Lettre à un soldat_21 Repérage

14 octobre 1939
chemin Bonvent 11, Cointrin, Genève
Lina Archinard-Guillard
Claire Bärtschi-Flohr

Lettre de ma grand-mère, Lina Guillard, épouse Archinard, à son fils Albert, mobilisé dans la Ligne Maginot.

Photo sur laquelle on peut voir les deux protagonistes (Lina deuxième et Albert quatrième en partant de gauche) : http://www.notrehistoire.ch/photo/view/11295/

Belle écriture très lisible, français simple mais impeccable, pas une faute d'orthographe....

Cointrin, le 14 octobre 1939

Mon bien cher Albert,

J'espère que tu as enfin reçu nos nouvelles et nos paquets. Renée était toute désolée de penser que tu étais sans nouvelles, elle qui écrit continuellement et envoie des paquets. Je t'ai envoyé une chemise vendredi passé, pensant que ça pouvait te rendre service. C'est difficile pour toi, l'entretien du linge.

Je t'envoie une nouvelle chemise, une savonnette et un dentifrice. J'espère que tu as reçu mon petit paquet chocolat et bonbons.

Je répète mes nouvelles précédentes. Tout d'abord, je suis allée chez Mme Champendal mercredi après-midi avec papa qui voulait faire la charge. Ta fille grandit, elle fait force risettes. C'est un amour. Dieu veuille que tu puisses bientôt en profiter. Renée est bien, pleine de courage. Tu as une brave petite femme. A la maison, toujours de même : Papa continue, le docteur est venu le voir lundi matin et a trouvé qu'il va bien. Carlotte a reçu son congé pour fin novembre. Elle espère trouver autre chose. Henri est à Calorie, il est content. J'espère qu'il donnera satisfaction. Je ne sais si je t'ai dit qu'on lui donne Fr. 100.- par mois. Mme Plançon est toujours avec nous, heureusement.

Nous avons ces jours beaucoup de pluie et un temps doux, j'ai déjà allumé le fourneau de la salle à manger. Il marche très bien et je pense toujours à toi qui a encore fait ce travail avant de partir.

Nous avons reçu une longue lettre de Charles. Il a eu une angine et a été 10 jours à l'infirmerie où il était soigné admirablement. La planque, quoi. Il va bien maintenant, a été équipé en kaki et va partir pour Angoulême. Il dit de ne plus écrire jusqu'à ce que j'aie sa nouvelle adresse. Il a retrouvé un copain qui avait fait sa période avec lui à Strassbourg. J'attends donc pour lui envoyer ta nouvelle adresse. C'est dommage que la correspondance mette si longtemps pour vous parvenir.

Des grands-parents, nous ne savons plus rien. Il est impossible d'obtenir des papiers pour aller les voir. J'ai écrit et attends des nouvelles.

Mon cher Albert, ta maman est sans cesse en pensée avec toi. Prends bon courage, les mauvais jours passeront et nous nous retrouverons tous bientôt. En attendant, reçois les bons baisers de ta maman qui t'aime beaucoup.

Chacun se joint à moi, tout le monde nous demande de vos nouvelles. Mme Muller m'a dit hier de bien te saluer.

Je n'ai plus que les enveloppes du garage. C'est samedi. Renée vient cet après-midi avec sa maman. Je me réjouis de voir ma petite Claire.

Bon courage, à bientôt.

Non signée

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