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Paul Dukas, Variations, interlude et finale sur un thème de Rameau, Hélène BOSCHI, 1954

1 janvier 1954
Disques Le Chant du Monde
René Gagnaux

Paul DUKAS, Variations, interlude et finale sur un thème de Rameau, Hélène BOSCHI, env. 1954, Chant du Monde LDY 8117
Ci-dessous entre {} les temps cumulés de la fin de chaque partie, notation minute:seconde:centième de seconde:

Thème. Menuet {00:39:87}
Variation I. Tendrement
{01:20:02}
Variation II. Assez vif et rythmé
{01:57:74}
Variation III. Sans hâte, délicatement
{03:13:97}
Variation IV. Un peu animé, avec légèreté
{03:44:51}
Variation V. Lent
{05:17:34}
Variation VI. Modéré
{06:16:66}
Variation VII. Assez vif
{06:41:51}
Variation VIII. Très modéré
{07:26:75}
Variation IX. Animé
{07:53:37}
Variation X. Sans lenteur, bien marqué
{08:44:74}
Variation XI. Sombre, assez lent
{11:17:74}
Interlude
{13:01:84}
Finale. Variation XII. Modérément animé
{16:55:40} Paul Dukas était un passioné de l'oeuvre de Jean-Philippe Rameau, qu'il commenta et contribua à faire revivre. Pour ses «Variations, interlude et finale sur un thème de Rameau» il choisit comme point de départ l'avant-dernière pièce de la Suite en ré du deuxième Livre de Pièces de clavecin: un court menuet, surnommé «Le Lardon» par les contemporains de Rameau (apparamment à cause de la position des mains faisant penser au lardonnage d'une pièce de viande).
"[...] Onze variations commentent diversement le thème - puis après un épisode largement développé où s'esquissent les éléments principaux de la douzième variation, celle-ci, formant le Finale, l'expose en un style sain et plein d'allégresse, pour aboutir, comme une sorte d'apothéose, au thème de Rameau que l'on dirait ici agrandi au module du monument dont il vient de fournir le sujet décoratif [...]" Vincent D'Indy, Cours de composition musicale, cité d'après ce livret de CD de Mirare.

L'oeuvre, dédicacée à l'éditeur Jacques Durand, fut donnée en première audition à la Société Nationale de Musique le 23 mars 1903, par le pianiste Édouard Risler.

Comme courte présentation de l'oeuvre, un extrait du texte de Georges Leon publié au verso de la pochette du disque «Chant du Monde LDY 8117»:

"[...] Paul Dukas [...] prend l'idée de ses Variations chez Jean-Philippe Rameau qu'il connaissait bien et admirait beaucoup, dont il avait dit qu'il était «... Homme d'un génie admirable et tout français», et qu'il tenait à honorer. Par ailleurs, il s'agissait de tirer d'une simple phrase musicale «tout ce qu'un thème contient de substance musicale et de sentiments».

Le thème des Variations est un court Menuet en ré majeur du Deuxième livre de Pièces de clavecin [...]. Autour de cette pièce de seize mesures seulement, l'oeuvre comprend onze variations, un interlude et un finale, puisés chacun dans un fragment du thème initial transformé, élargi, anobli jusqu'à composer un magnifique hommage, un véritable «Tombeau» à la mémoire de Rameau.

Le thème exposé est immédiatement suivi d'une première variation dans le ton original de ré majeur, d'une tendre poésie qui contraste fort avec la suivante qui se déroule sur un rythme martial à deux temps et dans le ton relatif mineur.

De la troisième à la onzième variations, le musicien conserve la tonalité de Rameau, ce ré majeur affirmatif. Mais, à chacune d'elles, il apporte un contenu émotif nouveau. Particulièrement significative nous semble, à cet égard, la cinquième variation toute nimbée de mystère ou bien la neuvième, vif et spirituel morceau rythmé à 9/8 «débordant de joie de vivre et de certitude». Tous les états d'une pensée créatrice passent ici de l'éclat du romantique à la gravité d'un hommage funèbre et à l'hymne de gloire du disciple à son maître spirituel. La douleur et la joie, le respect et l'admiration transparaissent à chaque mesure sans alourdir, pour cela, le déroulement de la musique ni le développement de la pensée qui apparaît, rayonnante, dans un Finale glorieux, douzième et dernière variation à la mesure du Tombeau que, de toute sa volonté, Dukas avait entrepris d'édifier avec cette oeuvre.

[...] les Variations sur un thème de Rameau furent accueillies avec enthousiasme par les meilleures musiciens français. Elles montraient que rien de la construction musicale n'était étranger à Paul Dukas. Elles montraient aussi, et cela est encore plus clair au regard des autres ouvrages de l'auteur, que celui-ci, maître absolu de la forme et de la technique, avait dû leur ajouter la splendeur d'un lyrisme de grande pureté et la profondeurs des grandes émotions.

«Pour leur style musical et pour leur sens intimes, Rameau eût aimé ces Variations», écrivait Pierre Lalo, au lendemain de la création de l'ouvrage. C'est pour leur stale et pour leur probité que nous les aimons encore, ayant senti, en elles, la valeur d'un hommage que le Tombeau dédié à Rameau par Debussy, n'allait point amondrir. [...]"

Quelques précisions sur les différentes variations, citées d'un texte de François-René Tranchefort, Guide de la musique de piano et de clavecin, Librairie Arthème Fayard, 1987, ISBN 978-2-213-64112-6, pages 464-468:

"[...] Les six premières variations sont des variations essentiellement mélodiques, les quatre suivantes sont plus axées sur des procédés rythmiques, - alors que la onzième variation, sombre et lente, sert de transition entre les dix premières et l'Interlude. Chacune est issue d'un fragment plus ou moins modifié du thème du Lardon, traité avec une diversité d'idées tout à fait extraordinaire.

VAR. I («tendrement», en ré majeur, à 3/4): c'est un dialogue souple et expressif à quatre voix.

VAR. II («assez vif et rythmé», en si mineur, à 2/4): le rythme unique et fortement accentué qui domine cette variation au relatif mineur contraste nettement avec le tendre caractère de la pièce précédente.

VAR. III («sans hâte délicatement», en ré majeur, à 6/16): dans cette variation expressive à quatre parties, le thème, présenté d'abord à la basse, est soutenu par trois voix chantantes et balancées.

VAR. IV («un peu animé, avec légèreté», en ré majeur, à 4/4): la ligne mélodique d'un thème souple, dont les mains s'emparent à tour de rôle, s'affirme d'abord sur un léger accompagnement de triolets de croches qui vont et viennent.

VAR. V («lent», en ré majeur, à 3/4): courte variation à quatre voix dont le thème, selon Georges Favre [Georges Favre, Paul Dukas, Paris, La Colombe, 1948], paraît «se diluer dans une brume sonore assez mystérieuse».

VAR. VI («modéré», en ré majeur, à 3/4): dernière variation mélodique de la série, - c'est une variation chantante dont les cellules mélodiques se poursuivent d'une partie à l'autre. Le thème de Rameau est discrètement évoqué par quelques fragments de tierces.

VAR. VII («assez vif», en ré majeur, à 4/4): épisode alerte sur un accompagnement de doubles croches légères et virtuoses. Alfred Cortot [La Musique française de piano, Paris, Presses Universitaires de France, 1948]remarque que le thème générateur semble avoir disparu ; mais il est «pourtant présent sous chaque note, organisateur dissimulé et volontaire de l'agencement sonore sous lequel il se dérobe».

VAR. VIII («très modéré», en ré majeur, à 4/4): de caractère improvisé, elle repose essentiellement sur un dessin rythmique et volubile de triples croches arpégées.

VAR. IX («animé», en ré majeur, à 9/8): dans cette spirituelle variation rythmique, le thème est reconnaissable à la main gauche.

VAR. X («sans lenteur», en ré majeur, à 3/4): variation au rythme appuyé, plein de fièvre.

VAR. XI («sombre, assez lent», en ré mineur, à 3/4): elle s'enchaîne directement à la précédente, - et cet enchaînement crée un climat de gravité inattendu. Le motif qui se dégage des sombres triolets accentue l'atmosphère d'inquiétant mystère.

INTERLUDE (en ré mineur, à 6/4): «La noire un peu plus lente», a indiqué Dukas. Il est conçu comme une improvisation. Ses roulades de gammes de triples croches, ses grands accords, ses traits d'arpèges et de tierces, son chromatisme et ses modulations de plus en plus précises conduisent au Finale, qui rayonne sur la tonalité de ré majeur.

FINALE, VAR. XII («modérément animé», en ré majeur, à 3/2): à la fois finale et ultime variation, ce long mouvement est plein d'allégresse. Deux thèmes s'y croisent: le premier, avec son rythme étrangement syncopé, provient du thème du Lardon, le second n'est autre que celui de Rameau amplifié et exposé dans diverses tonalités. Les deux sujets s'unissent dans la péroraison de l'oeuvre, qui se conclut en apothéose.[...]"

LDY 8117 Verso Extrait 01
Hélène Boschi enregistre cette oeuvre pour le label Chant du Monde, l'enregistrement paraît sur le disque 25 cm LDY 8117, entre janvier 1953 et décembre 1955, la parution étant mentionnée dans le 3e supplément du WERM, en page 147. Elle est également mentionnée en page 517 du cahier mai 1955 de la revue «The Gramophone», rubrique «Letter from France».
À cette époque seul deux autres enregistrements de cette oeuvre avaient été faits pour le disque: en 78 tours par Yvonne LEFÉBURE (WERM 1951, page 169), selon CHARM/GRAY enregistré le 8 novembre 1935, et bien plus tard par Louise THYRION (3e suppl. WERM, page 147), selon CHARM/GRAY enregistré le 8 juin 1953. Je n'ai pas encore pu trouver de date d'enregistrement pour le disque d'Hélène BOSCHI. Une réédition est parue sur CD en 1998 chez Ermitage (FRERM 69665-2), mais sans aucunes précisions.

Les variations s'enchaînant plus ou moins entièrement (des très courtes pauses seulement à la fin des variations III, V, et XI, changement de face à la fin de la variation X), j'ai préféré laisser le tout dans un seul fichier, en indiquant ci-dessous - entre {} - les temps cumulés à la fin de chaque variation: ceci permet à l'écoute de mieux se situer dans l'oeuvre.

<a href=""></a>

L'enregistrement que vous écoutez:

Paul Dukas, Variations, interlude et finale sur un thème de Rameau, Hélène Boschi, env. 1954, Chant du Monde LDY 8117

Thème. Menuet {00:39:87}
Variation I. Tendrement
{01:20:02}
Variation II. Assez vif et rythmé
{01:57:74}
Variation III. Sans hâte, délicatement
{03:13:97}
Variation IV. Un peu animé, avec légèreté
{03:44:51}
Variation V. Lent
{05:17:34}
Variation VI. Modéré
{06:16:66}
Variation VII. Assez vif
{06:41:51}
Variation VIII. Très modéré
{07:26:75}
Variation IX. Animé
{07:53:37}
Variation X. Sans lenteur, bien marqué
{08:44:74}
Variation XI. Sombre, assez lent
{11:17:74}
Interlude
{13:01:84}
Finale. Variation XII. Modérément animé
**{16:55:40}

Chant du Monde LDY 8117** -> WAV -> léger à moyen DeClick avec ClickRepair (l'excellent logiciel de Brian Davies), des réparations manuelles -> MP3 320 kbps, restauration effectuée par moi-même: l'enregistrement est donc de ce fait libre de droits d'autres personnes ou sociétés, le disque étant paru pour la première fois il y a plus de 50 ans (droit voisin), et le compositeur et autres ayants droits décédés il y a plus de 70 ans (droit d'auteur).

Pour les mélomanes désirant avoir cet enregistrement sur leur ordinateur, vous pouvez télécharger ce fichier en format FLAC - donc comprimé sans pertes - sur cette page de mon site.

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  • Martine Desarzens

    Cher René bonjour, Quel régal et découverte de des variations de Paul Dukas....Merveilleux ! Comme le son est bon, une fois de plus je suis émerveillée de cette qualité alors que je lis 1954 ! Et Hélène Boschi, immense pianiste, quelle sensibilité, quelle force.

René Gagnaux
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6 octobre 2015
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