Un artiste avec de très multiples facettes, André HELLÉ - pseudonyme d'André LACLÔTRE -, est à l'origine de cette oeuvre: en 1913 il propose à Claude Debussy de composer la musique d'un ballet pour enfants dont il avait écrit l'argument et qu'il avait illustré de dessins en couleurs. Enthousiasmé, Debussy accepte et commence de composer une version pour piano.

"[...] L'oeuvre a été composée par Debussy en 1913 alors que s'annonçait la première guerre mondiale. Malgré une apparente légèreté liée au monde enfantin, la partition laisse en réalité transparaître les inquiétudes du compositeur et d'une époque. Certes ce ne sont que des polichinelles et des soldats de plombs qui se livrent bataille, il n'empêche: les motifs sont aussi absurdes que ceux des humains, et les conséquences aussi terribles.

Debussy était au début de la guerre très patriote. Il se faisait appeler Claude de France et regrettait que son âge et sa maladie ne l'autorisent pas à s'engager. Pourtant au fur et à mesure que le conflit s'enlisait et que les pertes s'accumulaient de part et d'autre l'absurdité de tout cela finit par lui sauter aux yeux. [...]" cité de ce fichier pdf du site opera-orchestre-montpellier.fr.

Claude Debussy dédia l'oeuvre à sa fille Claude-Emma, dite «Chouchou», alors âgée de sept ans. Il termina la partition en octobre 1913.

Page de couverture de la première édition, illustrée par André Hellé, provenant de cette page du site GALLICA de la BNF. Droits: Domaine public

Pour la partition magnifiquement illustrée par André Hellé voir à partir de cette page du même site.

Les principaux protagonistes sont une Poupée, Polichinelle, un Soldat, Arlequin, Pierrot, un Marin, une autre Poupée, un Soldat anglais, un «Nègre», le Berger et la Bergère.

L'oeuvre est en 4 tableaux, précédés d'un prélude «Le sommeil de la boîte», et suivis d'un épilogue «Le magasin de jouets».

En préface de la partition, André Hellé écrit:

"[...] Les boîtes à joujoux sont des sortes de villes dans lesquelles les jouets vivent comme des personnes. Ou bien les villes ne sont peut-être que des boîtes à joujoux dans lesquelles les personnes vivent comme des jouets.

Des poupées dansaient: un soldat vit l'une d'elles et en devint amoureux. Mais la poupée avait déjà donné son coeur à un polichinelle paresseux, frivole et querelleur.

Alors les soldats et les polichinelles se livrèrent une grande bataille au cours de laquelle le pauvre petit soldat de bois fut fâcheusement blessé. Délaissée par le vilain polichinelle, la poupée recueillit le soldat, le soigna et l'aima: ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Le polichinelle frivole devint garde-champêtre. Et la vie continua dans la boîte à joujoux. [...]"

L'année suivante, 1914, Claude Debussy travaille sur la version orchestrale, mais - trop affaibli par la maladie - il réalise qu'il ne pourra pas la terminer: il confie alors à son ami André Caplet le soin de l'achever.

La première guerre mondiale retarde toutefois le projet: André Caplet ne peut terminer l'orchestration qu'après le décès de Claude Debussy en 1918.

La Boîte à Joujoux fut donnée en première audition le 10 décembre 1919 au Théâtre lyrique du Vaudeville à Paris sous la direction musicale de Désiré-Émile Inghelbrecht, dans des décors et costumes d'André Hellé, sur une chorégraphie de Robert Quinault.

À écouter sur cette page est l'un des enregistrements mythiques d' Ernest ANSERMET, c'est l'un des premiers disques que je me suis acheté dans mes jeunes années, le Decca SXL 2136...

Lors des sessions du 9 au 10 mai 1957 - qui ont été faites aussi bien en mono qu'en stéréo - Pr: James Walker Eng: Gil Went (m), Roy Wallace (s)) - a aussi été enregistrée la suite Printemps.

Les deux oeuvres sont parues en mono en avril 1958 sur le Decca LXT 5351, puis en juillet 1958 sur le London LL 1734, suivi par la version stéréo en juillet 1959 sur le Decca SXL 2136 et en novembre 1959 sur le London CS 6079, ensuite plusieurs fois réédités (quelques photos de ces pochettes sont au bas de cette page).

La première parution sur CD n' a eut lieu qu'assez tard, en juin 1992 - Decca 433 712/14.2DM. Actuellement disponible: dans le coffret de 2 CDs Decca Eloquence Cat. No.: 480 0130, «Debussy: Dramatic Works and Ballet Music», paru en Australie dans la splendide série «Decca Ansermet Legacy».

L' enregistrement que vous écoutez...

Claude Debussy, La Boîte à joujoux, orchestration d'André Caplet, L 128, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 9 et 10 mai 1957, Victoria-Hall de Genève

1. Prélude «Le sommeil de la boîte» 02:07 (-> 02:07)

2. Tableau 1 - «Le magasin de jouets» 10:32 (-> 12:39)

3. Tableau 2 - «Le champ de bataille» 08:05 (-> 20:44)

4. Tableau 3 - «La bergerie à vendre» 06:00 (-> 26:44)

5. Tableau 4 - «Après fortune faite» 01:41:800 (-> 28:25:800)

6. Épilogue «Le magasin de jouets» 01:11:200 (-> 29:37)

Provenance: Decca SXL 2136, ZAL 3627-2E, ZAL 3628-3E.

Quelques pochettes de rééditions de cet enregistrement:

CM 9209

SDD 293

Disque 25cm BR 3041