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Ernest ANSERMET, env. 1921

Ernest ANSERMET, env. 1921

1921
Rigassi, Lausanne
René Gagnaux

Par endroits amusante, avec une tout aussi amusante pique ("[...] aidé par maintes bonnes volontés capitalistes [...]"), une courte biographie d'Ernest Ansermet parue dans la brochure-programme du concert donné par l'Orchestre de la Suisse Romande et Ernest Ansermet le jeudi 31 mars 1921 au Victoria Hall de Genève (entièrement consacré à des extraits d'oeuvres de Richard Wagner), duquel provient la photo ci-dessus (source: cette page du projet onstage de l'HEMU-CL (Haute Ecole de Musique) et du Conservatoire de Genève)

"[...] M. Ernest Ansermet

La carrière si soudaine et brillante de M. Ansermet illustre d'une manière piquante l'antique proverbe, que nul n'échappe à son destin.

Il est maître de mathématiques au Collège cantonal, à Lausanne, lorsque M. de Lacerda quitte la direction de l'Orchestre du Kursaal de Montreux. Aussitôt, il interrompt la démonstration commencée au tableau noir, plante là les potaches inconsolables et se lance à l'assaut du pupitre vacant. L'ayant conquis de haute lutte, il s'y installe et subit pendant deux ans le plus rude et le plus salutaire apprentissage (1912-1914). Obligé de se frotter à toutes sortes de musiques, de conduire deux concerts par jour et de faire exécuter des partitions compliqués à un orchestre restreint, il trouve encore moyen d organiser des soirées dont le souvenir demeure vivant pour plus d'un (ce festival Duparc, par exemple, où l'on entendit pour la première et, peut-être, dernière fois les Ländler et la Dante lente, pendant de Aux Etoiles).

La guerre déclarée, l'orchestre de Montreux est dissous. M. Ansermet retourne à ses nombres et brandit à nouveau en guise de baguette la craie professorale. Ce n'est qu'un bret répit. Privés de chef d'orchestre par les événements, les «Ballets russes» l'engagent comme tel en 1915. Cette fois c'est l'envol décisif. Il part pour les Etats-Unis et y dirige cent cinq spectacles en cent cinq jours, notamment à New-York (Metropolitan Opera et Century Theatre). L'année suivante il visite l'Amérique du sud (Montevideo, SaintPaul, Buenos-Aires, Rio). En 1917: tournée d Italie (Rome, Naples, Florence) et saison de Paris (au Châtelet). Ajoutons diverses tournées en Espagne (Madrid, Barcelone, Bilbao, Saint-Sébastien) et enfin la saison de Londres, en mai-juillet 1919 et celles plus récentes de Paris et Londres au cours de l'été 1920, pendant lesquelles il dirigea maints spectacles à l'Opéra et au Covent-Garden. Au cours de ces campagnes, M. Ansermet présida à la création de nombreuses oeuvres chorégraphiques de Rimsky-Korsakow, Liadow, Erik Satie, Scarlatti-Tommasini, Manuel da Falla, etc. Mais c'est surtout sa direction des oeuvres de Strawinsky, le Rossignol, le Sacre du Printemps, l'Oiteau de Feu, Petrouchka, qui lui vaut une renommée mondiale.

Entre temps il revient en Suisse où on lui confie, en 1915, la succession de Stavenhagen à la direction des Concerts d abonnement de Genève, et en 1916, le commandement en chef de la Fête des Musiciens suisses, à Lausanne. Enfin, aidé par maintes bonnes volontés capitalistes, il met sur pied, dans des circonstances périlleuses, l'entreprise considérable d'un orchestre voyageur, commun à plusieurs cantons: l'Orchestre de la Suisse romande, dont on parlait toujours sans y penser jamais. C'est là le titre essentiel de M. Ansermet à la gratitude nationale.

D'après C. Brailoï (Suisse Musicale). [...]"

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René Gagnaux
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25 septembre 2017
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