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«Femme aux bras croisés» - Oeuvre d'Alexandre Meylan

«Femme aux bras croisés» - Oeuvre d'Alexandre Meylan

1 avril 2018
Sylvie Bazzanella
Sylvie Bazzanella

Cette sculpture en bronze, oeuvre de l'artiste Alexandre Meylan se trouve au Parc des Eaux-Vives.

Alexandre Meylan a collaboré à la restauration de sculptures ornementales (Grand-Théâtre et Hôtel de Ville de Genève, château de Nyon, château de Dardagny, etc.)

Membre fondateur de l'Association professionnelle des sculpteurs de Genève.

A enseigné le modelage à l'Ecole des Beaux-Arts de Genève.

Il est trop simpliste de penser que chez l'artiste dit «figuratif» il ne se passe rien.

La révolution dans l'art d'Alexandre Meylan se fait à l'intérieur, comme en témoigne le regard de la plupart de ses personnages, regard fixé vers un au-delà qu'ils entrevoient sans le saisir encore dans sa totalité. Rien ne sera changé tant que l'homme lui-même n'aura pas changé. Cette interrogation sur le devenir de l'homme, sur ses entraves, trouve sa meilleure expression dans une petite sculpture intitulée «L'incommunicabilité», titre éloquent où l'homme prisonnier de parois invisibles mais contraignantes mesure son isolement; ou encore dans «Le mutant», où le lierre enserre le mollet de l'homme comme pour l'empêcher de franchir le dernier pas. La rigidité presque égyptienne de cette sculpture, son absence de geste très caractéristique des œuvres de Meylan - et pourtant étrange chez un artiste figuratif - sont peut- être le signe qu'à notre époque il n'est plus de geste véritablement «signifiant». Ces personnages, dont il émane une dignité secrète, une vie intérieure d'autant plus intense qu'elle est contenue, n'ont pourtant rien d'inerte. Le repos n'est jamais que le prélude à l'action et le geste à peine ébauché ou apparemment absent est riche de toutes les possibilités.

Les nus féminins qui occupent une grande place dans l'œuvre d'Alexandre Meylan témoignent d'une délicatesse et d'une pudeur infinies. Ils sont tout douceur et sensibilité. A la rigueur des hommes, ils opposent pour la plupart la souplesse et la grâce; à la recherche et au doute, une certaine sérénité, une présence tranquille.

Là encore, à travers l'anecdote de leur corps transparaît le tempérament très personnel de l'artiste qui a su ne retenir que l'essentiel, témoignant ainsi de sa probité foncière qui l'empêche d'emprunter les sentiers battus, l'éloigne de toute facilité et de toute concession à la mode pour ne suivre que sa propre démarche.

Mais c'est peut-être dans le travail de la pierre qu'éclate le mieux ce savant dosage de virilité et de poésie dont est façonné l'artiste. C'est en effet là qu'il s'exprime avec le plus de force. La simplicité des volumes, le dépouillement de ses tailles directes, l'amour de la matière patiemment polie donnent à ces œuvres souffle et plénitude.

Toutes ces qualités se retrouvent, différemment exprimées, dans une suite de dessins par lesquels Alexandre Meylan illustre la diversité de son talent.

Ainsi, s'il est des œuvres qui se livrent d'emblée et dont on fait le tour rapidement il en est d'autres dont le contenu humain est si riche qu'on ne peut les atteindre qu'au prix de nombreux contacts et d'un commerce fréquent. L'œuvre d'Alexandre Meylan est de celles-là.

Nicole de Warlincourt.

Préface extraite de l'ouvrage : Alexandre Meylan : Athénée, Salle Crosnier, du 17 novembre au 17 décembre 1977

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