"Croire et créer", les mots d'ordre de l'Exposition nationale de 1964

14 mars 2013
Claude Zurcher
Claude Zurcher

Le 30 avril 1964, Lausanne accueille l'Exposition nationale suisse, à Vidy, sur les bords du Lac. Une manifestation qui s'inscrit dans le prolongement de l'Expo de 1914 à Berne, et de la Ländi à Zurich, à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, bien que l'édition de 1964 cherche à se démarquer de ces références.

Quatre noms sont attachés à l'Expo64: Gabriel Desplands, Paul Ruckstuhl, Edmond Henry et l'architecte Alberto Camenzind. Ils ont su mobiliser pour faire de ce projet une manifestation d'envergure nationale, largement suivie par le public.

Durant quatre mois, Lausanne accueillera près de douze millions de visiteurs. Au début de la manifestation, la fréquentation ne répond pas aux attentes, particulièrement auprès des Alémaniques, mais l'idée de créer des journées cantonales - qui s'ouvrent par un cortège à travers Lausanne - font rapidement de Vidy un lieu qui attire.

Les bords du lac ont été métamorphosés pour l'occasion et Lausanne s'est doté d'une gare provisoire de Sébeillon. Le public atteint les méandres de la Vallée de la jeunesse, puis la Voie suisse, près de laquelle les attend la "Machine à Tinguely", Eurêka.

Les thèmes présentés dans les pavillons refletent l'état d'esprit du pays, encore accentués par la devise de la manifestation: Croire et créer: La Suisse au travail, l'agriculture, l'homme et la machine, Recherche formation éducation, Du travail aux loisirs, Libres et vigilants, La Suisse s'interroge.

La Suisse veut voir dans ce miroir le reflet d'un pays uni, sûr de ses valeurs et des élites qui ont permis cette manifestation d'envergure. Au point que la publication des avis des visiteurs au questionnaire de Gulliver, un sondage sur le sentiment d'être Suisse, sera censurée par le Conseil fédéral jugeant moins patriotes que convenu les réponses obtenues.

La manifestation aura été confrontée à deux événements contestataires. Le 8 septembre, lors de la Journée bernoise, le Conseil d'Etat vaudois et la commune de Lausanne décrètent qu'aucune manifestation de séparatistes jurassiens ne sera tolérée. Le Rassemblement jurassien projetait en effet l'organisation d'une journée jurassienne parallèle. Et le 19 octobre, devant un parterre de journalistes masculins, le Comité d'action des électrices romandes dénonce les lacunes de la manifestation sur la véritable place de la femme dans la société.

Les dépenses pour l'Exposition, soit 200 millions, s'avèrent supérieures de 11% aux prévisions du budget. En septembre, le Conseil fédéral demande aux Chambres d'approuver une dernière avance de 10 millions pour combler le déficit. L'aide fédérale se montera à 50 millions, et les comptes boucleront avec un déficit de 45 millions de francs.

Lors de la cérémonie de clôture, le conseiller fédéral Hans Schaffner déclare que l'Expo a prouvé, dans le climat de haute conjoncture des années 1960, "que le libéralisme chez nous n'est pas incompatible avec l'effort collectif, que l'économie privée est capable de l'organiser et d'y participer sans contraintes de l'Etat".

Source: Chronique et images, 1964, Editions Eiselé

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  • Martine Desarzens

    De temps en temps je prends le temps de découvrir des documents de NH; je suis ravie de la déconcerte de cet l'article sur l'Expo qui propose un regard historique. Merci

Claude Zurcher
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14 mars 2013
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