Chez nous, Saint Nicolas vient en personne à la maison, accompagné du Père Fouettard.

Le 6 décembre, avant la tombée de la nuit, je prends le balai et je range la chambre du milieu. Ils voient tout, du ciel, Saint Nicolas et le Père Fouettard. Ils verront que j'ai fait du nettoyage en leur honneur et ils me féliciteront.

Le moment approche. Regroupés dans la chambre, nous attendons tous l'arrivée de Saint-Nicolas...

Une clochette tinte, c'est lui. Qu'il est beau ! Il a une voix douce et des yeux bleu tendre. Avec sa voix frêle, il est fatigué bien sûr, il dit des choses gentilles à tout le monde. Le Père Fouettard, lui, n'est pas content du comportement de mon grand frère Jean. Il lui reproche de toujours bricoler et de toujours avoir les mains sales. Il tente d'attraper mon frère pour l'emporter dans le gros sac de jute qu'il a sur son dos. Jean grimpe en hurlant sur les meubles pour lui échapper. Je supplie le Père Fouettard d'épargner mon frère. Maman s'en mêle et négocie avec l'homme noir qui finit par céder. A ce moment, j'aperçois les chaussures du Père Fouettard… Ce sont celles de Papa, celles que je cire tous les soirs. Le Père Fouettard, c'est Papa ! Et là, les pantoufles de Saint-Nicolas, ce sont les pantoufles de ma soeur aînée, Gabrielle !

Tout finit dans le soulagement et la joie avec la distribution d'un cornet de friandises pour chacun, contenant des cacahuètes, deux mandarines, des pains d'anis, un biscôme avec l'effigie de Saint-Nicolas et une souris en chocolat.

Enfants du Rhône

(extrait)

Monique Ekelof-Gapany