Sierre - Chippis, les locomotives de l'usine (1908-2000) Repérage

23 février 2015
A. Salamin
Albin Salamin

Chippis, le 23 juillet 1908, les premiers fours à électrolyse sont allumés à Chippis, une dizaine de jours plus tard, sortent les premiers lingots d'aluminium.

Avec le développement de la ligne de chemin de fer du Simplon et l'ouverture du tunnel en 1906, le transport de la bauxite et de la production de l'usine pouvait se faire par chemin de fer. D'ailleurs, dès 1905, la Société AIAG (Aluminium Industrie Aktien Gesellschaft) entreprend des travaux pour relier le site de l'usine à la ligne de chemin de fer à la gare de Sierre. Cette réalisation se fera sous la direction de l'ingénieur Palaz.

La première locomotive avait été achetée d'occasion au Chemin de fer de Kriens-Lucerne en 1906 où elle portait le numéro 2. Cette locomotive était carénée et avait été construite en 1886 par la maison Krauss à Munich. Trop faible, elle fut retirée du service en 1915 mais démolie en 1930 seulement.

Photo Grégoire Favre

Rappelons qu'à l'époque ce genre de machine carénée étaient des tramways qui circulaient en ville en même temps que d'autres tramways à chevaux. Le carénage de la machinerie était là pour essayer de moins effrayer les chevaux (A lire: les tramways à vapeur).

La deuxième machine à vapeur achetée par la société était une "Tigerli" type CFF E 3/3 (Voir le premier article sur ces machines à vapeur), construite par la SLM à Winterthur. Elle sera mis en service en 1910, son nom "Navizence".

La Société d'aluminium en acheta donc six de ces machines capables de tirer des charges de plus 270 tonnes.

Elle portait le numéro 4. En février 1983, chargée sur un train à Sierre, elle fut cédée au Landesmuséum de Manheim qui la transféra en 1996 au musée ferroviaire hollandais MBS à Haaksbergen où elle remorque des trains historiques.

La troisième locomotive fut acquise en 1915 et elle porta le nom de "Rhône" N:5. Cette dernière sera mise hors service en 1981, cédée à la commune de Sierre puis en 1988, à l'Amicale du train à vapeur de la Vallée de Joux et finalement au chemin de fer touristique Conifer en 1998.

Et aussi la "Rhône" à Chippis:

Photo Jean-Pierre Genoud

La troisième locomotive, dérivée des "Tigerli" mais un peu plus grosse car elle avait quatre essieux. Livrée en 1917, ce modèle unique portait le nom de "Sierre". Elle fut retirée du service en 1960 et démolie l'année suivante. En 1965, la Société racheta aux CFF une ancienne E3/3 8507 datant de 1910. Cette sixième locomotive à vapeur reprendra le nom de "Sierre" et portera le numéro 30. Elle sera cédée en 1981 à M. Fournier qui l'exposera comme monument souvenir à Sierre:

La cinquième locomotive. également du type "Tigerli" est achetée d'occasion au CFF en 1963 (ancienne E3/3 8523), construite en 1915. Elle prend le numéro 29 et le nom de "Chippis". Elle sera mise hors service en 1982 et cédée à l'Amicale du train à Vapeur de la Vallée de Joux.

La septième locomotive à vapeur fut également achetée d'occasion en 1965 mais à l'Usine à Gaz de Vernier à Genève où elle était sans emploi. Elle prendra le numéro 31 et le nom de "Géronde". Retirée du service en 1980 et vendue à l'entreprise de récupération Thévenaz-Leduc à Ecublens qui ne l'a pas démolie mais l'expose en monument devant son usine (?).

Est-ce cette locomotive que nous pouvons voir sur cette vidéo de la RTS?

Devant chez Thévenaz-Leduc:

Photo Pedro Soares

Toutes ces vénérables locomotives à vapeur, cahotantes, chuintantes, crachant des volutes de fumées, ces ancêtres des machines électriques ou diesels, remplissaient vaille que vaille leur tâche. De loin, on entendait leur sifflet et leur essoufflement et on se disait "Voilà le train de Chippis".

Ces locomotives c'est aussi le souvenir pour de nombreux ouvriers qui chaque jour prenaient ce train pour se rendre à l'usine gagner leur vie. Je me souviens également l'avoir pris pour nous rendre à la fête de l'usine où nous étions reçus par la direction avec un petit quatre heure et voir un film. En fin d'après-midi, nous recevions surtout un petit cadeau de Noël, toujours très utile, comme des habits, des chaussures ou en dernière année, un réveil.

En ce matin du mardi 19 août 1980, la fête fut belle pour prendre congé de la dernière machine à vapeur qui sera remplacée par des locomotives Diesel. Ce passage ne tient pas aux performances des unes et des autres mais à la difficulté de trouver des pièces de rechange et du fait que les CFF fermaient leur dernier atelier d'entretien des machines à vapeur.

La première locomotive Diesel fut acquise neuve en 1939 chez Robert Aebi à Regensdorf. De puissance insuffisante, elle fut revendue en 1952 à l'entreprise Cattori au Tessin

Photo Grégoire Favre

La deuxième locomotive Diesel pour remplacer la précédente, également à deux essieux fut achetée en 1951 et construite en Angleterre par Ruston & Hornsby. Elle roula jusqu'en 1982, année où elle fut vendu à l'entreprise Cablofer de Bex.

Photo mis à disposition par M. Willi Ritschard à Bex

Nous avons ensuite la troisième locomotive Diesel livrée en 1981 par le constructeur allemand Henschel & Cie de Kassel. Elle est nommée "Géronde". Puissante et à trois essieux, elle assurera dès lors le trafic marchandise entre Sierre et Chippis.

Photo mise à disposition par Sébastien Jarne

La quatrième locomotive Diesel datant de 1982, sonnera le glas définitif des machines à vapeur. Fournie aussi par Henschel, elle est moins puissante que sa sœur Géronde mais elle sera surtout utilisée comme véhicule de manœuvres à l'usine. Elle répond au nom de Rhône.

Photo Willi Ritschard

Remerciements et sources:

J'aimerai remercier tout particulièrement M. Sébastien Jarne qui m'a fourni un document détaillé de toutes ces informations. Une partie des sources est tirée également des archives du Nouvelliste.

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