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Modest MUSSORGSKI, orchestration de Maurice RAVEL, Les Tableaux d'une exposition, Ernest ANSERMET, Radioscolaire, 30 novembre 1947

30 novembre 1947
Radio Télévision Suisse
René Gagnaux

Dans cette Radioscolaire du 30 novembre 1947, Ernest ANSERMET analysait et commentait les Tableaux d'une exposition de Modest MUSSORGSKI, dans l'orchestration composée par Maurice RAVEL en 1922 (c'est Serge Koussevitzky qui commanda cette orchestration à Ravel, en s'assurant le droit exclusif de la jouer jusque vers 1930: cette exclusivité incita d'autres compositeurs à écrire d'autres orchestrations de l'oeuvre de Mussorgski, afin de pouvoir la faire jouer par d'autres chefs d'orchestre).

Ernest Ansermet connaissait très bien l'oeuvre, en ayant donné la première audition suisse le samedi 29 mars 1930 avec son Orchestre de la Suisse Romande (douzième et dernier concert de l'Abonnement de la saison 1929-1930):

Voir par exemple cette page du site onstage pour le programme complet.

Pour présenter les Tableaux, ce programme de concert reproduisait un extrait du programme officiel de l'Orchestre Symphonique de Paris:

"[...] Le 24 janvier 1874 eut lieu la première représentation de Boris Godounov. Au printemps de la même année, une exposition réunissait à l'Académie des Beaux-Arts, à Saint-Pétersbourg, un ensemble de dessins et d'aquarelles dus à un architecte, intime ami de Moussorgsky et qui venait de mourir, Victor Hartmann.

Or, dès le 22 juin 1874, était entièrement achevée une suite pour piano où Moussorgsky évoquant le souvenir de cette exposition, se peignait lui-même allant d'un tableau à un autre (Promenade) et transposait musicalement quelques-uns de ces tableaux. Au motif de la Promenade - qui revient au moins trois fois presque intégralement - succèdent de courts tableaux dont nous pouvons dire qu'ils ont créé, dans la musique de piano, un nouveau style descriptif, d'une extrême vivacité, d'un esprit caricatural sans précédent et qui, tout à l'opposé du lyrisme schumanien, rappelerait plutôt l'art psychologique des clavecinistes français, leur sens aigu du portrait, du croquis.

L'audace harmonique, parfois, de ces petites pièces et l'extraordinaire puissance suggestive de leurs dessins rythmiques devaient rencontrer en 1922, dans une orchestration de Maurice Ravel, une comparable sûreté de transposition et un non moins égal sens comique. Sollicité par Serge Koussewitzky, Ravel sut trouver pour des pièces, telles entre autres le Ballet des poussins dans leur coque ou le marché de Limoges, la vivacité ou l'imprévu orchestral qu'elles exigeaient, prêter aux sollicitations du pauvre juif Schmuyle le nasillement cocasse d'une trompette avec sourdine, souligner même, par la voix d'un tuba solo, l'allure nostalgique d'un charriot polonais qui s'approche, énorme, puis s'éloigne. Nous reproduisons l'analyse explicative, que Moussorgsky rédigea lui-même en tête de son manuscrit:

I. Gnomus. - Dessin représentant un petit gnome, allongeant des pas maladroits sur ses petites jambes torves.

II. Il vecchio castello. - Château du moyen-âge, devant lequel un troubadour chante sa chanson.

III. Tuileries. - Une allée du jardin des Tuileries avec une nuée d'enfants et de bonnes.

IV. Bydlo. - Un chariot polonais sur des roues énormes, attelé de boeufs.

V. Ballet de poussins dans leurs coques. - Un dessin de Hartmann, pour monter au théâtre une scène du ballet Trilby.

VI. Samuel Goldenberg und Schmuyle. - Deux juifs polonais, l'un riche et l'autre pauvre.

VII. Limoges. - Le marché. - Des femmes se disputant avec acharnement sur le marché de Limoges.

VIII. Catacombae. - Sur ce dessin Hartmann s'était représenté lui-même, examinant l'intérieur des Catacombes de Paris, à la lueur d'une lanterne.

IX. La cabane sur des pattes de poule. - Le dessin de Hartmann représentait une horloge en forme de cabane de la Baba-Yaga sur des pattes de poule.

X. La porte des Bohatyrs de Kiew. - Le dessin de Hartmann représentait son projet de construction d'une porte d'entrée pour la ville de Kiew, de style ancien Russe massif, avec une coupole en forme de casque slave.

André SCHAEFFNER.

(Extrait du Programme officiel de l'Orchestre Symphonique de Paris). [...]"

Ernest ANSERMET a ensuite souvent dirigé cette oeuvre en concert; il l'a enregistré quatre fois pour le disque:

- une première fois en 1947, avec l'Orchestre Symphonique de Londres (mono)

- en décembre 1953 avec son Orchestre de la Suisse Romande (OSR) (mono)

- en avril 1958, en mono et en stéréo, avec l'OSR: cet enregistrement n'a toutefois pas été publié. La discographie Decca de Philip Stuart n'indique pas la raison, mais seulement «Unpublished [band numbers SAR1605-6], re-made in Nov 59». Il semblerait que cet enregistrement soit quand-même paru plus tard sur CD pirate au Japon.

- en novembre 1959, en stéréo, avec l'OSR.

La qualité sonore de cette radioscolaire - provenant des archives de la Radio Suisse Romande - est vraiment remarquable - vu son âge -, un vrai bijou, qui a été miraculeusement bien conservé!

L'enregistrement que vous écoutez...

Modest MUSSORGSKI, Orch. Maurice RAVEL, Tableaux d'une exposition, Ernest ANSERMET, Radioscolaire de la Radio Suisse Romande, 30 novembre 1947 34:54

Provenance: Radiodiffusion, Archives Radio Television Suisse

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