Repérage
Les vendanges de la famille Crettol

Les vendanges de la famille Crettol

octobre, 1946
Louis Berclaz pour les images "amateur" et Raymond Schmid pour le cliché professionnel
Pierre-Marie Epiney

Avec 4 enfants sur 8, la famille de Lucie et Raymond Crettol-Berclaz se prépare à conduire la vendange aux caves Provins.

Le papa Raymond complète un dernier tonneau en y versant une pleine brante de raisins alors que la maman Lucie garde la vache - la Tzatagne - qui ne doit pas avancer et qui conduira, bientôt, l'équipage aux caves.

Debout, sur le char se trouvent, de gauche à droite : Michel Crettol, Aimée Crettol (l'aînée de la famille) et Monique Crettol.

La fillette assise à l'arrière, Hélène Crettol (Schuler) alors âgée de 5 ans nous raconte l'aventure de cette descente à la cave Provins :

"Comme je marchais à l'extérieur gauche du char, un cheval transportant de la vendange nous a dépassés. Malheureusement, il est passé sur mon pied. On a dû me conduire à l'hôpital de Sierre pour me soigner."

Le photographe est le père Louis Berclaz, - frère de Lucie, - missionnaire à Madagascar qui vouait une vraie passion pour la photographie. C'est lui-même qui développait ses images.

La famille s'est arrêtée de travailler le temps de la pose photo.

voir aussi ce document :

notrehistoire.imgix.net/photos...

Et voici ce que disait Rose Bünter-Salamin (1927-2012) dans son blog

du 22 octobre 2008 et retranscrit par sa petite-fille Ivana :

En marchant je me prends à rêvasser à la période des vendanges du temps de mon enfance…

Eh oui, l’atmosphère est différente. Dans le vignoble femmes, enfants, vignerons étaient à la tâche. L’on remplissait de la précieuse récolte, bidons, bassines, avec la brante, les hommes vidaient le tout dans les tonneaux qui stationnaient au bord du chemin pour en fin de journée être acheminés dans diverses caves au gré des vignerons. L’ambiance était gaie. A chaque participant était dévolu une ligne à cueillir minutieusement le raisin et à ramasser les grains tombés sur le sol (actuellement pour favoriser la qualité). C’était un peu la fête ; rivalité affectueuse; qui travaille avec plus de dextérité; restauration sur place, thé chaud, vin, fromage, viande séchée, l’on chantait et nous avions plaisir à écouter nos tantes nous raconter des histoires d’autrefois, histoires parfois je pense inventées

A la tombée du jour tout le monde quittait la vigne pour apporter la précieuse récolte aux caves respectives. Pour nous les caves PROVINS. C’était un long cortège de chars tirés par mulets, vaches. Ce cortège partait de la place Beaulieu jusqu’à Provins, en colonne, à chacun son tour pour le déchargement, dans le calme, sans bousculade, échange de conversations avec les vignerons, picotant un raisin de-ci de-là, si nous trouvions du muscat, quel régal, car il était rare.

A la cave, la pesée, le degré d’alcool de la vendange. C’était le suspens car des résultats dépendait la paie que le vigneron percevait par tranches dont la dernière était reçue pour la foire de Sainte Catherine, revenu qui s’utilisait à cette occasion, pour divers achats, habits, outils, fromage, petit lard, machines agricoles et autres, et même bétail ; les carrousels animaient la cité. Un petit pécule était en réserve en prévision de Noel. La période des vendanges c’est la récompense d’une vie de labeur. Pendant environ trois semaines il se dégageait dans la ville une atmosphère particulière, l’odeur du raisin pressé, du bétail à travers la cité, un certain mode de vie plus calme, bien mérité après le travail exigeant.

Une image (un peu) idéalisée

Par opposition aux images amateur de Louis Berclaz, missionnaire à Madagascar, ce cliché réalisé par l'excellent photographe sédunois R. Schmid (1900-1978) présente de façon (un peu) idéalisée les vendanges à Sion dans les années 60.

notrehistoire.imgix.net/photos...

Vous devez être connecté/-e pour ajouter un commentaire
  • Albin Salamin

    A l'époque, il n'y avait pas beaucoup de moyens de transport de la vendange vers les caves. Souvent pour limiter le prix du transport, on devait se "débrouiller". Mon père assemblait les pièces d'un char à bancs qu'il conduisait en tirant et nous, le reste de la famille, nous poussions ce char difficile à manier. C'était assez "dangereux" avec les caisses de vendange dessus. Certains vignerons avaient un mulet ou un bœuf et d'autres un tacot ou tracteur transformé. L'idéal était quand le marchand encaveur venait chercher lui même la marchandise.

  • Renata Roveretto

    Très belles images, surtout celle du haut avec la fillette.....un peu timide du regard.

  • Pierre-Marie Epiney

    J'ai complété les clichés amateur de Louis Berclaz par une image du photographe professionnel Raymond Schmid à qui la médiathèque du Valais consacre cet article : mediatheque.ch/fr/schmid-raymo...