La Cabane des Diablerets, 2485 mètres, Alpes Vaudoises, en 1958.

De gauche à droite: l'auteur, une 'cousine', André Kolly, Johnny Tièche et, mains dans les poches, le gardien du refuge, le fameux Milon.

C'est dans le cadre de la préparation des festivités devant marquer le cinquantenaire (1948 - 1998) de la Société Vaudoise des Guides de Montagne, Guides Skieurs et Porteurs, que le guide de montagne des Diablerets, Pierre Danalet, m'a conté l'anecdote suivante.

"Ça se passe à la cabane des Diablerets. Je suis en charge de trois groupes de Belges en provenance de lieux de villégiature différents: les uns viennent de l'Etivaz, les autres de Château-d'Oex, et les derniers de Leysin. Je dois rapidement organiser le rangement afin que l'on s'y retrouve dans les équipements et la nourriture - je n'empêcherai toutefois pas un mélange de souliers qui permettra, le lendemain, sur la neige, d'observer une trace étonnante, elle avait à l'évidence été faite par un alpiniste pourvu de deux pieds gauches! -

Donc, je nomme un responsable de la nourriture, un des souliers, un de, etc., puis charge un des moniteurs encadrant l'un des groupes d'une fonction essentielle, allumer le feu. Je contrôle par-ci, donne une information par-là, aide à démêler une corde, trie un amas de baudriers, règle un crampon, soigne une écorchure. Ça fume, ça fume, on évolue à tâtons, on se prend les pieds dans des objets non identifiables si ce n'est aux vagues grognements de protestation qu'ils poussent. Je sors de la cabane, jette un coup d'oeil à la cheminée: il n'en sort par le moindre panache de fumée. Je rentre dans la cabane, cherche la cuisine en hésitant, à l'aveugle, trouve le fourneau-potager, en ouvre la porte, rien, pas une flamme. Il avait allumé le feu dans le four, le moniteur! Allez, une fois."

Raconté par le guide des Diablerets Pierre Danalet (1930).

Ecrit par Marcel Maurice Demont, en 1996.