Ernest ANSERMET et sa fameuse barbe en pointe...

Ernest ANSERMET et sa fameuse barbe en pointe...

1919
F.H. Jullien
René Gagnaux resp. sources indiquées dans le texte

Cette photo d' Ernest ANSERMET avec sa fameuse barbe en pointe - faite par F.H. Jullien - fut publiée en page 32 du Journal Illustré «La Patrie Suisse», No 662, Vingt-sixième année, Genève, 5 février 1919, illustrant une courte présentation signée «A.B.», donnant un bon résumé de la vie d'Ernest ANSERMET jusqu'en 1918, année de la fondation de l'Orchestre de la Suisse Romande:

"[...] ERNEST ANSERMET - Chef de l' Orchestre de la Suisse romande

M. Ernest Ansermet a entièrement justifié, comme chef de l' Orchestre de la Suisse romande, la confiance qu'ont placée en lui ceux qui l'ont appelé à cette importante charge. Il fait preuve, soit comme artiste et musicien, soit comme administrateur et homme pratique, des plus remarquables qualités; il fait face avec une merveilleuse et étonnante virtuosité à un labeur dont tout autre serait accablé. C'est d'ailleurs une curieuse et intéressante personnalité. Il descend d'authentiques Vaudois: sa mère, qui fut institutrice au collège de Montreux, était une soliste de concert appréciée; son arrière- grand- père maternel, Jean- Louis Charoton, de Mont-la-Ville, fut chef des musiques militaires de Morges et de Cossonay, jusqu'en 1864, et son fils Marc lui succéda. La «Musique Charrotton» était bien connue au pied du Jura, d'Aubonne à Orbe. Fils de feu Gabriel Ansermet, géomètre , qui fut député de Vevey au Grand Conseil vaudois, le chef de l'Orchestre de la Suisse romande est né le 11 novembre 1883, à Vevey, où il a fréquenté l'école primaire et le collège. Voué tout d'abord aux mathématiques, il fit, au Gymnase scientifique et à l'Université de Lausanne, puis à la Sorbonne, à Paris, des études qui lui valurent la licence en mathématiques de l'Université lausannoise et, dès 1906, une place de maître de mathématiques au Collège cantonal de Lausanne.

Les mathématiques et la musique sont soeurs: nombre de grands mathématiciens furent des instrumentistes distingués; Lausanne compte un musicien, M. Alexandre Dénéréaz, qui jongle avec les chiffres, l'astronomie et les sphères, comme avec les notes; un professeur de mathématiques transcendantes de l'Université de Lausanne, M. le Dr Amstein tint longtemps, avec distinction, sa partie de violoncelliste à l'Orchestre symphonique. Tout en enseignant aux futurs pasteurs ou avocats du collège les mystères de l'a + b, ou des équations à une ou plusieurs inconnues, du premier ou du second degré, Ernest Ansermet dirigeait, déjà avec succès, l'Orchestre des jeunes collégiens, qui se produisait aux cérémonies - promotions et autres - du Collège. Attiré vers la musique, il s'initie aux mystères de l'harmonie, du contrepoint et de la fugue, avec Alexandre Dénéréaz, à Lausanne; Otto Barblan et Ernest Bloch, à Genève; Lacerda, à Montreux; Gédalge, à Paris. De 1902 à 1908, il donne à la Gazette de Lausanne des articles de critique musicale , et, pendant un séjour à Berlin, des «lettres d'Allemagne» fort goûtées. Il fait à l'école Vinet des cours sur la musique française moderne, et à la Maison du Peuple, en 1909, sur la musique russe, vers laquelle il se sent de plus en plus porté. Le 15 mars 1911, il dirige à Lausanne (Maison du Peuple) son premier concert symphonique.

Le Kursaaal de Montreux, une carte postale mise sur NH par Jean-Luc Bonnet

En 1912, il succède à Lacerda à la tête de l'Orchestre du Kursaal de Montreux; en 1914, quelques jours avant la déclaration de guerre, il dirigeait, au Théâtre de Mézières, l'orchestre des représentations de Tell, de Doret et Morax; il a dirigé, à Genève, au cours de la saison 1916-1917, les grands concerts symphoniques d'abonnement, en remplacement de Bernhard Stavenhagen, décédé, et, de 1915 à 1917, l'Orchestre des «Ballets russes» pendant leurs tournées à travers le monde, aux Etats-Unis en 1915, en Espagne en 1916, en Italie et en Amérique du Sud en 1917. Depuis 1916, il est chargé de la «classe d'orchestre», au Conservatoire de Lausanne. C'est lui qui a préparé et dirigé les grands concerts organisés à l'occasion de la XIXme Fête de l'Association des musiciens suisses, à Lausanne, les 15, 16 et 17 juin 1918. Et, avant d'en prendre la direction, il a été le très habile organisateur de l'Orchestre romand, - ce qui, étant données les circonstances, ne fut pas une sinécure.

M. Ernest Ansermet est aussi compositeur: on lui doit des oeuvres pour piano, pour orchestre, pour chant: Printemps des feuilles, poème pour orchestre; La Cloche fêlée et Causerie, sur des poèmes de Baudelaire (1912); Sept chansons pour chant et piano, paroles de C.-F. Ramuz. «M. Ernest Ansermet, écrivait de lui en 1913 M. Gustave Doret, est l'un des artistes les plus fins et les plus intelligents, l'un des plus impressionnables et des plus enthousiastes de la jeune génération musicale suisse. Autodidacte, ses mérites sont grands, et l'audace dont il fait preuve sans souci du public, ne sont point pour diminuer la sympathie qu'il éveille; au contraire.»

A. B. [...]"

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René Gagnaux
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24 décembre 2017
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