Le "VIN HERBÉ" de FRANK MARTIN, Informations sur les interprètes et les disques

Le "VIN HERBÉ" de FRANK MARTIN, Informations sur les interprètes et les disques

1 septembre 1961
Disques Westminster
René Gagnaux

**L'édition de Westminster est vraiment exemplaire en ce qui concerne les détails. Ci-dessus est reproduite la disposition des musiciens, un orchestre composé de musiciens de l'Orchestre Symphonique de Winterthur (SOW) et de l'Orchestre de Chambre de Lausanne (OCL). À cette époque, Victor Desarzens était le chef de ces deux orchestres, et partageait sa vie entre Lausanne et Winterthur.

(L'Orchestre Symphonique de Winterthur est un des plus anciens orchestres suisses, "l'ancêtre" de l'actuel "Musikkollegium Winterthur")

Les solistes vocaux:

Basia Retchitzka, soprano I
Nadia Tüscher, soprano II (Iseut)
Adrienne Comte, soprano III ( Branghien)
Hélène Morath, alto I (Iseut aux Blanches Mains)
Marie-Lise de Montmollin, alto II (mère d'Iseut)
Vera Diakoff, alto III
Oleg de Nyzankowskyi, ténor I
Eric Tappy, ténor II (Tristan)
Hans Jonelli, ténor III (Kaherdin)
Heinz Rehfuss, baryton I (Roi Marc)
André Vessières, baryton II (Duc Hoël)
Derrik Olsen, basse.

Aucuns des disques que je connais donne des informations sur la composition du choeur: je pense donc que le choeur devait être formé par l'ensemble des solistes vocaux.

Les premiers pupitres (venant tous de l'Orchestre de Winterthur)

Peter Rybar, premier violon
Clemens Dahinden, deuxième violon
Heinz Wigand, premier alto
Fritz Albert, deuxième alto
Antonio Tusa, premier violoncelle
Carlheinz Jucker, deuxième violoncelle
Klaus Holzmann, contrebasse

Au piano: le compositeur, Frank Martin
Direction: Victor Desarzens

Pour le disque:
Production: Dr. Kurt List
Préparation du matériel musical: Dr. Helmut Riessberger
Ingénieur: Josef Kamykowski
Éditeur: Ursula Curiel
Mastering: Peter Curiel
Coordination album: John Natoli
Cover design: Harry Farmlett

La note 77 en page 78 des Lettres de Frank Martin à Victor Desarzens précise que les préparations à l'enregistrement eurent lieu d'abord dans la grande salle du "Kirchgemeindehaus" de Winterthur (information venant de Victor Desarzens) puis à Lausanne. L'enregistrement fut réalisé dans les deux premières semaines de septembre 1961.

La première édition est parue en 1962 sur les deux disques de l'album Westminster WST 232. Il y a eu trois rééditions:

- MS 6210 Music Guild abc records (une division de Westminster Recording co.inc.

- ABC Paramount's Westminster XWN 2232

- Jecklin-disco 581/82

L'enregistrement est ensuite paru sur CD, également chez Jecklin, un CD depuis longtemps épuisé. À ma connaissance ces disques et CD ne sont disponibles qu'en occasion, avec de la chance...

Quelques remarques très intéressantes de Frank Martin, extraites des Lettres du compositeur à Victor Desarzens.

9 juin 1955 (page 22 des Lettres de Frank Martin à Victor Desarzens):

"[...] Oui, ça me ferait plaisir que vous donniez une fois le Vin herbé. On en a donné en Allemagne et à Salzbourg des réalisations scéniques; mais j'avoue que je n'ai pas trouvé cela satisfaisant. Cette pièce est pensée pour le concert et j'ai l'impression que toute représentation détourne l'attention de l'auditeur plutôt qu'elle ne l'aide à entrer dans le sujet. Le texte est, ici, de toute importance, et la concentration du public se produit mieux s'il peut lire le texte en écoutant la musique que s'il regarde sur la scène des gens qui n'ont rien à faire, ou presque.
En tout cas j'ai remarqué que cela porte mieux au concert qu'au théâtre.
Quant à la question orchestre, la solution d'Ansermet avec un grand ensemble de cordes est en tous cas à écarter.
Dans la plupart des scènes, le vrai caractère et la vraie sonorité viennent de l'emploi des instruments solos. Mais il est nécessaire d'avoir de très bons instrumentistes et qui connaissent très bien leur partie; alors toute maigreur sonore disparaît
. [...] c'est, au fond, une oeuvre de musique de chambre, d'intimité, et qui ne gagne guère à être amplifiée. (Par essence, une pièce mal conçue au point de vue commercial : coûte cher à monter et devrait se présenter devant un petit public.) [...]"

D'une autre lettre, du 22 janvier 1957 (page 23 des Lettres de Frank Martin à Victor Desarzens), Frank Martin ne pouvant venir à Winterthur pour assister aux répétitions et premières représentations:

"[...] Voilà des semaines que je débate, à part moi, si je vais vous entendre faire le Vin herbé, ou non. La tentation est énorme et me tenaille j'aimerais tellement réentendre une fois cette pièce, en concert, en français, et préparée comme vous savez le faire, et avec votre tempérament! Je l'ai trop entendue en allemand et avec des représentations qui empêchent l'imagination de faire son ouvrage. Mais, décidément, je dois y renoncer - et cela me pèse.[...]

[...] C'est donc à ma nouvelle machine que je sacrifie la grande joie de me trouver parmi vous tous, les exécutants du Vin herbé, la grande joie de vous entendre. J'espère que vous comprendrez mon scrupule ainsi que mon vrai chagrin; car je m'étais bien promis de ne pas manquer cette occasion rare de réentendre ce vieux « Vin herbé » qui m'est resté tout particulièrement cher. C'est une des pièces, avec Golgotha et In Terra Pax, où je me suis donné le plus entièrement, celle où, enfin, j'avais pu inscrire toutes mes rêveries et mes passions de jeunesse. Je suis heureux pourtant de savoir que vous trouvez de la joie à la travailler et que votre groupe instrumental est aussi dans le mouvement ; c'est très important, car la partie instrumentale est tout aussi solistique que la partie vocale et doit être sentie par chaque instrumentiste.
Il ne me reste, hélas, qu'à vous souhaiter une pleine réussite et un plein succès, tant à Lausanne qu'à Winterthour, et à vous envoyer à tous mes très grands regrets et mes pensées les meilleures
[...]"

Quelques années plus tard, en 1961, Frank Martin arrivera à se libérer suffisamment pour pouvoir assister du début à la fin à l'enregistrement fait par Westminster, et surtout pour y tenir la partie de piano.

Il a été présent du début à la fin, cet enregistrement sous la direction de Victor Desarzens représente donc totalement sa vue de l'oeuvre, ce qu'il voulait entendre.

Pour des informations sur les circonstances de la composition de cette oeuvre, voir la fiche de la photo http://www.notrehistoire.ch/group/victor-desarzens/photo/47937/.

Pour le premier fichier audio, Prologue et 1er tableau de la première partie, Le Philtre: http://www.notrehistoire.ch/group/victor-desarzens/audio/1260/.**

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René Gagnaux
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1 janvier 2013
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