent ouvrir leurs portes plus de trois demi-journées par semaine. Les locaux occupés par les halte-garderie posent des problèmes soit financier, soit d'utilisation.

Dans la majorité des halte-garderies, le personnel travaille bénévolement, sans qu'il soit possible, pour des raisons financières, d'engager une personne rémunérée.

C'est pourquoi nous demandons : La reconnaissance officielle des halte-garderie reconnues comme un service d'utilité publique; le subventionnement forfaitaire global de celles-ci.

Nous souhaiterions, par ailleurs, que les halte-garderie aient la possibilité d'ouvrir plus de trois demi-journées par semaine, selon les besoins, d'engager du personnel qualifié rémunéré, en plus du personnel bénévole, de fonctionner en petite unité (25 enfants), réparties dans les quartiers, là où le besoin s'en fait sentir; de rester promues par des parents participants activement à la gestion; de fonctionner dans le même espace qu'une garderie..."

Ce même mardi 9 mai 1978, en séance du conseil communal, Christian Jordan, (conseiller communal socialiste) demande à la Municipalité, par voie de motion, de définir sa politique en matière de garderies d'enfants, cette motion est portée à l'ordre du jour. [10]

Le 23 mai 1978 Christian Jordan développait sa motion demandant à la Municipalité de définir sa politique en matière de garderies d'enfants et d'informer le Conseil sur les intentions municipales à court, moyen et long terme: [11]

Développement: " Dans notre ville, le problème des garderies d'enfants ne date pas d'aujourd'hui.(...) Nous sommes encore loin d'avoir résolu le problème de l'équipement pour la petite enfance. En effet, de nombreux quartiers de notre ville demeurent sous-équipés. C'est pour cette raison qu'un groupe de citoyens, réunis sous la dénomination Groupe garderies et halte-garderie de Lausanne, s'est mis au travail l'année dernière. L'un des buts de ce groupe est d'étudier et de proposer des solutions quant à l'équipement pour la petite enfance de notre cité. Trois partis politiques locaux collaborent à ces travaux. Ce sont le Parti socialiste, le POP et le GPE: C'est avec l'accord du groupe et des trois partis mentionnés ci-dessus que nous prions la Municipalité d'étudier les points suivants: (...) de définir les objectifs pédagogiques de ses garderies, de préciser si les parents sont associés à la marche des garderies et de quelle manière, d'entreprendre une étude sur les besoins actuels et futurs des différents quartiers de notre ville, d'informer le Conseil sur les intentions municipales en matières de garderies d'enfants et de halte-garderie à court, moyen et long terme".[12]

Les difficultés de l'Association de la Garderie "La Gardoche" Le 30 mai 1978, l'Association de la garderie d'enfants et la halte-garderie "La Gardoche" a établi un projet de budget pour 1979 avec tous les détails des charges et des ressources mensuelles et sollicite une subvention communale globale pour 1980, s'élevant à Fr. 24'500.-. Ce document est accompagné des statuts et d'un descriptif relatif au fonctionnement de la halte-garderie qui a été ouverte le 15 mars 1977 par un groupe de parents. La halte-garderie de « La Gardoche" reçoit des enfants de 3 à 6 ans, du quartier, qui faute de places n'ont pas pu être accueillis à la garderie de la Sallaz-Vennes. Les problèmes que rencontre « La Gardoche » sont d'une manière générale, similaires à ceux qui sont soulevés par le groupe des garderies et halte-garderie. [13] Cette lettre est transmise à la commission des pétitions, qui doit traiter du problème des halte-garderies.

Le 26 novembre 1978, l'association de la garderie d'enfants « La Gardoche" envoie une lettre adressée à divers services qui sont :

• Les garderies et comité de l'Association de l'Entraide Familiale, APEF

•La garderie "La Chenille", privée

•La garderie du Servan, privée

•Les membres du Conseil communal (pour information)

•M. Meylan, Municipal et Directeur des Écoles

•M. Poget, Chef du service des activités parascolaires, (actuellement " Service de la Jeunesse et des Loisirs"). (Service de la Petite Enfance)

Dans cette lettre, les membres de l'association de la garderie "La Gardoche" s'inquiètent de l'absence de réponse de la Commune à leurs deux lettres de demande de subvention.

De plus, ils s'inquiètent d'un problème qui les oppose à la Commune : la politique des enfants appelés "cas sociaux" et de leur financement.

(...)"En mai dernier, la garderie d'enfants "La Gardoche" a pour la seconde fois fait une demande de subvention à la Commune de Lausanne. Le Conseil communal n'a pas encore répondu à cette demande, ayant lié celle-ci à la pétition qui demande que les halte-garderies soient reconnues d'utilité publique. Mais le directeur des Écoles, M. Meylan, et le chef du service des activités parascolaires, M. Poget nous ont convoqué pour discuter d'un mode de financement indirect de "La Gardoche". Ils nous ont proposé de prendre en charge seulement les enfants domiciliés à Lausanne et dont la mère est obligée de travailler. Cela signifie que la Commune prendra en charge des "cas sociaux" qui pourraient fréquenter notre garderie." (...) " Cette entrevue nous inquiète dans la mesure où nous savons qu'une discussion a eu lieu entre M. Poget et le comité de l'Association de l'Entraide Familiale. Les garderies de l'APEF bénéficient actuellement d'une subvention globale.

Or, M. Poget revient en arrière puisqu'il cherche à faire accepter au comité de l'APEF le financement par cas sociaux. (...) Nous pensons que toute femme à le droit d'exercer une profession ou de se former, qu'elle soit mère ou pas et que tout enfant à le droit de bénéficier d'une structure d'accueil dans son cadre quotidien..." (...)" Nous aimerions discuter de ces questions importantes avec toutes les garderies concernées et avec tous les conseillers (ères) communaux intéressés (es)... " [14]

Puis dans une lettre du 11 juin 1979 adressée à la Municipalité, aux Conseillers communaux, au Chef du Service parascolaire, à la Direction des Écoles, la halte-garderie "La Gardoche" écrit ;

"(...)Voici deux ans qu'existe la halte-garderie "La Gardoche" à la Sallaz. Ouverte trois après-midi par semaine au début, "La Gardoche" a rapidement fonctionné tous les matins de 8h à 12 h, du lundi au vendredi. Elle est gérée par une éducatrice de la petite enfance, et par les cinq personnes qui y travaillent une matinée chacune. Aujourd'hui, 24 enfants sont inscrits régulièrement à « La Gardoche » souvent nous devons refuser une place parce que notre infrastructure est insuffisante pour accueillir des enfants de deux ans et moins.(...) A la demande de parents nous avons ouvert « La Gardoche » une journée entière depuis le mois de mai.(...). C'est dire que « La Gardoche » répond à un véritable besoin. (...) C'est dire que nous avons des problèmes financiers extrêmement sérieux. L'année dernière, à la même époque, tout comme en 1977, nous avions adressé au Service parascolaire de la commune de Lausanne une demande de subventionnent. Il nous avait été répondu que seul les cas sociaux pourraient faire l'objet d'une contribution de la commune. Nous avons actuellement quatre " cas sociaux". Ils nous permettent de combler une part de notre déficit, mais ce système de subventionnent, outre qu'il opère une discrimination entre les femmes "normales" et les "cas", est beaucoup trop aléatoire pour qu'une garderie puisse vraiment vivre. Aussi nous permettons-nous de refaire cette année une demande de subvention globale pour l'année 1980." [15]

Pétition des habitants de Chally

Le 25 septembre de la même année le Conseil communal reçoit une pétition appuyées de 347 noms demandant la création d'une garderie et halte-garderie d'enfants dans le quartier de Chally[16].

Réponses de la ville de Lausanne en 1980

Dans sa séance du mardi 11 mars 1980, le Conseil communal de Lausanne, vu le rapport préavis no 85 de la Municipalité, du 12 juillet 1979, le rapport de la commission nommée pour examiner cette affaire, décide à une très forte majorité, sans avis contraire :

1. De prendre acte du rapport préavis No 85 de la Municipalité du 12 juillet 1979, en réponse à la motion de Christian Jordan sur les garderies d'enfants, à la pétition du groupe Garderies, halte-garderie et à la demande de subventionnement de « La Gardoche ".

2. D'autoriser la Municipalité à susciter la création d'une association des garderies et halte-garderie privées de la Ville, cette association étant l'interlocuteur de l'autorité communale pour les questions relatives à l'activité de ses membres. Craignant que cette itinérante soit ressentie par les halte-garderie comme une inspectrice chargée de contrôler leur bonne marche plutôt que de les conseiller et tenant compte de la création d'une association des halte-garderie et garderies privées, votre commission a préféré que le choix de cet engagement soit laissé à ce nouvel organisme s'il en éprouve la nécessité.

3. D'autoriser la Municipalité à engager, le cas échéant, d'entente avec l'association des garderies et halte-garderie privées de la ville, une jardinière d'enfants itinérant chargée de collaborer avec les halte-garderie de quartiers.

4. La Municipalité accorde une garantie financière pour le fonctionnement de la garderie "La Gardoche"; le montant de cette garantie sera conditionné par la forme et l'importance que pourront prendre les activités de cette garderie durant l'année 1980.

La situation financière de « La Gardoche" sera examinée chaque trimestre ; ce système provisoire restera en vigueur jusqu'à ce que la Municipalité ait élaboré une conception d'ensemble du subventionnement des garderies et halte-garderie lausannoises. [17]

Naissance de l'Association des Centres d'Accueil de l'Enfance, ACAE

Le mardi 11 mars 1980, le Conseil communal de Lausanne, vu le rapport préavis no 85 de la Municipalité du 12 juillet 1979, décide à une très forte majorité, sans avis contraire

- d'autoriser la Municipalité à susciter la création d'une association des halte-garderie et garderies privées de la Ville de Lausanne (devenue par la suite l'Association des centres d'accueil de l'enfance, l'ACAE)

- d'autoriser la Municipalité à engager, le cas échéant, d'entente avec l'association des halte-garderie et garderies privées de la ville, une éducatrice itinérante chargée de soutenir et d'appuyer en priorité les structures d'accueil bénévoles issues d'une démarche de quartier.

La commission craignant que cette éducatrice itinérante ne soit ressentie comme une inspectrice chargée de contrôler plutôt que de conseiller, a préféré laisser le choix de l'engagement de cette personne au comité de l'ACAE.

Le 25 avril 1980, la Direction des Écoles organise une séance d'information sur la création de l'association qui allait devenir l'Association des Centres d'Accueil de l'Enfance, ACAE. Cette information s'adresse prioritairement aux responsables des garderies, halte-garderie et jardins d'enfants privés.

Le 27 janvier 1981, l'Association des Centres d'Accueil de l'Enfance ACAE est créée. Elle est composée de 17 représentants des garderies, halte-garderie et jardins d'enfants privée

Lausanne 1998. Martine Desarzens

Ouvrages cités ou consultés Centre de Documentationdes ACAE:

ACAE. "Dix ans d'Avance : 1981 1991 Haltes-Garderies lausannoises : une chronique" Film. Vidéothèque ACAE. No 48 / 49

Radio Acidule. (1993). Garderies lausannoises : quelle politique d'accueil ? Débat politique. Cassette audio. Audiothèque ACAE no 41.

Radio-Parents. (1993). Présentation des lieux d'accueil lausannois. Audiothèque ACAE No 51. Acidule. 10 novembre .

Radio-Parents. (1993). Présentation de l'ACAE et Comment créer une Halte-Garderie. Audiothèque ACAE no 59. Acidule. 3 mars .

Radio-Parents. (1993). Politique de la petite enfance à Lausanne : interview de Christian Jordan, conseiller communal motionnaire ACAE. Audiothèque ACAE no 61. Acidule. 3 février.

Radio Acidule. (1983). Débat petite enfance : 14 juin / grève des femmes. Audiothèque ACAE No 69.

Pierre Yves Troutot. (1990). Politique de la petite enfance. Cahier de l'EESP No 9.

Centre de documentation ACAE. Divers motions et textes concernant l'accueil de la PE canton et ville. Boîte Verte No.3 et 4.

Archives de la ville de Lausanne

Bulletin du Conseil Communal. Rapport-Préavis. Séance du mardi 17 juin 1947. Motion de MM. Jeanneret et consorts sur la situation des petits enfants dans les milieux salariés de la ville et la création de pouponnières, garderies et jardins d'enfants. pp.502.

Bulletin du Conseil Communal. Scéance du Conseil communal du mardi 5 mars 1947.

Bulletin du Conseil Communal. Séance de Conseil Communal du mardi 17 juin 1947. pp 503, 504, 505, 512, 513, 514.

Bulletin du Conseil communal. Séance du mardi 29 juin 1948 . pp. 369, 370.

Bulletin du Conseil communal. Séance du mardi 8 juin 1948. pp 223, 224.

Bulletin du Conseil communal. Préavis No 201. 6 mars 1989. pp 2.

Garderies d'enfants. Rapport-préavis No 253. Mardi 22 avril 1969, pp.1à13 et Rapport sur le rapport-préavis no 253, Mardi 18 novembre 1969, pp 1014 à 1021.

Bulletin du Conseil Communal. Garderies d'enfants; Rapport sur le rapport- préavis No. 253. pp 1014 à 1021. Mardi 18 novembre. Garderies d'enfants: Rapport-préavis No253. Mardi 22 avril 1969. pp.1 à 13.1969.

Bulletin du Conseil Communal. Problèmes des haltes-garderies:pétition de la "Gardoche". Mardi 9 Mai 1978, pp394 à 399. Politique municipale en matière de garderies : Christian Jordan dépose le texte d'une motion. pp.411.

Bulletin du Conseil Communal. Politique municipale en matière de garderies: développement de la motion Christian Jordan. Mardi 23 Mai 1978. pp 550, 551, 552.

Bulletin du Conseil Communal. Politique municipale en matière de garderies. Développement de la motion Christian Jordan. pp 550 à 552. 23 Mai 1978.

Bulletin du Conseil Communal. Mardi 6 juin 1978. Halte-garderies "La Gardoche": lettre du 30 Mai 1978 à la Municipalité de Lausanne, au Conseil communal , à la Direction des Ecoles et au Service parascolaire. pp 626à 629.

Bulletin du Conseil Communal. Mardi 12 décembre 1978. Halte-Garderie "La Gardoche" Lettre du 26 novembre 1978, pp.1733 à 1736.

Bulletin du Conseil Communal. Mardi 26 juin 1979. Halte-garderie: "La Gardoche": demande d'une subvention globale. pp. 860 à 863.

Bulletin du Conseil Communal. Mardi 25 septembre 1979. Création, d'une garderie et d'une halte-garderie à Chally, mise à disposition de locaux pour le centre de loisirs. Pétition. pp.1072 / 1073.

Bulletin du Conseil Communal. Mardi 11 mars 1980. Garderies d'enfants et haltes-garderies. Rapport-préavis No 85. Réponse de la Municipalité du 12 juillet 1979 à la motion Christian Jordan du 23 mai 1978, à la pétition relative aux haltes-garderies, à la demande de soutien financier présenté par la halte-garderie "La Gardoche". pp.198à202.

Classeur vert ACAE. PV comité ACAE . No.1, 1980 à 1990. Lettre du 8 avril 1980.

Classeur vert ACAE. PV comité ACAE. No.1, 1980 à 1990) chercher sous PV de l'association 1981

Bulletin du Conseil Communal. Mardi 24 février 1981. pp 133.

Préavis No7. 4 mars 1994. Création d'un bureau central d'information sur l'accueil des enfants, BIP.

Lausanne 1998

1] TROUTOT P. Y., La politique... et la petite enfance in Politique de la petite enfance*,* Cahier de l'EESP, No 9, 1990, pp 14-15

[2] Bulletin du Conseil Communal, Séance du mardi 17 juin. 1947, Rapport-préavis concernant la motion de MM. Jeanneret et consorts sur la situation des petits enfants dans les milieux salariés de la ville et la création de pouponnières, garderies et jardins d'enfants, pp.502 .

[3] Bulletin du Conseil Communal. Séance du Conseil communal du mardi 5 mars 1947 pp.506

[4] Bulletin du Conseil Communal.Séance de Conseil Communal du mardi 17 juin 1947. pp 503 à 505,512à 514

[5]Bulletin du Conseil Communal, séance du mardi 29 juin 1948, pp. 369 à 370.

[6] Bulletin du Conseil Communal, séance du mardi 8 juin 1948, pp 223, 224.

[7] Bulletin du Conseil Communal, Préavis No 201, 6 mars 1989, pp 2

[8]Bulletin du Conseil Communal, Rapport-préavis No 253, "Garderies d'enfants", Mardi 22 avril 1969, pp.1à13, Rapport sur le Rapport-préavis no 253, Mardi 18 novembre 1969, pp 1014 à 1021

[9] Bulletin du Conseil Communal, Rapport sur le Rapport- préavis no. 253, "Garderies d'enfants", pp 1014 à 1021, mardi 18 novembre 1969, Bulletin du Conseil Communal : Rapport-préavis No 253, Mardi 22 avril 1969, pp.1 à 13.

[10] Bulletin du Conseil Communal, Problèmes des haltes-garderies:pétition de la "Gardoche", Mardi 9 Mai 1978, pp394 à 399, ainsi que Motion de Christian Jordan "Politique municipale en matière de garderies", pp.411.

[11] Bulletin du Conseil Communal, Politique Municipale en matière de garderies: développement de la motion Christian Jordan, Mardi 23 Mai 1978, pp 550 à 552.

[12] Bulletin du Conseil Communal, Politique Municipale en matière de garderies: développement de la motion Christian Jordan., 23 Mai 1978, pp 550 à 552.

[13] Bulletin du Conseil Communal, Halte-garderies "La Gardoche": lettre du 30 Mai1978,à la Municipalité de Lausanne, au Conseil communal à la Direction des Ecoles et au Service parascolaire, Mardi 6 juin 1978, pp 626 à 629

[14] Bulletin du Conseil Communal :Halte-Garderie "La Gardoche", Lettre du 26 novembre 1978., mardi 12 décembre 1978 ,pp.1733 à 1736

[15] Bulletin du Conseil Communal :Halte-Garderie: "La Gardoche"; demande d'une subvention globale, mardi 26 juin 1979, pp. 860 à 863

[16] Bulletin du Conseil Communal, Création d'une garderie et d'une halte-garderie à Chally ; mise à disposition de locaux pour le centre de loisirs, Pétition, mardi 25 septembre 1979, pp.1072/ 1073

[17]Bulletin du Conseil Communal, Rapport-préavis No 85."Garderies d'enfants et haltes-garderies: Plusieurs réponse de la Municipalité du 12 juillet 1979 à la motion Christian Jordan du 23 mai 1978, à la pétition relative aux haltes-garderies, à la demande de soutien financier présenté par la halte-garderie "La Gardoche", mardi 11 mars 1980, pp.198 à 202.

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