Les costumes d'Evolène

Evolène
© Textes : V. Tissot, F.O. Wolf. Illustrations : J. Weber, R. Ritz. Photos : S. Bazzanella
Sylvie Bazzanella

Costumes anciens et modernes d'Evolène

Le costume ordinaire des femmes se compose de trois pièces : la chemise de grosse toile, la jaquette ou corsage avec ou sans manches, et la jupe. En hiver ou quand il pleut, elles s'affublent d'une espèce de veste de laine blanche bordée d'un galon rouge. L'usage du parapluie semble ignoré dans toute la vallée. Quand elles travaillent ou montent dans les arbres pour la cueillette des cerises, elles attachent leur jupe d'une certaine façon, de manière à entourer leurs jambes comme d'un ample pantalon oriental. L'ancien costume était très riche, les robes de couleurs vives, noires, bleues, rouge foncé, avec des garnitures voyantes, des broderies d'or et d'argent sur les manches; le chapeau ressemblait à une casquette dont la visière serait tournée sur la nuque; et toutes les femmes portaient la "pétra", sorte de corset ou plutôt de cuirasse en cuir, découpée en cœur, recouverte de broderies de soie, retenue par des cordons ou des chaînettes de laiton.

© R. Ritz - Orell Füssli et Cie

Les femmes d'Evolène ont un goût prononcé pour la couleur rouge. Toutes ont de petits fichus rouges brodés ou à fleurs, qui descendent en pointe entre les deux épaules. Le chapeau est en feutre noir, le dessus orné d'une petite bande en passementerie de différentes nuances pour chaque chapeau. Le rouge et l'or dominent dans les ganses. Le chapeau se pose un peu de travers, sur l'oreille gauche ou l'oreille droite, d'un air crâne qui va bien aux jeunes têtes. Les femmes mariées portent sous le chapeau un petit bonnet blanc brodé sur les bords.

© J. Weber - Orell Füssli & Cie

Et les hommes étaient en culottes courtes, bas de laine blancs, souliers à boucles d'argent, en tricorne et en cadenette. La cadenette était entrelacée de rubans et on y mettait un morceau de plomb au bout pour qu'elle se tînt droite et ne vagabondât pas. Les jours de noce et de fête, on se poudrait de fleur de farine, on mettait de belles jarretières, et même des pourpoints à la Guillaume Tell. Aujourd'hui, il n'y a plus à Evolène que trois vieillards qui portent encore des culottes; le plus âgé est né en 1799.

Costumes actuels - © photo : Sylvie Bazzanella

Mais, par contre, chez les enfants, on retrouve le costume complet du vilain, de l'homme du peuple au moyen âge. Ils sont tous habillés d'une longue robe de bure, pareille à la tunique des capucins; autour de la taille, une ceinture de cuir par laquelle on les tient pour leur apprendre à marcher, et sur la tête un bonnet à côtes, de différentes couleurs. Et si vous saviez comme ils sont roses, et frais, et jolis avec leurs mines épanouies, leur doux regards tout plein d'azur, leurs blondes chevelures d'anges tombés du ciel.

Costumes actuels - © photo : Sylvie Bazzanella

Quelques-uns portent de petites sonnettes attachées à leur ceinture. Je croyais que c'était pour les amuser qu'on leur mettait ces grelots, mais voici l'explication qu'une mère me donna: " Quand nous sommes dans les champs, et que nos enfants s'éloignent, grâce à ces sonnettes, nous les entendons et les retrouvons toujours; et puis, les clochettes, ça fait fuir les serpents."

© Texte : La Suisse inconnue, Victor Tissot, E. Dentu, Editeur - 1888

© Texte et images : L'Europe illustrée - Valais et Chamonix - Sion et ses environs. D'après Ferdinand Otto Wolf, Orell Füssli & Cie., Editeurs, Zürich - [1889].

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Sylvie Bazzanella
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30 juin 2010
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