Jacques Favarger architecte vit au Château de Malley et accueil son fils le peintre Robert Favarger

Jacques Favarger architecte vit au Château de Malley et accueil son fils le peintre Robert Favarger

Copyrigth. Musée historique de Lausanne / Frederic Mayor. Reproduction interdite
Martine Desarzens

Les photos ci-dessous sont la propriété de la fille de Robert et Jeanne-Marie Farvarger, petite fille unique de l'architecte Jacques Favarger; Dominique Favarger Peter, que je remercie pour ce prêt.

Elles font partie de son "album" de photos de famille.

Enfant, j'ai très souvent été au Château de Malley chez les Favarger avec mes parents, mais à 5 ans les souvenirs ne sont pas très certains......

La belle écriture manuscrite sous certaines de ces photos est celle de Jeanne-Marie Favarger


En 1948, l'architecte Jacques Favager louait très bon marché une partie de cette grande maison de maître appelé Château de Malley.

Malgrés son allure de maison de maître, cette maison n'avait aucun confort et était habitée par des familles lausannoise peu fortunées

Son fils Robert et sa belle fille Jeanne-Marie Favarger vivaient dans la maison du jardinier dans le jardin.

de gauche à droite; Robert Favarger, Jeanne-Marie Favarger une amie.




A cette époque chaque famille cultivait un jardin potager derrière la maison .

La photo ci-dessous est sortie du contexte de Château de Malley, si je la fais apparaître dans ce document, c'est parce qu'elle illustre bien la grande amitié et solidarité qu'il existait entre ces artistes à cette époque si difficile d'après guerre.

Durant la guerre ils ont accueillis de nombreux juifs français artistes.

Réseau durant la guerre voir ;http://www.notrehistoire.ch/group/victor-desarzens/photo/35065/

Jeanne -marie Favarder travaillait chez l'imprimeur Dubuis; elle se rendait au travail à la Cité à Lausanne en vélo.

Un jour de si grande difficulté financière Robert Favarger est parti avec le vélo pour le vendre au marché noir; le soir il est arrivé sans vélo, ni argent mais avec un cinéaste français juif caché à Lausanne....

.....Malley jadis et aujourd'hui

[L'avenue de Provence, qui fait partie du quartier de Malley en banlieue occidentale de Lausanne, est créée en 1958 dans le cadre du plan de développement urbanistique conçu pour l'Exposition nationale de 1964]

L'ouverture en août 1947 d'une succursale postale en Malley (Lausanne 16) a encore poussé au nord ce lieu-dit de la périphérie lausannoise. Et d'endroit bien déterminé sis sur le territoire de la commune chef-lieu du canton, là où se trouve le château dont nous allons parler, on a fait toute une agglomération, de 650 ménages et quelques milliers d'habitants à cheval sur trois communes : Lausanne, Prilly et Renens.

Au début de notre siècle, tout le coin auquel on donne de nos jours le nom de Malley était en prés et champs traversés par les grandes routes Lausanne-Genève, Lausanne-Jougne et quelques chemins. Les autos n'y passaient pas encore à grande allure, seuls les véhicules hippomobiles encombraient la chaussée. Il est vrai que la voie ferrée est plus ancienne ; installée par la Compagnie Jura-Simplon et inaugurée le 1er juillet 1855, il y a tantôt un siècle qu'elle coupe les terrains de Malley dans le sens est-ouest. Chacun sait que le tronçon ferroviaire Lausanne-Renens est le plus fréquenté de tout le réseau suisse et que des deux trains journaliers de 1855, il y en a aujourd'hui 250. Ce trafic record est une des raisons qui s'opposent à l'établissement d'une halte des C.F.F. en Malley.

Nous avons hâte de parler du château que bien peu de Lausannois connaissent. Il est en retrait de la grand'route, en bordure de ce chemin qui va rejoindre Tivoli en Sévelin. Nous heurtons à la lourde porte, est-ce le « châtelain », M. Gustave Pittet, qui nous répondra ? Nous le craignons, car nous connaissons son abord un peu bourru et s'il n'est pas disposé de nous renseigner, rien n'y fera. Le ciel est avec nous, c'est Mlle Elleen, sa fille, qui nous reçoit avec le sourire et beaucoup d'amabilité et nous voici dans le salon moyenâgeux de ce château méconnu.

D'un coup, tout le Malley hétéroclite, industriel et bruyant est oublié. D'un coup aussi nous faisons un bond d'un siècle dans le passé. Par la grande croisée, un paysage très doux, estompé par la brume, nous paraît tout à fait nouveau. Où sommes-nous ? Sous nos yeux un vallon charmant n'est autre que celui où le Flon et le Galicien se rencontrent pour fraterniser. À gauche, le bois de Montoie cache le cimetière et les maisons modernes de Montelly et à droite la colline de la gravière font se concentrer les regards sur le cœur de ce tableau : une échappée incomparable sur Vidy, le Léman et les Alpes. Aux grands peupliers s'ajoute le sommet d'une grue pivotante qui jure un peu ; elle est là pour la construction de la voûte sous laquelle on enfermera Flon et Galicien. Sortons dans le parc du château. Déjà quelques primevères s'y montrent. Le pin tordu, les grands wellingtonias, le magnifique cèdre, la pièce d'eau et ses roseaux contribuent au charme de cet endroit oublié et comme en retard sur notre temps.

Naguère le château était double si l'on peut dire. A l'ouest un corps de bâtiment identique à celui qui existe encore se dressait et tous deux étaient réunis par une cour d'honneur et en arrière se trouvaient les communs. Diminué dans son importance, le château de Malley a encore grand air et quand on sait son histoire on ne peut que lui tirer son chapeau. En voici quelques notes très brèves. Au Moyen-Âge, Malley était un territoire franc (un franc-alleu) qui ne payait au Chapitre de Lausanne qu'une redevance annuelle de 3 sols, un demi-chapon et 2 pots d'huile de noix pour l'autel de la Vierge. Puis ce fut une seigneurie appartenant à la famille des Ruynes de 1652 à 1682 et à LL.EE. de Berne pendant quatorze ans ; la famille Lemaire l'acquit en 1696 pour la somme de 12 mille livres bernoises. David Lemaire fit en Malley d'importantes constructions au début du XVIIIe siècle.

En 1802, une conspiration fut ourdie au château contre le Gouvernement helvétique et en faveur du retour de LL.EE. Les baïonnettes françaises des soldats du général Rapp mirent une sourdine aux plans de nos réactionnaires d'alors.

Après Waterloo, en 1815, Malley devint un nid de bonapartistes. François-Joseph Lainé, ancien officier de hussards réfugié en Suisse acquit Malley ; il reçut dans ses salons de nombreux artistes, écrivains, savants tous amis de l'Ancien Eégime et de l'Empereur déchu. En 1830, donc bien après la mort de celui qui avait fait trembler l'Europe, il accueillit notamment la reine Hortense, mère de Napoléon III, le prince de Rohan, la comtesse de Ségur qui devait écrire plus tard tant de charmants récits pour les petits : Les petites Filles modèles, Un bon petit Diable, Les Malheurs de Sophie et Les Mémoires d'un Âne. M. Lainé tenta aussi la culture en grand de la betterave sucrière.

M. Gustave Pittet, l'actuel « châtelain » de Malley, conserve deux précieux manuscrits d'un long procès qui traîna plus de soixante ans entre la Ville et le propriétaire de Malley, M. Lemaire, conseiller et banneret de Lausanne, ce qui n'est pas le moins curieux. Le point litigieux était la propriété de l'eau du Flon pour l'irrigationdes prairies de Vidy et la pâture des troupeaux sur les dites terres. Lemaire perdit son procès en 1781, mais LL.EE. annulèrent le jugement qui ne fut jamais repris. La Révolution vint et l'affaire fut classée.

Force nous est de quitter le château et ses charmants souvenirs pour nous replonger dans notre XXe siècle utilitaire à l'excès. L'usine à gaz de la Ville de Lausanne fut la première industrie importante de Malley. Les terrains, sis sur Renens, furent acquis en 1901, les crédits de construction votés le 30 juillet 1907 et les travaux commencèrent en mars 1908.

L'usine fut mise en service le 9 janvier 1911. Elle alimente aujourd'hui plus de cinquante localités entre Lutry et Nyon. Le grand gazomètre construit en 1933-1934 est un mastodonte de 60.50 m de hauteur avec 33.50 m de diamètre. Il peut contenir 40 millions de litres de gaz et sa construction a nécessité 600 tonnes de matériaux dont 280'000 rivets !

Les Abattoirs lausannois sont plus récents et ont été édifiés sur les terrains acquis en 1901. Les crédits pour la construction ont été votés le 28 octobre 1941, les travaux commencèrent de suite mais furent retardés par la guerre et le manque de certains matériaux. Les bâtiments qui couvrent une superficie de 30'000 m2 ont été inaugurés le 1er juillet 1945.

Depuis le siècle passé, Malley a une fabrique de coffres-forts, puis vinrent une carrosserie, des marbreries, les ateliers de constructions mécaniques Zwahlen et Mayr, etc.

Depuis 1940, de nouvelles industries se sont installées le long de la route Lausanne-Renens, agrandissant ainsi le quartier de Malley vers le nord ; l'usine Bobst & fils est de toutes la plus importante. Enfin, en dessous du pont du Galicien, plus récemment encore, la fabrique de pierres fines Golay-Buchel, la carrosserie Eggli (née aux Mousquines en 1874), la boucherie-charcuterie Bell occupent un nombreux personnel.

La proximité de la future gare aux marchandises C.F.F. de Sébeillon donnera encore aux terrains voisins inoccupés une grande valeur. Malley est appelé à devenir un centre industriel et commercial de première importance.

Rappelons aussi que le magnifique pont dit du Galicien (où es-tu pauvre petit Galicien ?) enjambe la grand'route et le vallon depuis 1922 (travaux commencés le 18 avril 1921) ; sa longueur est de 156.80 sur 5.30 m de largeur seulement (son gros défaut qui empêche la pose d'une seconde voie) avec une hauteur maximale de 19.80 m.

Dernièrement le nom de Malley a bondi par deux fois dans toute la presse de notre pays. Le cambriolage audacieux du bureau de poste en plein jour a fait parler de lui, mais pas autant que les joueurs du club de football Étoile-Malley dont les exploits dans la Coupe suisse resteront mémorables.

Du château de Malley paisible et qui semble défier le XXe siècle au quartier populeux et industriel, il y a un abîme et pourtant cet abîme est vite franchi. C'est ce que nous venons de faire pour vous...

Discours anonyme des années 1950 (Archives de la Ville de Lausanne, fonds Géo Würger)

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