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Franz Walter, un court hommage de Jean-Claude Poulin

Genève
2 octobre 1984
René Gagnaux

Le texte suivant est cité du Journal de Genève, mardi 2 octobre 1984, page 23, un hommage signé Jean-Claude Poulin:

"[...] Un critique qui a imposé son style

Avec Franz Walter disparaît l'une des personnalités les plus attachantes et les plus marquantes du monde musical genevois: il était peu de musiciens qui ne fussent les amis de cet homme discret et chaleureux, grave et si plein d'humour, généreux toujours, comme savent l'être les artistes qui s'impliquent dans ce qu'ils font.

Et des choses, il en faisait: de la musique, d'abord, qu'il enseignait - violoncelle et quatuor à cordes - qu'il pratiquait - de la façon la plus émouvante s'agissant des oeuvres du répertoire; la plus drôle lorsqu'il se moquait, avec la complicité de Guy Bovet, du violoncelle et des violoncellistes.

La musique dont il parlait - à la radio, s'entretenant avec chefs et solistes pendant les fameux «Propos de l'entracte» des concerts de l'OSR; et dans ce journal, dont il fut pendant trente ans le critique musical aussi compétent que sensible, toujours admirablement informé, mais non moins retenu dans sa manière d'exprimer ses réserves ou ses désaccords. Cette extrême sensibilité, jointe à l'élégance de la diplomatie, donnaient à ses textes une tenue incomparable, une lumière toujours positive; mais, en même temps, à qui savait les lire, ces textes ne cachaient jamais la vérité.

C'est à ces qualités que le «Journal de Genève» doit d'avoir, pendant plus d'un quart de siècle, maintenu la grande tradition d'une critique musicale qu'avaient, avant Franz Walter, illustrée un Albert Paychère ou un Gustave Doret: mais, après ces plumes volontiers vitriolées, et non toujours exemptes de parti-pris, Franz Walter a imposé son style, qui est celui d'une critique moderne, à la fois plus ouverte, plus informative et plus élégante. La reconnaissance que je lui dois de m'avoir demandé, un jour de 1966, de prendre à mon tour la plume de temps à autre, puis de m'avoir honoré d'une confiance qu'il ne discuta jamais, est à la mesure de ma tristesse aujourd'hui, qui est grande.

Le «Journal de Genève» présente à son épouse et à sa fille Francine l'expression de toute sa sympathie.

Jean-Claude Poulin [...]"

À souligner: ces documents historiques sont rendus accessibles grâce à l'admirable banque de données du quotidien Le Temps permettant de rechercher dans les archives de la Gazette de Lausanne et du Journal de Genève, et ceci sur les 200 ans passés!!

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René Gagnaux
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30 octobre 2016
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