Un éleveur d'exception

Sylvie
Sylvie Bazzanella

Henri Schumacher(1831-1903) était de son état boucher-aubergiste à Hollingen près de Berne.

Le premier élevage, en dehors de l'Hospice, de chiens de race pure, bien typés, lui est attribué. En 1884 il fonde le Club Suisse et le livre des origines Suisse (L.O.S.) Les 29 premiers chiens inscrits sont des Saint-Bernard dont le premier se nomme « Léon » Il sélectionna quelques spécimens à poil court dans le but de recréer le type originel dont le vieux Barry était pour lui le meilleur représentant.

Beau chien de H. Schumacher, type Barry (1890) Source : Räber : Schweizer hunderassen, Albert Müller Verlag.

En 1855, il acheta le chien Barry à M. Klopfenstein de Neueneggau, qui l'avait acheté au Comte de Rougemont. Ce chien, à poil court, descendait des chiens à poil long vendus par l'Hospice vers 1832. Il acheta ensuite la chienne Diane, et ce couple est à l'origine de son élevage. Schumacher devint un expert de la race, et se rendait souvent à l'Hospice, auquel il apporta des chiens de sa production pour renouveler le sang. Alors que de nombreux éleveurs produisaient des chiens à poil long pour satisfaire la demande, en particulier anglaise, Schumacher s'efforça de retrouver le type originel du vieux Barry. Il retrouva des descendants des chiens vendus par l'Hospice entre 1832 et 1860, et éleva des chiots qu'il vendit en Suisse, et aussi en Angleterre, aux USA et en Russie, tout en tenant un livre des origines. C'est entre 1860 et 1870 que le nombre de chiens importés en Angleterre fut le plus important, en particulier à partir de l'élevage de Schumacher, et le premier Saint-Bernard fut présenté en exposition en 1863. En 1866, Schumacher rendit visite à la maison du Saint-Bernard à Martigny, et le plus vieux prieur, les larmes aux yeux, s'exclama à propos du chien qui l'accompagnait: "C'est la résurrection du vieux Barry de 1814", révélant ainsi que les chiens de Schumacher étaient fidèles aux chiens de l'Hospice qui, 50 ans auparavant, avaient fait le renom de la race. En 1867, il exposa à Paris des chiens originaires du Grand-Saint-Bernard.

Dans le livre des origines suisses, fondé en 1884, on retrouve dans les premiers volumes la production de Schumacher sur laquelle s'appuyèrent de nombreux éleveurs suisses. Schumacher se retira de l'élevage en 1890. Il déclara que les «nouveaux éleveurs» ruinaient son travail en recherchant un hypertype, en sélectionnant des chiens plus grands avec des têtes plus lourdes, des chanfreins plus courts, un stop plus marqué. Ces chiens, selon Schumacher, avaient des allures moins harmonieuses et agiles, et étaient moins intelligents, mais c'est aussi parce que le public souhaitait des chiens plus lourds et au poil long que les éleveurs ont orienté leur sélection dans ce sens, la vente de chiots étant à cette époque très lucrative. Les chiens de Schumacher étaient très disparates. Le musée d'histoire naturelle de Berne conserve 36 crânes des «chiens de Schumacher», de forme et de taille très variables. De nos jours ,il existe trois standards pour le Saint Bernard ; une ancienne version suisse modifiée utilisée aux Etats-Unis, une version anglaise, et le nouveau standard suisse adopté par tous les pays de la FCI en 1993, et les orientations de la sélection, au gré des modes, sont parfois déroutantes.

Réf. Bibliographique : M. Marquis, Grand-Saint-Bernard, Chiens, Cani, Hunde, Dogs Ed. du Grand-Saint-Bernard, 1988.

The Saint Bernard

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  • Albin Salamin

    Une histoire extraordinaire. Existe-t-il actuellement un comité d'experts qui définit les critères de la race? Comme pour les vaches de la race d'Hérens.

  • Sylvie Bazzanella

    Le Club Suisse du Saint-Bernard, membre de la Société cynologique suisse, mandate des experts chargés des sélections, règlement d'élevage et cahier des charges (sections régionales) Les exigences requises pour l'élevage sont strictes. L'actuel standard date de 2004. Le saint-bernard est un véritable bien culturel. Ces associations veillent à le conserver. Un travail de longue haleine, pas toujours facile.