Fontaine algues et mousses place de la Louve

Fontaine algues et mousses place de la Louve

12 mai 2013
Martine Desarzens
Martine Desarzens

Ces fontaines à l'allure parfois laides et sales, et d'autrefois couleur mousse fraîche de forêt que j'ai envie de toucher....aujourd'hui la population est habituée à croise ces drôles de fontaines, mais au début les commentaires des passants ne manquaient pas d'accuser les autorités à dépenser l'argent du contribuable pour "n'importe quoi"....!

Des algues et des mousses. Les fontaines de la place de la Louve sont alimentées par une grande rivière souterraine. «Il faut regarder avec une loupe. On voit l'aspect gluant des algues et le petit tapis humide formé par les mousses. Cela parle aux sens, ici c'est le toucher. Et ça rafraîchit idéalement l'atmosphère.». Ces fontaines marquent l'ancien passage du cours de la Louve et sont alimentées par cette dernière. La Louve rejoint le cours du Flon au niveau de la place Pépinet. Le trajet de ces deux rivières est devenu souterrain et canalisé au XIXème siècle, alors que l'Europe combat le choléra et le typhus.

Symbolique

....." ce cas, la fontaine devient ailleurs balise, souvenir, témoignage. C'est le cas des bornes rondes au faible filet d'eau de l'architecte genevois Georges Descombes qui, toujours à Lausanne, rythment de leur sobre présence la place de la Louve fraîchement refaite. Sa proposition s'inscrit de fait dans le cadre plus vaste de l'aménagement de l'ancienne bannière (quartier) de Saint-Laurent et part de la place de la Riponne: «La page était déjà écrite, nous n'avons fait qu'en réécrire un paragraphe en modernisant l'histoire pour qu'elle soit plus compréhensible», explique Léopold Veuve, chargé du mandat dans le cadre du bureau Urbaplan. Les sept bornes doivent ainsi permettre de relire le parcours aujourd'hui souterrain de la Louve. Faites en tuf, elles vont peu à peu se recouvrir de mousse. Un processus où les amateurs d'art verront sans doute l'influence de la célèbre fontaine bernoise de Meret Oppenheim. «On ne peut pas cacher qu'on y a pensé», admet Léopold Veuve qui insiste cependant, dans le cas lausannois, sur la volonté première d'évoquer à la fois la source, l'eau qui sourd de la roche, et la grotte.

..."Soyons lucides! Dans notre société du tout-utile, écologique et politiquement correct, les fontaines sont une aberration, un anachronisme. Elle coûtent relativement cher, «gaspillent» l'eau, nécessitent beaucoup d'entretien quand elles sont en circuit fermé et, objectivement, ne servent à rien. Il est bien révolu en effet le temps où l'on y cherchait l'eau du ménage. C'est à peine si le passant d'aujourd'hui s'y désaltère: il s'y rafraîchit surtout l'esprit.

«En architecture comme en urbanisme, rien ne vaut une fontaine», estimait pourtant l'écrivain Nicolas Bouvier...."

..."Certaines fontaines sont inaugurées à grand fracas. D'autres, modestes et à petit budget, passent pratiquement inaperçues...."

Des colonnes, des bassins, des plans d'eau, encore des colonnes: à croire que la fontaine contemporaine ne peut être qu'un lieu de reprise, voire de tradition. Et plus l'on en voit plus le constat s'impose: l'originalité des propositions de Tinguely à Bâle, Paris ou Fribourg reste une exception. Quelques artistes contemporains ont certes tenté de concilier leur recherche de plasticien avec l'usage de l'eau, de sa force physique ou de ses connotations émotionnelles. Leurs réalisations, souvent, n'ont été que temporaires ou liées à un événement particulier.

extrait article "Les nouvelles fables de la fontaine" de Mireille Descombes, Hebdo 1998

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Martine Desarzens
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12 mai 2013
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