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Pierre à Dzo, Monthey

Pierre à Dzo, Monthey

31 mai 2012
Daniel A. Kissling
Daniel A. Kissling

Il s'agit en fait non pas d'un, mais de deux blocs erratiques superposés. Ils sont du même type lithographique, soit en granite du Mont Blanc. Le nom Dzo est un terme régional qui signifie perché ou juché. Autrefois, le bloc perché devait être mobile puisqu'il a été décrit dans des ouvrages anciens comme pierre branlante (Wackelstein). De tels blocs branlants sont également connus en Suisse alémanique sous les vocables de Schwingstein, Waagstein, Gnepfstein ou Gnappstein.

Dans son « Essai sur les glaciers et sur le terrain erratique du bassin du Rhône », publié en 1841, Jean de Charpentier mentionne la forte concentration en blocs erratiques de la région de Monthey - Collombey. Il cite, entre autres, la Pierre à Dzo à la page 141 : « Un très gros bloc, appelé la Pierre à Dzo, d'une forme irrégulière, polyédrique, est perché sur un autre; mais il n'y est retenu que par un troisième bloc fort petit et fendu verticalement par la chute du premier; sans cet appui il se précipiterait sur le bourg de Monthey. II est absolument imposib1e qu'un choc horizontal ait produit de pareils accidents. Je ne crois pas commettre une exagération en comptant la bande des blocs erratiques de Monthey parmi les objets les plus curieux, les plus remarquables, et les plus instructifs que l'on puisse trouver dans les Alpes. Ces blocs jetant beaucoup de jour sur la cause probable du transport des débris erratiques, nous invitons les géologues qui visitent la Suisse occidentale, à aller voir ce dépôt vraiment extraordinaire.»

Monthey pierre a dzo

A noter que l'artiste a légèrement déformé la réalité avec le personnage situé à l'avant plan qui semble minuscule en comparaison des blocs. En réalité, il devrait être représenté de telle manière à ce que sa tête se situe près du sommet du bloc inférieur.

Les observations de De Charpentier reprises ci-dessus ont été effectuées bien avant que les graniteurs ne jettent leur dévolu sur les blocs erratiques pour les transformer en marches d'escaliers, encadrements de fenêtres, maies de pressoirs etc.. De Charpentier soutenait, à l'époque, que les blocs erratiques avaient été déposés par les glaciers contre l'avis d'autres scientifiques qui les voyaient comme le produit de catastrophes de type fluvial.

Sur la face arrière du bloc supérieur figure l'inscription suivante :

A J. DE CHARPENTIER - DON NATIONAL 1853 - TRANSFERE A LA SOCIETE VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES - 1875 - PIERRE A DZO - PERRAUDIN - 1815 -

Au sujet de l'origine et de la mise en place de ces rochers, se rapporter au descriptif du Bloc Studer http://www.notrehistoire.ch/photo/view/37224/

Par sa disposition, ce groupe de blocs rappelle un peu les Pierres du Corbi, à Ravoire sur Martigny. notnotrehistoire.ch/photo/view/37...

Au cours de recherches sur Internet, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir sur le site www.lieux-insolites.fr une photo présentant deux blocs de granite en position similaire mais situés près du Yaudet, un hameau de la commune de Ploulec'h dans les Côtes d'Armor, c'est-à-dire à quelque 750 kilomètres, à vol d'oiseau, de la frontière suisse.

Yaudet-27 pierre-branlante

La mise en place de ces blocs n'est évidemment pas l'œuvre des glaciers, mais le résultat d'une l'érosion ayant attaqué les lignes de fracture dans la roche. Je remercie l'auteur de la photo, André Unterfinger, d'avoir permis de l'utiliser.

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  • Martine Desarzens

    MERCI pour ce commentaire que j'ai beaucoup apprécié; je ne connaissais pas du tout Jean de Charpentier... ainsi que le photo bien entendu... Je vais revenir sur ces liens....merci

Daniel A. Kissling
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