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Madeleine Otth-Lazard, sculpteur; la tête de mon frère  Jean-Marie Desarzens

Madeleine Otth-Lazard, sculpteur; la tête de mon frère Jean-Marie Desarzens

1 janvier 1947
Martine Desarzens
Martine Desarzens

J'ai toujours aimé ce petit buste de mon frère Jean-Marie Desarzens, exécuté par la femme sculpteur Madelein Otth- Lazard.

Elle avait son atelier dans le parc Mont-Repos derrière les volières.

Enfants nous allions très souvent dans l'atelier de Madeleine Ottg-Lazard.

J'aime beaucoup ce que cette femme artiste a fait.

Jean Otth, artiste lausannois et ami, m'a envoyé ce beau texte qu'il a écrit en hommage à sa marraine; Madeleine Otth-Lazard, qui était la seconde femme de son grand-père Alois.

Je remercie Jean Otth de ce beau partage pour les membres de NH....

Tout petit déjà….

À l'âge de cinq ans, mon fantasme de l'artiste avait déjà pris ses marques dans l'atelier de ma marraine, Madeleine Otth-Lazare. Sculpteur, elle était la deuxième femme de mon grand père. Derrière une volière d'oiseaux exotiques, au milieu d'un parc somptueux, cet atelier était avec d'autres aménagé dans les anciennes écuries de la Ville de Lausanne. Dans l'un de ces locaux, Freddy Buache qui allait fondé la Cinémathèque suisse, entreposait ses trésors .

L'atelier de sculpture sentait la terre et les chiffons humides dont l'odeur de putréfaction naissante était largement compensée par celle du Nescafé dont on me donnait le mini berlingot d'aluminium vide en guise de joujou, souvent accompagné d'une autre boîte d'aluminium, celle-là pleine, dont les deux trous permettaient la succion délicieuse du lait condensé Nestlé sucré.

Mais ma fascination était pour ce que j'apercevais très haut, sur les sellettes de bois : des femmes de terre, gris foncé, blanches, terre de Sienne brûlée ou bronze selon l'avancement des travaux, se penchaient ou se tordaient pudiquement sur moi, en contre-plongée bienveillante pour le petit garçon que j'étais. La plupart étaient totalement nues mais d'autres, en travaux, étaient drapées à la manière des pudeurs espagnoles qui exacerbent leur mystère par un recouvrement que Christo allait exploiter vingt ans plus tard. On devait être à l'automne 1945.

Cet univers entrevu de femmes qui en ces temps-là se parfumaient beaucoup me ravissait, et sans que je le sache, allait être le terrain de mon activité artistique la plus problématique, la plus pernicieuse et la plus fascinante à la fois. Le souvenir d'un modèle disparaissant derrière un paravent à notre arrivée ma mère et moi, suscite encore aujourd'hui une excitation rétrospective délicieuse.

Cet incident allait être déterminant dans la composante érotique que je voyais innocemment liée à la création artistique et plus confusément au statut d'artiste…

Deux autres événements allaient un peu plus tard renforcer mon intuition : l'art ne pouvait exister sans la complicité d'Eros, cela à l'âge où Thanatos n'existe pas encore.

Jean Otth

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