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Le Café des Collines Repérage

1985 La Sage
© Jean-Marie Quinodoz
Sylvie Bazzanella

En 1960, en plein milieu des années folles et de l'argent facile, Marie ouvrit - pour le meilleur ou pour le pire - le Café des Collines, café « littéraire et philosophique » avant la lettre, qui la fit connaître bien au-delà des frontières du Valais, se liant d'amitié avec des artistes et des musiciens célèbres tels que Maurice Aufair, Henri Dutilleux, Emile de Ribeaupierre, etc.

Le Café des Collines (1962)

Cétait un pari risqué d'ouvrir en 1960 un quatrième café dans ce petit village d'une soixantaine d'habitants qui comptait déjà trois établissements. Mais tout cela s'est passé en pleine période d'euphorie, car l'argent commençait à affluer depuis les travaux de la Grande Dixence.

« Dans mon village, raconta plus tard Marie, nous avons rapidement compris que la campagne ne nourrissait pas son homme. Il fallait absolument avoir des métiers d'appoint. C'est entre 1955 et 1960 qu'il y eut passablement de transformations dans nos vies. Nous avons décidé d'ouvrir un café et d'offrir une petite restauration. » (1965)

Du projet à l'ouverture en 1960

La construction fut menée rondement, avec les inévitables imprévus. Marie suivit les cours de cafetier-restaurateur à Sierre et obtint son diplôme. L'inauguration eut lieu le 15 juillet 1960.

Construction des Collines. Henri Métrailler, Pierre Maître, Pierre Mauris

Une architecture conçue pour l'accueil

L'architecture intérieure et extérieure n'a guère changé depuis 1960. Dans la salle, le bois de mélèze domine encore aujourd'hui. La poutre maîtresse porte une inscription en latin tirée d'un poème d'Horace : « Lucis amans gens es noctem tenebrasque perosa » (« Tu es d'une race qui aime la lumière et déteste la nuit et les ténèbres »). Le chauffage est assuré par un poêle traditionnel de « pierre ollaire », matériau réfractaire extrait des carrières de la région, qui a la propriété de conserver la chaleur durant plusieurs heures.

Le Café des Collines (1970-80)

Photo © Jean Steffen

Marie des Collines

En franchissant la porte d'entrée, la première personne que nous apercevions était Marie, attablée à « la table du milieu », véritable centre de gravité du Café des Collines. Elle tenait une cigarette allumée au bout de son porte-cigarettes, divers journaux étaient étalés devant elle, parmi lesquels Le Monde, L'Express et Le Canard enchaîné. Dans un coin, il y avait des bandes dessinées et des crayons de couleurs pour les enfants. Apercevant de nouveaux arrivants, elle se levait chaque fois, venait au devant d'eux en leur adressant un sourire : « Bienvenue chez nous ! Que puis-je faire pour vous ? » Marie savait trouver les mots qui mettent à l'aise, qu'il s'agisse de personnes connues ou de nouveaux venus. Elle engageait un début de conversation ou répondait à ceux qui sollicitaient des informations. Elle savait aussi respecter le silence. Après avoir accueilli ses hôtes, Marie s'effaçait et laissait Alice - l'âme du Café des Collines - prendre la commande.

Photo © Andrée Weitzel

Le Café des Collines fut bientôt connu pour être un lieu de rencontre où l'on vient comme à la maison. Les témoignages sur l'accueil que Marie réservait à ses hôtes sont si nombreux qu'ils rempliraient un volume. Marie favorisait les fêtes spontanées, on y riait beaucoup.

Texte extrait de : © Marie des Collines, Jean-Michel Quinodoz - Editions Sklatine, Genève 2005 www.slatkine.com

Voir également : La femme d'Evolène

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Sylvie Bazzanella
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2 juin 2011
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