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Albert Chavaz et Victor Desarzens une amitié

24 septembre 2014
Lausanne
Martine Desarzens
Martine Desarzens

Albert Chavaz dans son atelier à Savièse Valais

Photo; Albert Chavaz dans son atelier à Savièse, Valais. 1960

Enfants nous aimions ces visites chez Albert Chavaz avec nos parents. Lorsque nous allions pour la Fête Dieu, nous partions tôt le matin pour ne pas manquer le début de la messe. cette messe était un grand "spectacle"; des cavaliers portant de très beaux costumes entraient sur leur magnifiques chevaux, les femmes portaient de si beaux costumes de Savièse, le choeur d'hommes accompagnait la messe, c'était encore le temps où le curé disait la messe en latin et nous tournait le dos, la musique était grandiose, et l'odeur de l'encens nous faisait tourner la tête...Après la messe, le curé venait manger la raclette chez Albert et Julie Chavaz; Julie Chavaz était une femme que nous aimions ainsi que leurs enfants.

Victor Desarzens et sa famille à Savièse Chez Albert Chavaz

Photo prise chez Chavaz par ma mère Louise Desarzens appelée Louky. De gauche à droite; Jean-Marie, Lise une amie, Marie-Christine, Isabelle et Martine derrière qui tiens la racine en forme de cor des alpes.... Victor Desarzens.

Photo faite par Louky Desarzens; juste avant le départ pour passer le col du Sanetsch, à cette époque il n'y avait pas de route pour le col du Sanetsch dans les alpes bernoises, puis redescendre jusqu'à Savièse en Valais chez Albert Chavaz.

Pause chez l'oncle Sumi à Feutersoey 1953

René Creux, René Creux voir ;http://www.notrehistoire.ch/photo/view/40417/, ami de mes parents et de la famille Chavaz nous accompagnait souvent. Voir aussi, amitié avec René Creux, Le Déserteur :http://www.notrehistoire.ch/photo/view/40417/

Notre mère Louky Desarzens est décédée le 3 décembre 1983. Albert Chavaz à témoigné son amitié à notre père avec ce beau courrier.

Je ne suis pas certaine que la lecture soit aisée. C'est la raison pour laquelle je vous transcris cette lettre ci-dessous.

...Savièse le 16-3-84
Mon cher Victor,
René m'a fait part de ton terrible chagrin, le départ de ta chère femme. J'imagine, quelle épreuve. Je suis bien placé pour en parler.
Elle était superbe et son accueil, sa gentillesse, générosité me rappelle ma Julie, comme elles allaient bien ensembles. Quelle chance pour nous. Merci mon Dieu. Je pense à toi, j'imagine ton désespoir. On ne sait pas trop quoi dire, les mots sont minables. Je prierai pour vous deux et je t'embrasse très fort, mon cher ami que j'aime. Vos visites étaient toujours merveilleuses et quelle paix, quel calme émergeait de sa personne. Adieu encore. Je ne sais plus quoi dire. Mais on se comprend. J'espère te voir une fois, pour te redire mon admiration et mon respect dans ce moment terrible. Adieu encore Albert Chavaz.....

Lettre d'Albert Chavaz à Victor Desarzens au décès de notre mère

Le chagrin de notre père était si immense à la mort de notre mère Louky Desarzens en décembre 1983, qu'Albert Chavaz a peint un portait de notre mère pour notre père. Il a peint à partir d'une photo choisie par Victor.

Louky Desarzens, notre mère dans notre jardin à Aran

Portrait de notre mère peint par Albert Chavaz

Cette huile appartient à la hoirie Victor Desarzens, mais elle est également répertoriée dans le fond des enfants Chavaz, afin de suivre le parcours de l'oeuvre.

voir : http://www.notrehistoire.ch/group/albert-chavaz-peintre-valaisan-saviese/

film Albert Chavaz également :http://www.notrehistoire.ch/group/victor-desarzens/video/1032/

Albert Chavaz naît le 6 décembre 1907 à Genève.

Le jeune Albert se trouve être le frère aîné de neuf sœurs.

De 1927 à 1932, il fréquente assidûment l'Ecole des beaux-arts de Genève.

Ses principaux maîtres sont Fernand Bovy, Philippe Hainard, Serge Panke, James Vibert, François-Joseph Vernay. Il reçoit la bourse Lissignol-Chevalier. Il se lie d'amitié avec Albert Decarli, Emile Chambon, Emilio Beretta, Paul Monnier et Pierre-Barthélémy Pitteloud.

En 1931 Chavaz reçoit le prix Harvey pour son portrait de Jeanne Delabays, sélectionné pour le Salon national suisse des beaux-arts au Palais des Expositions à Genève, et reproduit dans "L'Art en Suisse".

Il séjourne à Paris en compagnie de S. Burnand et Rappoz.

En 1932, le Groupe romand de la Société de Saint-Luc est créé Chavaz en fait partie.

M. et Mme Raymond Héritier, propriétaires du Café de la Croix Fédérale à Sion, retiennent Chavaz par amitié et par confiance en son talent artistique, lui assurant généreusement pension, logement et argent de poche. Il y reste cinq ans. En signe de reconnaissance, il peint et dessine tous les membres de la famille Héritier.

Sa chaleur humaine, son humour et sa simplicité le font aimer de tous.

Une nouvelle bourse de la Confédération, en 1937, et un prix l'année suivante lui permettent de suivre spaners stages à l'étranger, durant lesquels il fréquente assidûment musées et expositions.

Lors d'une promenade à Savièse, il fait la connaissance de Julie Luyet. En 1940, il l'épouse et s'installe désormais à Granois, village de la commune de Savièse. Six enfants naîtront de cette union. Même si les besoins sont modestes, les temps sont difficiles. Son épouse et ses amis l'encouragent et le soutiennent. « A chaque naissance, disait-il, une commande se présente, comme par miracle. Nous vivons de presque rien, mais nous sommes heureux. «

Dès 1940 et presque jusqu'à la fin de sa vie, Chavaz réalise, dans toute la Suisse, de nombreuses peintures murales, vitraux, mosaïques et céramiques, dans les églises, les chapelles, les banques, les écoles, les institutions et chez les particuliers. Il illustre également plusieurs livres et élabore quelques affiches. Il se familiarise avec toutes les techniques et maîtrise de mieux en mieux son art.

En 1949 L'architecte cantonal Charles Zimmermann, dont il a fait plusieurs portraits, lui construit un atelier sur la route de Granois / Savièse. Chavaz s'y rend à pied chaque jour, s'imposant un horaire de travail régulier et soutenu.

En 1957, disposant enfin de sa première voiture, il va dorénavant, avec son épouse ou un ami, sillonner à maintes reprises les Grisons et le Tessin, qu'il connaît aussi bien que le Valais. Il s'arrête au gré de ses coups de coeur, son carnet, ses crayons et sa boîte d'aquarelle toujours à portée de main.

Chaque été, Chavaz se rend à St-Gingolph avec son épouse et une partie de ses enfants, dans une petite maison à l'intérieur du village, peignant et dessinant, sans jamais se lasser, le lac, le port, les pêcheurs et les bateaux qu'il aime tant.

Plusieurs voyages d'études en France "la Provence, la Bourgogne, la Bretagne, surtout", en Italie "la Toscane, la Sicile, Florence, Naples, Rome et Venise qu'il affectionne particulièrement" , au Pays-Bas, au Maroc, au Portugal, en Angleterre et en Espagne, enrichissent encore ses connaissances et sa peinture.

Ses séjours à Paris sont fréquents ; il éprouve un grand besoin de se ressourcer, encore et toujours, dans les musées, où il étudie et observe avec attention et respect les travaux des anciens maîtres, qui dit-il «me montrent la route.»

De nombreux séjours à l'atelier de St.Prex, chez Pietro Sarto, lui donnent l'occasion de connaître et de maîtriser toujours mieux toutes les techniques de la gravure sur pierre, cuivre et linoléum. Chavaz apprécie beaucoup ces séjours, où les rencontres et les échanges avec d'autres artistes sont denses et enrichissants.

En septembre 1977 décède sa chère épouse Julie. Après tant d'années de vie commune, la douleur de la séparation est immense. Sa famille et de nombreux amis le soutiennent. Chavaz continue heureusement à peindre et à travailler avec courage et ténacité. La peinture me sauve, aime-t-il à répéter.

Sa vie durant, Chavaz inscrit dans ses innombrables carnets des remarques techniques utiles à son travail et de nombreuses analyses sur la peinture de ses maîtres. Il raconte avec enthousiasme ses éblouissements et ses enchantements. Il décrit les couleurs, leur rapport entre elles, les lumières, les volumes et les ambiances.

Le 17 janvier 1990, Chavaz décède à l'hôpital de Sion. Quelques jours avant sa mort, une amie vient lui rendre visite avec un bloc et un crayon. Malgré la maladie et les troubles de la vision, il dessine pour la dernière fois et fait d'elle un portrait fort et émouvant.

Albert Chavaz repose au coté de son épouse Julie à St-Germain, Savièse.

Dans le cadre de l'exposition Albert Chavaz - 100e anniversaire en 2007 à La Fondation Gianadda un court métrage a été présenté. Jean Reusser, pour la réalisation, et Jacques Dominique Rouiller, pour l'image et les interviews, s'appuient sur différentes contributions mettant en scène trois des enfants du peintre, Véronique, Bernard et Denis.

texte inspiré de la biographie Albert Chavaz

Albert Chavaz voir également :http://www.notrehistoire.ch/group/victor-desarzens/video/1032/

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