Au bon vieux temps

© Direction générale des Postes et des Télégraphes, Inspectorat des courses
Sylvie Bazzanella

Jusqu'au début du XIXe siècle, la plupart des voies de communication des Alpes suisses restèrent dans un état primitif. La Gemmi et le Grimsel, par exemple, avaient alors la réputation d'être des casse-cou.

Quant au service postal, il était surtout organisé pour le transport des lettres et des messageries, plus productif il est vrai que celui des voyageurs. Dans quelles conditions nos ancêtres purent-ils utiliser la poste pour franchir les passages alpestres ?

Postes fédérales. La poste à traîneaux.

© Musée de la Communication, Berne

Grand Saint-Bernard. - Ensuite d'une interruption du trafic par le Mont-Cenis, deux genevois entreprenants, Thellusson et Gzuiger, établirent un courrier par la voie du Grand Saint-Bernard en 1690, afin de relier leur ville à celle de Turin. Le patricien bernois Béat Fischer, fermier des postes de son canton depuis 1675, chercha bientôt, non sans succès, à supplanter ce service. En même temps qu'un courrier hebdomadaire pour les lettres, Fischer, qui était un homme de vaste conception, créa par cette voie une messagerie à cheval destinée au transport des voyageurs et des marchandises. Bimensuel au début, ce service ne tarda pas à devenir également hebdomadaire. Six jours étaient nécessaires pour couvrir la distance de Lausanne à Turin. Le voyage coûtait 45 livres (une livre bernoise = environ 1 fr. 50 or) avec un certain poids de bagages. Un petit nombre de chevaux furent échelonnés le long du parcours, savoir : deux à Vevey et un à chacun des relais d'Aigle, Saint-Maurice, Sembrancher et Bourg Saint-Pierre. Ce nombre fut augmenté dans la suite. La charge à transporter était fixée à 50 livres pour le cheval du postillon et à 200 livres au moins pour les autres bêtes. Des habitants de Bourg Saint-Pierre, de Saint-Rémy et d'Etroubles se chargèrent par contrat du déblaiement des neiges jusqu'à l'Hospice. Ce service paraît avoir subsisté plusieurs années.

© Musée de la Communication, Berne

Un ancien manuel (itinéraire classique de l'Italie, Paris, 1824) nous apprend que les voyageurs désireux de passer du pays de Vaud en Italie par un chemin plus court que celui du Mont-Cenis, prenaient habituellement la route du Grand Saint-Bernard. Ils allaient en voiture de Martigny à Sembrancher et sur des charrettes de là à Bourg Saint-Pierre. L'ouvrage ajoute qu'en 1793, des Anglais donnèrent l'exemple de faire transporter leurs voitures à la manière du Mont-Cenis, c'est-à-dire en les démontant à Martigny pour les remonter à Aoste. Les frais de ce transport étaient naturellement très élevés : 18 ou 20 louis neufs (1 louis neuf = 24 francs or) non compris les malles.

Postes fédérales; écusson de conducteur.

© Musée de la Communication, Berne

Article extrait de : © Le Centenaire des postes alpestres suisses

Rédaction : Direction générale des Postes et des Télégraphes, Inspectorat des courses, Berne, 1932

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  • Albin Salamin

    Le plaisir de voyager s'est développé avec le chemin de fer, bien plus confortable et plus rapide que les diligences. Merci pour ce magnifique document et ces informations.

  • Philippe Decreuze

    En marge de ce sujet passionnant, je citerai ici mon bisaïeul Henri Kuhn qui fut conducteur de locomotives sur la ligne du Gothard et le préféré de Napoléon III et du Shah de Perse pour leurs déplacements.

Sylvie Bazzanella
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10 juin 2010
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