Igor STRAWINSKY, Suite de Pulcinella, OCL, Ernest ANSERMET, 24 octobre 1949

24 octobre 1949
Radio Télévision Suisse
René Gagnaux

Igor STRAWINSKY, Suite de Pulcinella, OCL, Ernest ANSERMET, 24 octobre 1949 - C'est l' un des nombreux fascinants documents des archives de la Radio Suisse Romande resp. Radio Télévision Suisse... Cet enregistrement vraiment historique fut rediffusé dans le premier volet de la série de 10 émissions «75 ans de l'OCL», réalisée par François HUDRY et diffusée entre les 3 et 13 juillet 2017.

Igor Strawinsky, Paris, Juin 1929, © Boris Lipnitzki/Roger-Viollet - Une photo citée du site ParisEnImage - Cliquer sur la photo pour l'original et ses références

Ernest Ansermet n' a dirigé l' Orchestre de Chambre de Lausanne qu' une seule fois, un concert donné à Lausanne, le 24 octobre 1949:

Ernest Ansermet et Igor Strawinsky, une photo citée du superbe film «Ansermet au jour le jour»

Le compte-rendu de ce concert, tel que publié dans la Gazette de Lausanne du 25 octobre, signé «Ed. H.», abordant aussi la soit-disant - à l'époque très controversée... - concurrence entre l'OSR et l'OCL, à l'époque les deux plus importants orchestres en Romandie...

"[...] Ernest Ansermet dirige l'O.C.L.

Deuxième concert de l'abonnement à marquer d'une pierre blanche. Ernest Ansermet conduit l'O.C.L.; cela peut dissiper des malentendus n'ayant heureusement jamais existé que pour ceux qui ne veulent croire qu'à un seul distributeur de musique possible; cela permet enfin au grand animateur symphonique de prendre intimité avec les musiciens dont Lausanne peut être fière, et réciproquement. C'est une joie pour tous ceux qui admirent également deux ensembles existant pour la gloire de la Suisse romande, vivant sur même palier, à appartements différents. Il serait bon maintenant qu'on n'entendît plus parler de «concurrence», de «rivalité», mots jamais prononcés du reste par les principaux intéressés. La limpide rivière a le droit dé couler à côté du grand fleuve, elle ne fait en somme que l'alimenter, tous deux courent au même but et l'atteignent.

Débutant par des pièces de noble style de Rameau et de Claude le Jeune dites avec la souple rigueur de cordes dont il faut louer une fois encore l'étonnante homogénéité, menées avec cette élégance intelligente qu'apporte Ernest Ansermet à toute construction de l'esprit, le concert se terminait par l'adorable suite de «Pulcinella» de Stravinsky. Ce «Pergolèse poivré», comme on a dit adroitement, encore que la dose de condiment est là distribuée avec une sûreté de main inimitable et qu'on ne sait que préférer du fournisseur ou du saucier. L'O.C.L. et ses collaborateurs n'en sont pas à leur coup d'essai et font un coup de maître sous la direction de celui à qui ces musiques doivent une partie de leur vitalité et peut-être de leur pérennité.

Oeuvres nouvelles, dont l'une est une première audition. La «Piccola sinfonia giocosa» de Willy Burkhard fait figure souriante dans une littérature un peu bien austère et l'on a certain plaisir à trouver de graves qualités au service dé pensers amènes. J'avoue trouver plus franche satisfaction au «Concerto da camera» pour flûte, cor anglais et orchestre à cordes d'Arthur Honegger, où Edmond Defrancesco et Edgar Shann mirent le meilleur d'eux-mêmes, ce qui n'est pas peu dire. Quelle tonicité dans ces pages riches et concises où maîtrise de l'art et art lui-même ont la sincérité des forts, sans jamais outrecuidance! Qu'Arthur Honegger jongle avec des plumes ou des poids de cent kilos, son aisance est la même; son rire et ses larmes ont la même action directe. C'est ainsi que le «Concerto da camera» par sa «santé», sa franchise, et même son «économie» rejoint sans effort les plus vastes monuments du plus grand des compositeurs contemporains. À ces deux difficiles exécutions, les musiciens apportèrent tous leurs soins, guidés qu'ils étaient par Ernest Ansermet toujours admirablement lucide et sensible devant l'oeuvre à révéler.

Ce concert de qualité rare n'eut pas dû laisser une place vide, le théâtre était seulement plein. Malgré le Nautonier, pas assez de passagers pour ce qu'on croit l'autre rive. Mais on ne saurait rien regretter devant l'évidente satisfaction du chef et de ses musiciens, devant l'enthousiasme du public. Et Victor Desarzens aura pu comprendre qu'on l'acclamait aussi. Ed. H.

[...]"

À ne pas oublier: cet extrait est rendu disponibles grâce aux splendides archives Le Temps, consultables LIBREMENT sur la toile, une générosité à souligner - et un point commun avec les archives de la RTS!

Le concert fut diffusé en différé sur Sottens le 23 novembre suivant.

CLIQUER sur les minutages ci-dessous - en début de ligne - pour écouter l'extrait tel que diffusé dans l'émission de François Hudry (ouvre une fenêtre sur l'archive de la Radio Télévision Suisse, au début du passage concerné)

37:18 (2238) François Hudry, courte présentation d'Ernest Ansermet et de Pulcinella, suivie de...

39:33 (2373) Igor Strawinsky, Suite d'orchestre Pulcinella, OCL, Ernest Ansermet, 24 octobre 1949

Igor Strawinsky avait écrit Pulcinella pour trois voix et un orchestre de 32 instrumentistes seulement; l'oeuvre fut créée à l'Opéra de Paris le 15 mai 1920 par les Ballets russes, sur une chorégraphie de Léonide Massine, avec décors de Pablo Picasso, sous la direction musicale d'Ernest Ansermet - qui en était à cette époque le chef d'orchestre.

Pour plus de détails sur Pulcinella voir par exemple cette page de Wikipedia.

En 1922 le compositeur en compose une suite - qu'il réécrira en 1949: elle place les parties vocales dans l'orchestre. Sa première audition fut donnée à Boston le 22 décembre 1922, par le Boston Symphony Orchestra sous la direction de Pierre Monteux.

Ses différentes parties:

39:33 (2373) 1. Sinfonia 01:51 (-> 01:51)

41:24 (2484) 2. Serenata 02:57 (-> 04:48)

44:21 (2661) 3. a: Scherzino

b: Allegretto

c: Andantino 07:00 (-> 08:51)

48:24 (2904) 4. Tarantella 02:02 (-> 10:53)

50:26 (3026) 5. Toccata 02:54 (-> 11:45)

51:18 (3078) 6. Gavotta (con due variazioni) 03:51 (-> 15:36)

55:07 (3307) 7. Vivo 05:14 (-> 16:59)

56:32 (3392) 8. a: Minuetto

b: Finale 04:18 (-> 21:17)

En cliquant sur les minutages - donnés ci-dessus en début de ligne, vous pouvez (ré)écouter directement la partie concernée (ouvre une fenêtre sur l'archive de la Radio Télévision Suisse, au début de cette partie).

CLIQUER ICI pour écouter le premier épisode des «75 ans de l'OCL» depuis son début: ce volet était consacré à des oeuvres de Bach, Mozart, Strawinsky, Lily Boulanger, Tomasi et Schubert, interprétés par des solistes et chefs invités.

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  • Martine Desarzens

    Cher René, Merci pour ce magnifique rare document. Sans aucune preuve écrite, mais pour avoir toute mon enfance entendu notre père dire combien Ernest Ansermet était son maître, son mentor, celui qui l'avait choisit comme premier violon dans son orchestre alors qu'il venait de passer sa virtuosité de violon au Conservatoire de Lausanne, je suis certaine que ce choix est celui de Victor Desarzens, pour rendre hommage à son mentor, son ami, son maître, Ernest Ansermet , qui lors d'un voyage en train de Genève à Lausanne, en compagnie de Frank Martin, Ernest Ansermet à dit à mon père Victor, alors premier violon à l'OSR depuis 10 ans; " Victor il est temps que vous créiez un orchestre de Chambre à Lausanne " ainsi la Suisse romande aura un orchestre symphonique à Genève et un orchestre de Chambre à Lausanne, ces deux villes sont à moins d'une heure entre elle en train, ( à cette époque ), il avait rajouté " Victor partez à Paris chez Nadia Boulanger pour travailler les gestes, l'attitude et le rôle d'un chef d'orchestre "(...). Contrairement à ce qu'écrit le journaliste Hd. H.....dans la Gazette de Lausanne du 25 octobre, signé «Ed. H.», abordant aussi la soit-disant - à l'époque très controversée... - concurrence entre l'OSR et l'OCL, à l'époque les deux plus importants orchestres en Romandie...Il n'y a que les médias et certaines mauvaises langues qui ont fait courir cette rumeur totalement fausse. Merci cher rené. Je suis rarement sur NH, mais toujours ravie de vous lire. Je vous embrasse mon grand ami, Fou de musique comme j'aime à dire. Martine Desarzens.

René Gagnaux
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10 février 2018
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