Rothorn de Zinal, 4221 mètres

Rothorn de Zinal, 4221 mètres

Marcel Maurice Demont
Marcel Maurice Demont

Rothorn de Zinal, 4221 mètres, arête nord, à partir de la cabane du Grand Mountet, 2886 mètres, difficulté AD+ (Assez Difficile supérieur), en l'an 1958.

La photo montre le 1er de cordée (l'auteur du texte, 17 ans à l'époque) franchissant un des passages-clefs de ce très bel itinéraire de haute montagne: le Rasoir.

A l'arrière-plan, on distingue nettement, encore enneigé, un autre obstacle réputé de cette arête: le Sphinx.

Alpinisme à l'ancienne: économie de moyens, des hommes, une montagne.

Pas de baudrier: encordement sous les bras par un noeud de bouline (et non autour de la taille), cette manière de faire était dite 'autrichienne'.

Sac à dos très dépouillé, en grosse toile.

Crampons à lanières (pas visibles sur la photo).

Très court marteau-piolet à manche en bois, droit (choix personnel, la majorité des alpinistes évoluaient alors avec des piolets à long manche, pour s'appuyer et s'aider comme d'une canne lors des marches d'approche).

Corde de trente mètres, en nylon.

Pas de mousquetons, ni de dégaines, ni de sangles, ni de pitons, ni de coinceurs, ni de marteau pour cette course très classique (certains matériels n'avaient pas encore été inventés, d'autres étaient jugés superflus).

Pantalon golf, chemise en coton, pull de laine, veste en coton imprégné servant en hiver d'anorak de ski.

Comme casse-graine, du pain, du fromage, du lard, quelques fruits secs, une gourde de thé au vin rouge et, en guise de gel ou de barre énergétique, un tube de lait condensé sucré qui, trop souvent, crevait et engluait le contenu du sac.

Pour cette ascension, mon compagnon de cordée, de dix ans plus âgé, était Michel Rod, instituteur, de Sainte-Croix, canton de Vaud.

Michel nous a quittés pour un monde qu'on dit meilleur, il y a bien longtemps déjà.

En 1963, soit quatre années pleines d'aventures plus tard, je devins porteur de montagne (aspirant guide), en 1966 guide skieur, et en 1967 guide de montagne.

Depuis, j'ai souvent répété l'ascension du Rothorn de Zinal avec mes clients, par différentes voies, certaines plus difficiles. Jamais je n'ai omis d'avoir un pensée émue pour Michel, l'ami des jeunes années.

Et maintenant encore.

22 mai 2017, Marcel Maurice Demont

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