Giuseppe VERDI, Messa da Requiem, EVL, Sinfonietta Lausanne, Michel CORBOZ, 2011, Cathédrale de Lausanne

Giuseppe VERDI, Messa da Requiem, EVL, Sinfonietta Lausanne, Michel CORBOZ, 2011, Cathédrale de Lausanne

27 septembre 2011
RSR resp. RTSR
René Gagnaux

L'oeuvre a comme origine une commande passée à plusieurs compositeurs italiens pour une messe de requiem à la mémoire de Gioachino Rossini. Verdi avait réussi à convaincre l'éditeur Ricordi de commander à treize compositeurs ialiens les parties d'un grand requiem «collectif» en l'honneur du disparu. Giuseppe Verdi en composa la treizième et dernière partie, le Libera me.

La «Messa per Rossini» n'ayant - pour des raisons financières - jamais pu être jouée, Verdi envisagea de composer un Requiem entier à partir de ce Libera me. Le projet ne prit toutefois forme qu'avec le décès du poète Alessandro MANZONI, un de ses amis - en fait une idole, comme pour beaucoup d'Italiens: Alessandro Manzoni "[...]représentait à la fois le chantre de la patrie italienne ressuscitée et libérée, et le principal artisan de l'édification d'une langue nationale construite à l'image du toscan; pour Verdi, il était à la littérature ce que lui-même aspirait à être dans le champ de la dramaturgie lyrique: le représentant de l'italianité culturelle affrontée aux cultures étrangères, et notamment à celles qui se disputaient la primauté en Italie, l'allemande et la française [...]" Pierre Milza

La Messa da Requiem fut composée à Paris, en 1873, et donnée en première audition le jour du premier anniversaire de la mort du poète, le 22 mai 1874, à Milan, dans l'Église San Marco sous la direction du compositeur: le succès fut immense, et il ne s'est jamais démenti depuis.

"[...] Ce Requiem est écrit plutôt pour la Salle de Concerts que pour l'Église. Il sent l'homme de théâtre par son vif éclat, son caractère dramatique et humain. On serait déçu en l'écoutant tout particulièrement avec des pensées mystiques et onctueuses. Il faut le considérer plutôt comme un éclatant hommage, une oeuvre d'action, de passion, avec ses mouvements psychologiques de douleurs, de crainte, d'amour, d'espérance.

Il est écrit en quatre parties principales. Le début s'enchaîne avec le Kyrie, d'abord en forme fuguée et présentée par le quatuor vocal simple; le choeur entre à son tour, d'une riche polyphonie, et se termine par le Christe Eleison, de teinte très douce.

Le Dies Irae est d'un brillant éclat, plein de fougue et même de violence.

Le Pie Jesu qui termine cette partie est d'une expression particulièrement touchante. L'Offertoire, Domine Jesu, laissant de côté toute austérité, est un vrai délice pour l'oreille.

Enfin le Sanctus, pour double choeur, est en «allegro» très animé, l'Agnus Dei est d'une note beaucoup plus simple et touchante suivi du Libéra me, final d'une grande beauté. [...]" cité du programme publié pour le concert donné à Genève dans la Salle de la Réformation le mercredi 28 janvier 1914 avec l'Orchestre du Grand Théâtre sous la direction de Bernhard Stavenhagen.

Une controverse est toutefois restée, jusqu'à aujourd'hui... "[...] le caractère lyrique de l'oeuvre, que le chef allemand Hans von Bülow qualifia d'«opéra en soutane». Trompettes cachées, quatuors vocaux, arias lyriques: le compositeur, il est vrai, demeure fidèle à la verve qui a fait son succès, donnant une vision romantique et lyrique de la mort et de la fin des temps qui tranche avec les autres requiem écrits avant lui. Mais comme le rappelle Pierre Milza, l'essentiel est ailleurs: «Verdi avait voulu prouver qu'il n'était pas seulement un ‹saltimbanque›, qu'il était capable de plier son génie aux règles d'une autre forme d'art musical que l'opéra, qu'il n'y avait pas d'imposture de sa part à se réclamer du grand héritage de l'école polyphonique italienne. Et le pari était gagné.» Celui de la foi aussi, «en plaçant au centre de l'oeuvre non pas l'homme en tant qu'individu promis au néant, mais l'humanité tout entière, faite d'une addition de vies et de générations dont la continuité confère à l'ensemble son immortalité». Antonin SCHERRER [...]"

Le 27 septembre 2011, pour les 50 ans de l'Ensemble Vocal Lausanne (EVL) et les 30 ans de la Sinfonietta de Lausanne, fut donné un concert-anniversaire avec le Requiem au programme, sous la direction de Michel CORBOZ. Les solistes étaient Soledad de la ROSA, soprano, Isabelle HENRIQUEZ, mezzo-soprano, (*) Francisco ALMANZA, ténor, et Francesco Ellero d'ARTEGNA, basse (ténor et basse en remplacement de Claude PIA et Rudolf ROSEN).

(*) décédée trop jeune, à l'automne 2015, après une longue maladie: je lui dédie cette page, en hommage à sa mémoire.

Pour le texte et sa traduction en français, voir à partir de la 5e page de ce fichier pdf.

Giuseppe Verdi, Messa da Requiem, Soledad de la Rosa, soprano, Isabelle Henriquez, mezzo-soprano, Francisco A. Almanza, ténor, Francesco Ellero d'Artegna, basse, Ensemble Vocal de Lausanne, Sinfonietta de Lausanne, Michel Corboz, 27 septembre 2011, Cathédrale de Lausanne

C'est grâce à la générosité de la...

... que nous pouvons écouter cet enregistrement en ligne: il fut rediffusé dans le cadre de l'excellente émission d'Antonin SCHERRER «Fauteuil d'orchestre», volet du 14 octobre 2014. Cette émission s'est certes terminée le 25 août 2016, mais est toujours disponible en écoute dans les fabuleuses archives de la Radio Télévision Suisse. CLIQUER sur le logo ci-dessus pour ouvrir une nouvelle fenêtre sur la page correspondante des archives de la RTSR avec cet audio.

Michel CORBOZ en 2011, un portrait fait par David Gagnebin-de Bons publié entre autres dans le magazine Migros du 5 septembre 2011, No 36, pages 22-23

Sommaire de l'émission:

( 00:10 ) Présentation par Antonin Scherrer

( 03:57 ) I. Requiem - Kyrie

( 13:17 ) II. Sequence (Dies Irae) Dies Irae - Tuba mirum

( 18:00 ) Mors stupebit

( 19:10 ) Liber scriptus

( 25:22 ) Quid sum miser - Rex tremendae majestatis - Recordare

( 35:56 ) Ingemisco - Confutatis maledictis - Lacrimosa

( 51:20 ) III. Offertorio Domine Jesu Christe - Hostias

( 1:01:25 ) IV. Sanctus

( 1:04:58 ) V. Agnus Dei Agnus Dei

( 1:10:45 ) VI. Lux Aeterna

( 1:17:22 ) VII. Libera me - Dies irae - Requiem aeternam - Libera me

( 1:33:02 ) Complément de programme: Quatuor de Verdi, transcription pour cordes, Orchestre d'Auvergne, Jean-Jacques Kantorov

CLIQUER sur l'un des minutages donnés ci-dessus en début de ligne pour (ré)écouter la Messa da Requiem à partir d'un endroit donné: ouvre une nouvelle fenêtre sur la page correspondante des archives de la RTSR avec l'audio démarrant automatiquement au minutage désiré.

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  • Martine Desarzens

    Magnifique...merci cher René. Je vais écouter . Excellent dimanche. Martine Desarzens

  • Renata Roveretto

    Cher René, merci pour cette publication très intéressante, laquelle je viens de découvrir suite après avoir lu un petit message de Martine notre chère amie. Par la même je me permet de vous rendre attentif au seul lien qui ne fonctionne pas (error 404), c'est à dire le premier, celui concernant le programme publié pour le concert donné à Genève. Merci encore une fois pour toute votre peine et du plaisir partagé sur NH. Amicalement Renata