Suzanne Delacoste (1913-1963)

Suzanne Delacoste (1913-1963)

1 janvier 1962
Inconnu
Laurent de Weck

Suzanne Delacoste est née le 27 mars 1913 à Rio Negro (Parana, Brésil), fille de Paul Delacoste et d'Yvonne, née Couty. Son père travaillait au Brésil comme ingénieur pour le compte des Brazilian Railways. A la mort de sa femme, en 1918, Paul Delacoste rentre en Europe avec ses deux filles, Germaine et Suzanne. Son intention était de les ramener en Valais, à Monthey, où vivaient son père, le conseiller d'Etat Edmond Delacoste et sa nombreuse famille. Suzanne, âgée de six ans est en grand danger : outre la grippe espagnole, elle a contracté par sa mère une tuberculose qui attaque son système osseux. Opérée à Monthey par le Dr Delaloye, elle survivra, mais son corps gardera les séquelles visibles de la maladie. Alors que Paul Delacoste décide de poursuivre sa carrière d'ingénieur au Congo belge, Suzanne et sa sœur passent plusieurs années au Pensionnat Saint-Joseph, élèves des religieuses d'Annecy, sous le regard du clan familial, à Monthey et à Morgins. Le pensionnat demeure une inspiration récurrente dans l'œuvre de Suzanne Delacoste : des récits, dans ses nouvelles et ses romans, décrivent, avec drôlerie et tristesse, cet univers catholique orphelin. Suivant les traces de sa sœur, Suzanne après le pensionnat voyage pour apprendre les langues. Elle découvre Londres et plus longuement Vienne, dont le séjour inspire son deuxième roman, « Fédora et la Solitude ». Suzanne Delacoste commence sa carrière journalistique en collaborant à « Curieux », le premier journal généraliste romand, édité à Neuchâtel dès 1936. Suzanne Delacoste y signe son premier article, « Un dimanche en Valais » dans le numéro du 22 août 1936. Habitant Fribourg, elle tiendra dans « Curieux », sous son nom, durant près de quinze ans, une chronique de la vie fribourgeoise, qui agrafe de sa subtile ironie, clergé, autorités, patriciat et bourgeoisie. Quittant Fribourg pour Lausanne au début des années cinquante, elle collaborera à la « Tribune de Lausanne » et à « La Nouvelle Revue ». Son activité journalistique lui laisse le loisir d'écrire trois romans : « Les Jardins clos », A l'Enseigne du Cheval ailé (1945) « Fédora et la Solitude », Flammarion (1948) et « Pavane pour l'Amour manqué », Rencontre (1954). Un quatrième roman, « Couleur de sable », est demeuré longtemps à l'état de manuscrit. L'œuvre de Suzanne Delacoste mérite relecture: mis à part ses quatre romans, quelques centaines d'articles et une cinquantaine de nouvelles lui survivent, qui n'ont rien perdu de leur drôlerie. Il est possible aujourd'hui de revisiter son talent puisque ses deux derniers romans ont été réédités en mai dernier (2018) par les éditions "Plaisir de lire". Liberté de ton, style très soigné: on sent l'inspiration de Proust et de Giraudoux, et l'on devine en la lisant les styles nouveaux qui suivront.

Suzanne Delacoste s'est éteinte à Lausanne le 10 mai 1963.

Laurent de Weck

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  • Albin Salamin

    A propos du livre "Les jardins clos" de Melle Suzanne Delacoste, la Gazette de Lausanne de 1945, écrit: "Elle s'est fait connaître par ses chroniques et échos de "Curieux" qui la révèle polémiste adroite, archère prompte à faire vibrer dans la cible des traits aigus, jusqu'à la cruauté. Et voici que nous ouvrant, dans le mur, une petite porte verte, la railleuse nous introduit dans "les jardins clos" de sa sensibilité".