Les Gyrobus d'Yverdon

11 octobre 1953
Yverdon-les-Bains
Yannik Plomb
Yannik Plomb

Les premiers gyrobus du monde en service à Yverdon

Le 1er octobre 1953, la ville d'Yverdon-les-Bains inaugure sa première ligne de transports publics.

Rompant avec la tradition des trams, des trolleybus ou des bus, la Municipalité avait choisi un moyen inédit en jetant son dévolu sur le «gyrobus», un véhicule électrique sur pneus circulant de manière autonome.

Le principe de fonctionnement du gyrobus a été mis au point à Berlin en 1909 par Auguste Scherl. Un prototype circula en démonstration à Yverdon du 24 novembre au 5 décembre 1950. Les essais furent convaincants et on passa commande de 2 véhicules.

Ces derniers avaient une capacité de 70 places (35 assises et 35 debout).

N° chassis 3495/3496 2 bus gyroscopiques pour Yverdon-les-Bains.

Couleur du corps: rouge vif avec bande jaune.

Les deux Gyrobus au terminus des Condemines édition Perrochet Lausanne

Le 11 octobre 1953, l'exploitation démarra entre les Tuileries et les Condémines, via

Bel-Air soit environ 6 km. Le service assurait 50 courses par jour, et le tarif pour le trajet complet était de 80 centimes.

Durant le premier exercice, les gyrobus ont parcouru 114 000 km, ont transporté 351000 voyageurs et l'excédent des charges fut de 22 000 Fr, soit moins de 2 Fr. par habitant.

La consommation de courant électrique était de 346 000 kWh, ce qui représentait une dépense de 24 000 Fr, soit 0,20 Fr environ par kilomètre.

Certaines voix s'élevèrent contre les coûts des gyrobus, et le maintien d'un transport public à Yverdon fit l'objet d'une votation populaire les 24 et 25 octobre 1959. Les citoyens se prononcèrent pour le maintien des transports publics, et il fut décidé de remplacer les gyrobus par des bus de marque Saurer, le 1er novembre 1960.

L'exploitation des gyrobus a donc duré 7 ans.

Ainsi en sept ans d'exploitation, les deux gyrobus à disposition ont parcouru 712 000 km, soit environ 340000 km pour chacun des véhicules de la ville ; le solde a été fourni par le prototype Oerlikon, qui assurait les remplacements. Ensemble et durant la même période ils transportèrent

1 953 000 voyageurs.

Leur vitesse maximum était de 60 km/h, pour un poids en charge d'environ 14 tonnes ; la puissance nominale du moteur de traction était de 100 CV et l'effort de traction maximum à la jante de 2 500 kg.

Ecologique avant l'heure, le Gyrobus n'émettait pas de gaz, pas d'odeur, pas de bruit.

Il n'imposait pas la construction de lignes de contact ou la pose de rails. Pour pallier les pénuries de pétrole, le gyrobus était par ailleurs idéal. De plus, il était économique à l'usage.

Mais alors que s'est-il passé ? Pourquoi après 7 années d'exploitation les deux Gyrobus ont ils pris le chemin de la casse ?

Les causes d'un insuccès

Il existait tout de même quelques inconvénients qui s'additionnèrent avec le temps et sonnèrent un jour le glas de cette belle aventure.

D'abord, il fallait souvent attendre aux arrêts 3 ou 4 minutes pour la recharge, et pour l'usager c'était long.

Ensuite le rayon d'action était limité et les jours de grande circulation il était difficile de maintenir la rotation du volant entre les arrêts de recharge. Il devait être relancé pendant une durée de deux à trois minutes tous les cinq kilomètres. La situation financière de la Société se détériora rapidement, car les frais d'entretien étaient élevés.

A remarquer que la Société ne disposait d'aucun garage adéquat pour garantir la maintenance correcte de ces véhicules fort complexes.

Par ailleurs, le système de suspension de l'électrogyro donnait quelques inquiétudes lorsque le Gyrobus devait quitter le tracé habituel pour s'engager sur un terrain plus accidenté (travaux routiers, chantiers, dénivellations). Mais c'est surtout la défection progressive des usagers qui précipita la fin de l'aventure. Plusieurs facteurs peuvent l'expliquer ; par exemple, le choix de l'itinéraire ne rencontrait pas l'approbation générale, ainsi la gare n'était pas desservie.

Il a vite été abandonné en raison de sa masse trop importante et de son effet gyroscopique qui l'ont rendu peu attrayant d'un point de vue économique.

Il ne subsiste aujourd'hui aucun des véhicules utilisés alors.

Développés par la société suisse Oerlikon dans les années 50 les gyrobus ont été utilisés pendant environ sept ans à Yverdon et Grandson en Suisse, Léopoldville au Congo Belge, et Gand en Belgique. Ils utilisent un moteur électrique qui est alimenté par un grand volant en acier pesant 1500 kg (un volant d'inertie). Une fois que le volant est lancé, son énergie cinétique est convertie en énergie électrique et alimente le moteur de propulsion. Lors de la montée et descente des passagers le volant est rechargé, il est remis en rotation. Ce système permet d'atteindre une vitesse de 50-60 km/h pour une autonomie de 6 km environ. le temps de recharge du volant est relativement long (3-4 minutes), et le volant, pesant plus d'une tonne et lancé à 3000 tours/minutes représente un certain danger. C'est pourquoi les autorités abandonnent rapidement les gyrobus, dès la fin des années 60.

Le 17 janvier 1956, le châssis n ° 3900 a quitté les bâtiments de l'usine de FBW.Ce devrait être le dernier gyrobus construit.

Gyrobus prototype drawing Dessin Oerlikon

Un lecteur m'a fait parvenir un intéressant document d'actions au porteur qu'il a récupéré dans sa famille je l'en remercie infiniment, mais je ne suis pas arrivé à lire son nom

notrehistoire.imgix.net/photos...

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Yannik Plomb
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25 janvier 2019
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