Le chien au service de l'Armée Repérage

1 janvier 1942
Texte : © Lieutenant Verrey
Sylvie Bazzanella

Après le cheval, le chien occupe une place importante dans l'Armée où il rend de très grands services. Le premier cours de chiens de liaison eut lieu aux Pléiädes en 1928, mais c'est en 1934 qu'on crée un Centre de chiens de guerre, reconnu en 1936 par le Département militaire fédéral. Le Centre dresse et forme les bêtes qui seront versées aux détachements des divisions et brigades de montagne.

Tout comme le soldat, le chien passe son école de « recrues ». Durant trois semaines, deux à trois heures par jour, le jeune animal suit un drill sévère, apprend à se coucher, à se dresser, à s'asseoir, à rester immobile au geste et à la voix. On lui enseigne à ramper, à apporter des objets, à sauter des obstacles, etc. Il faut de la part du dresseur beaucoup de patience et de psychologie, flatter la bête, la récompenser, recommencer 500 fois le même mouvement. Il ne sert à rien de frapper, le chien ne comprend plus ce qu'on attend de lui.

Prêts au départ !

Une bonne paire de chiens tirent facilement quelques centaines de kilos. (Doc N/M 7906)

La liaison est la principale tâche du chien et l'on choisit de préférence pour ce genre de travail des bergers allemands ou belges qui sont rapides et d'une fidélité à toute épreuve. Il y a deux genres de liaison : la première, dite par orientation, exige deux maîtres et deux chiens. Dans ce cas l'animal a connaissance préalable du parcours. Deuxièmement la piste artificielle. Le chien suit à la trace un liquide que l'on répand au moyen d'un appareil spécial sur le cheminement qu'il aura à parcourir. La piste artificielle est simple et avantageuse surtout lors d'une progression rapide dans le terrain de détachements et de patrouilles.

Le dressage est long, on débute sur de petites distances et on allonge de plus en plus. Un bon chien de liaison ne doit jamais quitter sa piste, ni aboyer ; il porte ses messages autour du cou dans une capsule d'aluminium. On peut également lui faire dérouler une bobine de fil téléphonique qu'il portera sur le dos.

Certaines bêtes réalisent de véritables performances : tel le fameux « Dick » qui parcourut une piste difficile de 13 km. En 28 minutes.

On dresse le chien sanitaire à la recherche des blessés. On a recours à un moyen ingénieux : le chien porte au cou un « témoin », sorte de tube de cuir.

Le "témoin" de cuir que les chiens sanitaires portent au cou (Doc N/M 7910) et la capsule que le chien porte au cou et qui contient les messages à transmettre. (Doc N/M 7911)

Sitôt qu'il a découvert un blessé dans le terrain, il prend dans sa gueule le « témoin » et accourt vers son maître. Ce dernier suit alors l'animal qui le conduit à l'emplacement. Ainsi le chien ne touche pas le blessé et ne lui arrache plus, comme par le passé, sa coiffure ou un pan de son vêtement.

Ce système est simple, mais il faut parfois des semaines de patience pour que le chien comprenne ce qu'on attend de lui.

Colonne de chiens traînant des voiturettes sur un champ de neige. (Doc N/V 6442)

Le procédé est le même dans le cas de l'avalanche. Le chien sent qu'un être humain est enfoui sous la neige et se met à gratter. En peu de temps un animal bien dressé peut découvrir plusieurs personnes et les sauver si les secours parviennent à temps. Il est appelé à rendre de réels services dans les détachements alpins.

Enfin les chiens peuvent porter des charges pour ravitailler en munitions, en vivres, en médicaments ou en courrier des postes d'accès difficile et établir la liaison avec des groupes isolés. Ils se faufilent si adroitement que les balles auront de la peine à les atteindre.

Un Saint-Bernard que l'on sert comme chien porteur. (Doc. N/M 6454)

Notre reportage montre quelques phases de l'entraînement des chiens dans un Centre et sur le terrain.

Lieutenant Verrey

© ECHO ILLUSTRÉ (Saripress) no 4, 24 janvier 1942.

Saint Bernard chien de guerre

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