A l'heure de midi, vendangeurs et vendangeuses ont interrompu leur travail et se sont assis sur l'herbe sèche de la prairie qui coiffe le sommet de la vigne. Comme à l'école ou à l'église, les hommes sont d'un côté et les femmes de l'autre. Alors que celles-ci gardent sagement leur foulard sur la tête et transforment leur tablier en assiette, ceux-là ont tombé leur veste et, en bras de chemise, partagent un verre de ce fameux païen capable, dit-on, de faire d'un bègue un orateur, de rendre heureux un mélancolique et de donner au plus malingre la force d'un géant. Dans la belle lumière de l'automne, on devine, de l'autre côté du ravin, le village d'où ils sont venus le matin et où ils retourneront le soir.

Les vignes de Visperterminen ne sont pas banales puisqu'elles grimpent jusqu'à 1200 mètres d'altitude et concourent pour le titre du plus haut vignoble d'Europe. Leur situation et la géométrie de leurs versannes ont attiré les regards de nombreux photographes. Comme à son habitude, Max Kettel (1902-1961), lui, s'est intéressé aux gens qui les travaillent.